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TRACE MNÉSIQUE

Modification du tissu nerveux constituant la base neurophysiologique de la conservation du passé dans la mémoire. Le terme de trace mnésique a été employé dès le début du xxe siècle par les psychologues pour désigner ce qui est conservé par la mémoire. Deux points de vue se sont opposés au sujet de l'interprétation de l'évolution de la trace. Dans la perspective la plus ancienne, la trace mnésique s'affaiblit, perd progressivement les caractéristiques distinctives de la figure originale, sauf celles qui ont été accentuées dans la perception ou renforcées dans la reproduction : c'est l'oubli. Pour les théoriciens de la forme (Gestalt) au contraire, la trace, au lieu de s'affaiblir, se stabilise dans le sens d'une « bonne » forme (aisément mémorisable) par assimilation à un objet ou par accentuation d'un détail.

Cette notion, qui était tombée en désuétude depuis la Seconde Guerre mondiale, a été reprise depuis lors par certains psychologues, en raison sans doute des progrès de la neurophysiologie, qui montrent qu'elle n'est plus entièrement hypothétique. La trace est considérée comme étant constituée de différentes composantes qui seraient toutes sujettes à un affaiblissement mais de façon indépendante les unes des autres, ce qui permet d'expliquer les phénomènes d'oubli partiel. Les recherches psychophysiologiques ont donné, en outre, une consistance à la vieille idée de consolidation de la trace, idée selon laquelle la trace est perturbée (et donc disparaît rapidement) si un nouvel événement survient avant le délai nécessaire à sa consolidation. En ce qui concerne la nature de la trace (encore appelée « engramme »), les physiologistes ont formulé des hypothèses faisant intervenir les connexions synaptiques ou des systèmes réverbérants ; les biochimistes invoquent plutôt des modifications spécifiques de la structure de certains constituants cellulaires.

— Jean-François RICHARD

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Pour citer cet article

Jean-François RICHARD. TRACE MNÉSIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • APRÈS-COUP, psychanalyse

    • Écrit par Baldine SAINT GIRONS
    • 378 mots

    Freud a fait de l'après-coup (Nachträglichkeit) le caractère propre de la vie sexuelle. Parmi les souvenirs pénibles, certains seulement sont sujets au refoulement ; certains seulement peuvent susciter un affect que l'incident lui-même n'avait pas provoqué. L'explication de cette action...

  • DÉPLAISIR PRINCIPE DE

    • Écrit par Baldine SAINT GIRONS
    • 1 200 mots

    En cela qu'il entraîne pour le vivant la nécessité de réduire le développement du désagréable à un minimum, le déplaisir fait principe. La production de déplaisir est en effet liée à l'apparition d'une image mnésique, dans laquelle se répète l'expérience organique de la douleur. Mais, alors que...

  • MÉMOIRE AUTOBIOGRAPHIQUE

    • Écrit par Arnaud D' ARGEMBEAU
    • 1 961 mots
    Un souvenir autobiographique n’est pas simplement la réactivation d’une trace mnésique qui serait stockée telle quelle en mémoire. Il s’agit plutôt d’une reconstruction d’un épisode passé sur la base d’une activation transitoire de différents types d’informations autobiographiques, par exemple des...
  • NERVEUX (SYSTÈME) - Agencement des réseaux et circuits neuronaux

    • Écrit par Pierre BUSER
    • 6 314 mots
    • 8 médias
    ...fondamentaux de tous les apprentissages et conditionnements. Elle implique, évidemment, un transfert de signification du signal et, de ce fait, un processus de trace mnémonique. Cela posé, les modalités de conditionnement (dans la méthodologie pavlovienne) et d'apprentissage (dans celle des écoles américaines)...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi