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TRAITÉ DES PRINCIPES DE LA CONNAISSANCE HUMAINE, George Berkeley Fiche de lecture

Changer les idées en choses

S'il « est impossible qu'il existe quelque chose comme un objet extérieur » (paragr. 15) et si cependant nous croyons naïvement qu'une telle réalité existe, il faut montrer la source de cette croyance si partagée et néanmoins fausse. Pour ce faire, Berkeley se livre à une attaque judicieuse contre l'abstraction. Il remet en cause la séparation entre « qualités premières » et « qualités secondes » (distinction reprise à Descartes via Locke) : l'étendue est toujours colorée, la couleur est toujours couleur d'une chose précise. Quant au langage, il va prendre une place de plus en plus importante dans les travaux de Berkeley. Le signe n'est qu'un simple outil dont dispose l'esprit, il ne désigne en rien la chose concrète elle-même, mais rassemble le divers qu'il porte à l'abstraction. Interposer les signes entre nos idées et les choses, c'est être conduit à douter de nos représentations et par là même dans le scepticisme voire l'athéisme (les deux doctrines dont l'auteur veut nous prémunir). Dans les Trois dialogues entre Hylas et Philonoüs qui paraîtront trois ans après le Traité, il écrit : « Je ne vise pas à changer les choses en idées, mais plutôt à changer les idées en choses, puisque je tiens les objets immédiats de la perception [...] pour les choses elles-mêmes dans la réalité de leur être. »

L'œuvre étrange, dense, claire de Berkeley marquera profondément les philosophes de langues anglo-saxonnes qui se reconnaîtront dans ses analyses du langage, ne serait-ce que pour critiquer le platonisme dont elles restent tributaires.

— Francis WYBRANDS

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Pour citer cet article

Francis WYBRANDS. TRAITÉ DES PRINCIPES DE LA CONNAISSANCE HUMAINE, George Berkeley - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

George Berkeley - crédits : AKG-images

George Berkeley

Autres références

  • BERKELEY GEORGE (1685-1753)

    • Écrit par Geneviève BRYKMAN
    • 2 919 mots
    • 1 média
    En 1710, paraît à Dublin la première (et unique) partie du Traité des principes de la connaissance humaine ; l'objectif y était de montrer que la « substance matérielle », dont se réclament les érudits, n'existe pas. Diffusé à Londres, l'ouvrage reçut un accueil glacial ou ironique : Berkeley avait,...

Voir aussi