Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

THULÉEN

Le Thuléen (Thule Culture) fut défini par l'archéologue danois Therkel Mathiassen à la suite de la Ve expédition de Thulé (1921-1924) au cours de laquelle il cherchait l'origine des Esquimaux. Le site éponyme est le poste de traite de Thulé (nommé en souvenir de la mythique Thulé des anciens Grecs, de l'Ultima Thule de Virgile, mais qui reste Umanak pour les Inuit), dans le nord-ouest du Groenland, poste à partir duquel avait été organisée l'expédition et où des sites préhistoriques étaient déjà connus.

Les fouilles que Mathiassen effectua à Naujan, sur la côte ouest de la baie d'Hudson, lui révélèrent les témoins matériels d'une société de chasseurs de baleine, vivant dans des maisons d'hiver permanentes et utilisant des armes et des outils différents de ceux des Inuit locaux. Ces derniers, qui vivaient de préférence sous la tente ou dans des iglous de neige, lui parurent par rapport à l'ensemble de la culture esquimaude à un stade de développement moins avancé. En raison des ressemblances entre les vestiges archéologiques de Naujan et ceux du site de Commer, près de Thulé, Mathiassen estima qu'ils appartenaient à une même culture ancienne des Esquimaux du Canada, la Culture de Thulé. Ces Esquimaux, qui, pensait-il, avaient migré le long des côtes jusqu'au Groenland, représentaient le stade Néoesquimau (Neoeskimo), postulé par les théories de l'époque. Par contre, les Esquimaux du Cuivre et ceux du Caribou, étudiés par les ethnologues de l'expédition, vivaient en grande partie des ressources intérieures (caribou et pêche). Ils représentaient donc un stade plus primitif, nommé Paléoesquimau (Palaeeskimo). Les recherches ultérieures devaient cependant montrer que ces Esquimaux de l'intérieur avaient au contraire abandonné récemment les côtes de l'Arctique et la chasse aux mammifères marins pour s'adapter aux ressources continentales. Mathiassen supposa que le Thuléen était la culture ancestrale des Esquimaux dont il fallait rechercher l'origine, mille ans plus tôt, au nord du détroit de Béring, en Sibérie ou en Alaska. Puis, Jenness, Giddings et Collins, en particulier, découvrirent des formations archéologiques plus anciennes qui font désormais remonter l'origine de l'Esquimau (en tant que mode de vie adapté aux régions côtières de l'Arctique) à plus de 5 000 ans.

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

Aujourd'hui, il est établi que le Thuléen est bien apparu il y a environ mille ans en Alaska, mais aussi qu'il est la plus récente d'une série de cultures préhistoriques béringiennes (Vieux Béringien, Okvikien, Birnirkien, Punukien) s'enchevêtrant dans le temps et dans l'espace de part et d'autre du détroit de Béring à partir de 2500 B.P. Elles témoignent de l'adaptation technique et culturelle de divers groupes de chasseurs mongoloïdes de l'Arctique à l'exploitation de mammifères marins de plus en plus gros (phoques, lions de mer, morses, grandes baleines), qui fournissent en abondance nourriture et matières premières : peaux pour les vêtements, les habitations et les embarcations, os pour les charpentes, ivoire pour l'outillage. En Alaska et en Tchoukotka, les styles de l'art préhistorique béringien, art étrange et raffiné, permettent de différencier ces cultures, imprégnées d'influences asiatiques lointaines. Celles-ci sont souvent considérées comme les premières manifestations du Néoesquimau et reliées au Néolithique sibérien, ne serait-ce que par l'utilisation de la poterie et de la pierre polie.

1000 à 1100. Seldjoukides - crédits : Encyclopædia Universalis France

1000 à 1100. Seldjoukides

Il y a un peu plus de mille ans, le réchauffement du climat dans l'hémisphère Nord, en réduisant la banquise au profit de l'eau libre, changea les conditions de chasse à la grande baleine. Des chasseurs suivirent les grands cétacés vers l'ouest. Les Thuléens se retrouvèrent très rapidement jusqu'au[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur d'État de l'université de Paris-I-Sorbonne, archéologue, professeur honoraire au département des sciences de la Terre et de l'atmosphère, université du Québec à Montréal

Classification

Pour citer cet article

Patrick PLUMET. THULÉEN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

1000 à 1100. Seldjoukides - crédits : Encyclopædia Universalis France

1000 à 1100. Seldjoukides

Autres références

  • ESQUIMAUX ou ESKIMO

    • Écrit par Joëlle ROBERT-LAMBLIN
    • 5 006 mots
    • 9 médias
    ...relier entre elles. Les actuels Aléoutes et les Yuit, locuteurs de la langue yupik, seraient les descendants des Paléoeskimo, tandis que les Inuit, parlant l'inupiaq, seraient issus de la vague néoeskimo, porteuse de la culturethuléenne, qui s'est propagée d'ouest en est il y a à peine 1 000 ans.
  • PRÉCOLOMBIENS - Amérique du Nord et Arctique

    • Écrit par Patrick PLUMET
    • 8 902 mots
    • 4 médias
    Il y a environ mille ans, le Thuléen, issu en Alaska du Birnirkien et du Punukien, marque l'apogée des sociétés baleinières, qui se maintiendront presque jusqu'à l'époque contemporaine autour du détroit de Béring. Peu après son apparition, le Thuléen va s'étendre vers l'est, avec la même rapidité que...

Voir aussi