TISSUS VÉGÉTAUX
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Dans les organes des plantes, comme dans ceux des animaux, les cellules sont réparties en populations spécialisées, ou tissus. Il s'agit donc d'un ensemble fonctionnel qui réalise une division du travail physiologique.
Du point de vue évolutif, les tissus végétaux authentiques – c'est-à-dire résultant d'une ontogénie bien définie avec mise en jeu d'un processus de différenciation cellulaire – caractérisent les Plantes vasculaires ou Trachéophytes (plantes à trachées, c'est-à-dire à cellules conductrices pourvues d'ornementations de paroi qui les rendent très reconnaissables au microscope). Ces Trachéophytes comprennent les Ptéridophytes et les Phanérogames ou Plantes à fleurs. Les tissus caractérisent donc des végétaux supérieurs qui ont réalisé la conquête du milieu terrestre. La structuration en organes et en tissus spécialisés a été un facteur décisif dans la réussite de la sortie de l'eau et de l'adaptation au milieu aérien. Ce milieu est difficile, il implique des mécanismes perfectionnés de protection, de soutien, d'échanges et de transferts entre les différentes parties de l'organisme et entre l'organisme et son environnement. Ce sont les différents tissus qui vont assurer ces fonctions.
Dans les groupes moins évolués, si la construction de tissus n'est pas réalisée, on constate, çà et là, des tendances qui vont dans ce sens. Chez les Bryophytes et chez les grandes Algues du littoral, comme les laminaires, il se produit une ébauche de structuration. En particulier, il a pu être vérifié au moyen de traceurs radioactifs ou fluorescents que des cellules sont spécialisées dans la conduction, comme les cellules en trompette des laminaires et les leptoïdes des mousses ; elles ont des formes et une organisation cytologique qui évoquent – préfigurent ? – celles des éléments du phloème des plantes supérieures. De même, les champignons sont capables, par exemple lors de la reproduction, de construire des agglomérations cohérentes de filaments mycéliens appelés plectenchymes ou « faux-tissus », qui interviennent dans la protection et la mise en réserve de glycogène.
Les techniques de l'histologie végétale
Historiquement, les premières observations de tissus de plantes sont très anciennes et remontent au xviie siècle. Elles sont pratiquement contemporaines de la construction des premiers microscopes. Les descriptions de R. Hooke dans sa célèbre Micrographia (1665), de A. Van Leeuwenhoek (1674), de M. Malpighi (1674), de N. Greew (1685) établirent des faits et introduisirent des termes encore utilisés actuellement (cellules, parois, parenchyme, vaisseaux, fibres...). Du point de vue de l'histoire des sciences, il est intéressant de signaler que les préparations originales de Leeuwenhoek ont été retrouvées récemment dans les archives de l'Académie royale de Londres. Parfaitement confectionnées, minces – moins de 20 μm d'épaisseur – et intactes, elles ont pu être, après plus de trois siècles, observées au microscope électronique à balayage ; elles témoignent de l'habileté et de la précision des premiers microscopistes.
Cellules végétales (illustration de 1665)
Parue en 1665 dans Micrographia, cette illustration présente une écorce de chêne-liège vue au microscope par le scientifique Robert Hooke. Ces cellules avaient été en fait interprétées à tort par Hooke comme des sections de canaux où circulait la sève de l'arbre.
Crédits : Bettmann/ Corbis
La méthodologie de l'histologie végétale n'est pas fondamentalement différente de celle de l'histologie animale. La technique de base comporte en général une fixation des échantillons puis un durcissement ou une inclusion dans de la paraffine ou des substances plastiques, des coupes par microtomie puis des colorations soit topographiques lorsqu'on recherche une vue d'ensemble, soit spécifiques lorsqu'on veut caractériser électivement certaines structures.
Les possibilités de mise en évidence par voie chimique, physiques (microsondes à rayons X, microscopie à ultraviolets, etc.), par utilisation de traceurs radioactifs et autoradiographie, par tests enzymatiques spécifiques, etc. ont largement diversifié les moyens d'approche des tissus pour permettre des études non seulement morphologiques mais également fonctionnelles : c'est le but de branches spécialisées de l'histologie que sont l'histochimie et l'histophysiologie.
