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UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR, film de Elia Kazan

« Je voyais une femme assise sur une chaise, en train d'attendre vainement quelque chose, peut-être l'amour » : cette image fournit à Tennessee Williams le point de départ de l'écriture de sa pièce – il utilisa d'ailleurs comme titre de travail Blanche's Chair on the Moon (« la chaise de Blanche sur la Lune »). Kazan monte la pièce en 1947 à Broadway avec deux des futurs interprètes de la version cinéma, Marlon Brando et Kim Hunter. Quant à Vivien Leigh, elle aussi est d'abord confrontée au texte théâtral, incarnant déjà Blanche lors de la création londonienne (sous la direction de son mari d'alors, Laurence Olivier). Pour l'adaptation hollywoodienne, le scénario d'Untramway nommé Désir (A Streetcar Named Desire) est modifié sous l'influence du Production Code (administration qui délivre un « sceau d'approbation » relatif à la « bienséance »)– c'est ainsi que le héros est finalement puni pour ce qu'il a fait. Quant aux dialogues, ils subissent coupes et réécritures, au sujet par exemple de l'ambiguïté des préférences sexuelles du jeune amant de Blanche. Juste avant sa sortie, le film lui-même se voit amputé de quelques plans, notamment lors du viol de Blanche (plans disponibles, depuis lors, dans les suppléments de certaines versions DVD).

Trio infernal

Stella et Stanley Kowalski vivent dans un quartier populaire de La Nouvelle-Orléans. Ils s'aiment. Stella attend un enfant et ferme les yeux sur les frasques de Stanley. Ouvrier, ancien sergent-chef du génie, celui-ci est en effet porté sur l'alcool et les parties de poker, sinon sur les aventures extra-conjugales. « Quand il part toute la semaine, je deviens folle, et quand il revient je pleure dans ses bras comme un bébé », résume Stella. Arrive Blanche, la sœur de Stella, qui va ruiner, en quelques mois de séjour à la maison, ce fragile équilibre. Mythomane, fantasque, paresseuse, alcoolique, flirtant de manière un peu désespérée avec tous les hommes qui se présentent (à commencer par Stanley), Blanche peine à vivre dans ce qu'elle considère comme « un taudis tout droit sorti d'une nouvelle d'Edgar Poe ». Elle s'y incruste pourtant, et tente de convaincre sa sœur de renoncer à ce cadre de vie minable et à sa brute de mari. Lorsque le bébé arrive, la situation se dégrade brusquement : saoul, exaspéré par ses remarques continuelles, Stanley viole Blanche, et peu après, la fait enfermer dans une institution. Cette fois, Stella ne fermera pas les yeux...

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Laurent JULLIER. UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR, film de Elia Kazan [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BRANDO MARLON (1924-2004)

    • Écrit par Christian VIVIANI
    • 1 646 mots
    • 1 média
    ...hommes (The Men), où Marlon Brando compose le portrait à la fois saisissant et sensible d'un jeune militaire que la guerre a rendu paraplégique. Mais la gloire n'arrive que l'année suivante, avec Un tramway nommé Désir (A Streetcar Named Desire, 1951), porté à l'écran par Elia Kazan,...

Voir aussi