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URDŪ ou OURDOU LANGUE & LITTÉRATURE

L'urdū est la langue de culture des musulmans de l' Inde depuis deux siècles et demi, et la langue nationale du Pakistan, où il est de plus en plus utilisé à tous les niveaux de l'administration et de l'éducation, en concurrence avec l'anglais, langue officielle de l'État. En Inde, il reste l'une des vingt-deux langues officielles de la république fédérale. Il y est langue d'État au Jammu et au Kashmir, et il compte de nombreux locuteurs en Uttar Pradesh, au Rajasthan, au Bihar, et jusque dans l'Andhra Pradesh, où se trouve l'ancien État princier musulman de Hyderabad.

Histoire de la langue

L'urdū a la même origine indo-aryenne que la plupart des langues parlées entre l'Indus et le golfe du Bengale. Il est fondé sur un dialecte de la région de Delhi appelé khaṛī bolī (la « langue correcte ») qui, comme le panjabi, est un lointain descendant du sanskrit. La particularité de l'urdū tient au fait qu'il se développa dans les armées et les bazars au contact des conquérants musulmans de l' Inde aux xiie et xiiie siècles. Il emprunta ainsi rapidement un important vocabulaire au persan, qui était lui-même chargé de mots arabes et qui fut, jusqu'au xviiie siècle, la langue administrative, religieuse et culturelle des élites musulmanes de l'Inde. Divers témoignages indiquent que, vers la fin du xive siècle, l'urdū était devenu une langue véhiculaire parlée dans la majeure partie de l'Inde septentrionale, avant de s'étendre à tout le sous-continent. Longtemps, toutefois, cet idiome resta sans nom. Les élites persanophones l'appelaient hindvī, la langue des hindous, ou, selon la région où l'avaient fait pénétrer soldats, marchands et prédicateurs, gujrī, « langue du Gujarat », ou dakhinī, « langue du Deccan ». Cette dernière appellation était utilisée à la cour des royaumes indépendants de Bijapur et de Golconde, où l'urdū fut pour la première fois employé comme langue littéraire au xvie siècle. Il ne le fut guère à Delhi avant le xviiie siècle, et l'on parlait alors de rexta « (langue) mêlée ». C'est au xixe siècle seulement que le terme urdū fut tiré du nom persan grandiloquent du cantonnement royal, Urdū-i mu'allä, ou « le camp glorieux ». Urdū est en fait un mot turc qui signifie le « camp de l'armée » ; il est aussi à l'origine du mot français horde. Depuis la colonisation britannique, l'urdū n'a cessé de faire des emprunts à l'anglais. Les Britanniques, quant à eux, ne tardèrent pas à adopter en Inde l'urdū pour divers propos. Ils préférèrent tout d'abord l'appeler hindustānī. Une chaire fut créée pour l'enseignement de cette langue dès 1800 au Fort William College de Calcutta. Mais ce mot, trop évocateur de la période coloniale, n'est plus en usage dans le sous-continent.

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Journal asiatique

Classification

Pour citer cet article

Denis MATRINGE. URDŪ ou OURDOU LANGUE & LITTÉRATURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DARD XWĀJA MĪR (1721-1785)

    • Écrit par Eva de VITRAY-MEYEROVITCH
    • 250 mots

    Poète et musicien, Khwaja Mir, dont le pseudonyme Dard signifie douleur, appartenait à une famille de mystiques. Il passa sa vie dans la retraite sans quitter Delhi, en dépit du sac et des massacres qui s'y produisirent de son temps. Il était un musicien réputé, écrivit d'importants ouvrages sur le...

  • GHĀLIB ASSADULLĀH KHĀN dit (1793 env.-1869)

    • Écrit par Eva de VITRAY-MEYEROVITCH
    • 806 mots

    Poète indien de langue urdū, né à Āgra, mort à Delhi, Assadullāh khān, qui devait choisir le pseudonyme de Ghālib, appartenait à une famille noble ; il descendait du roi Afrāsyāb de Touran. Orphelin très jeune, il perdit en 1857, lors de la révolte des cipayes, son patrimoine familial. En 1852, il...

  • HĀLĪ A. H. (1837-1914)

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 150 mots

    Avec Ghālib et Iqbāl, Hālī est un des trois grands poètes de la littérature indienne en langue ourdoue (nord-ouest de l'Inde). Poursuivant l'œuvre novatrice de Ghālib, qui le premier introduisit des éléments modernes dans la lyrique, il modifia non seulement le contenu mais la forme même du ghazal,...

  • HINDĪ LANGUE & LITTÉRATURE

    • Écrit par Nicole BALBIR, Charlotte VAUDEVILLE
    • 8 335 mots
    ...hindui ou hindustāni, longtemps simple lingua franca, devait plus tard donner naissance non pas à une mais à deux langues littéraires distinctes : l'ourdou (ou urdū), né au Deccan vers la fin du xvie siècle et écrit en caractères persans, et le hindī littéraire, dit aussi « high hindī », écrit...
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Voir aussi