La différence principale entre tissus animaux et tissus végétaux, qui explique qu'on traite à part l'histologie des plantes, est due au fait que les cellules de ces dernières sont entourées par une paroi (cf. cellule et cormophytes). La paroi confère [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 7 pages
Écrit par :
- Jean-Claude ROLAND : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie Curie
Classification
Autres références
« TISSUS VÉGÉTAUX » est également traité dans :
ADVENTIFS ORGANES
Un organe végétatif est qualifié d'adventif quand, s'ajoutant secondairement à d'autres organes du même type, il est d'une autre origine et occupe une position différente. Par exemple, les racines adventives peuvent apparaître le long de tiges en place : crampons du lierre, racines des rhizomes, etc. De même, les racines fasciculées des Graminées sont des racines adventives car les racines sémin […] Lire la suite
BOIS
Le bois est un tissu végétal – xylème – dont le rôle a toujours été capital dans l'histoire de l'humanité. C'est, dans la plante vivante, un tissu conducteur de sève brute, dont les membranes incrustées de lignine jouent un rôle de soutien. La lignine est, de toutes les substances que crée la vie, la plus répandue sur le globe. Le bois en tant que tissu conducteur ne se rencontre que dans des p […] Lire la suite
CORMUS
Du grec kormos (tige), le cormus caractérise les cormophytes (bryophytes, ptéridophytes et spermaphytes) dont l'appareil végétatif n'est plus un thalle, comme celui des algues et des champignons, car il est constitué de rameaux feuillés plus ou moins typiques. À ce cormus s'ajoutent souvent des racines, sauf chez tous les bryophytes, quelques ptéridophytes et spermaphytes. On connaît des cormophy […] Lire la suite
CROISSANCE, biologie
Dans le chapitre « Mécanismes » : […] Dans les tissus des cormophytes, la croissance d'un organe résulte de la multiplication des cellules ( mérésis) et de l'accroissement de leur taille ( auxésis). Ce dernier processus peut se réaliser soit dans toutes les directions (croissance isodiamétrique des cellules des tubercules), soit dans une direction privilégiée, perpendiculaire (croissance tangentielle des cellules du cambium) ou parall […] Lire la suite
DÉVELOPPEMENT (biologie) - Le développement végétal
Dans le chapitre « Spécialisation cellulaire » : […] À la fin de la période d'accroissement, les cellules sont fortement vacuolisées et leurs plastes sont structurés. Le cytoplasme se restreint à une fine pellicule (souvent moins de 1 micron d'épaisseur) encore riche cependant en ribosomes et polysomes libres ou associés à de grandes nappes de réticulum endoplasmique. Le noyau présente de même de volumineux nucléoles. Souvent à ce stade, les dictyos […] Lire la suite
ÉCORCE, botanique
Pour les botanistes, ce terme désigne, au sens propre, le tissu cortical, parenchymateux, siège des fonctions nutritives de la tige et de la racine. Lorsque ces organes sont jeunes, l'écorce, dite primaire, est en situation « corticale », mais toujours séparée de l'extérieur par une couche protectrice, de structure différente (épiderme de la tige, assise périphérique de la racine). Le revêtement […] Lire la suite
EMBRYOLOGIE VÉGÉTALE
Les techniques de l'embryologie végétale restent celles de l' histologie tant qu'il s'agit d'analyser les structures embryonnaires : fixations à divers stades, inclusions, coupes sériées au microtome, étalage sur lame et colorations permettent de reconstituer, dans leurs cadres archégoniaux ou/et ovulaires, les mises en place des premières cellules et des premiers organes. La présence de parois c […] Lire la suite
ENDOSPERME
Chez les plantes à fleurs, l'ovule est constitué par des tissus diploïdes (2 n chromosomes), différenciés par la plante mère (le sporophyte) afin de réaliser la macrosporogenèse qui engendrera, après réduction chromatique, une macrospore. Incluse dans l'ovule, elle y engendre un tissu haploïde ( n chromosomes) appelé endosperme . Il représente le gamétophyte femelle, destiné à produire la (o […] Lire la suite
HISTOLOGIE
Dans le chapitre « Activité proliférante du méristème caulinaire en relation avec l'initiation des feuilles » : […] Chez les plantes, la croissance et la formation de nouveaux organes (feuilles, tige, racine) sont assurées par des territoires cellulaires proliférants (méristèmes) situés aux extrémités des axes. En ce qui concerne le méristème caulinaire qui occupe l'extrémité des tiges, une organisation fonctionnelle en zones latérales initiatrices de feuilles, zone médullaire initiatrice de moelle et zone axi […] Lire la suite
LIÈGE, botanique
En anatomie végétale, tissu composé de cellules aux parois subérifiées, c'est-à-dire recouvertes de subérine, substance composée d'un mélange de corps gras, insoluble et imperméable. On trouve du liège à la surface des racines (assise subéreuse, au-dessus de l'assise pilifère pour les radicelles), dans les lenticelles des tiges vertes, et sous forme de la couche de suber ou liège secondaire dans […] Lire la suite
Voir aussi
- HISTOIRE DE LA BIOLOGIE
- CAMBIUMS ou ASSISES GÉNÉRATRICES ou MÉRISTÈMES SECONDAIRES
- CELLULOSE
- CERNE botanique
- CHLORENCHYME
- COLLENCHYME
- COLLOBLASTE
- CUTICULE
- CYTOLOGIE VÉGÉTALE
- DIFFÉRENCIATION CELLULAIRE ou CYTODIFFÉRENCIATION
- ÉCHANGES GAZEUX physiologie
- ÉPIDERME botanique
- HISTOCHIMIE
- HISTOGENÈSE
- HISTOLOGIE VÉGÉTALE
- LIGNINE
- OSTIOLE
- PARENCHYME VÉGÉTAL
- PAROI CELLULAIRE
- PHLOÈME ou LIBER
Pour citer l’article
Jean-Claude ROLAND, « TISSUS VÉGÉTAUX », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 18 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/tissus-vegetaux/