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JAUGE THÉORIES DE

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Les théories de jauge non abéliennes et les bosons de jauge

En 1954,  Chen-Ning Yang (né en 1922) et Robert Mills (1927-1999), du laboratoire de Brookhaven, près de New York, cherchent à décrire l’interaction nucléaire forte qui lie protons et neutrons dans les noyaux, en utilisant la notion de symétrie d’isospin qui relie les protons et les neutrons. La symétrie d’isospin suggérée par les résultats d’expériences de physique nucléaire avait amené les physiciens à considérer protons et neutrons comme deux états d’une seule entité physique – le nucléon – et, par conséquent, à considérer comme fonctions d’onde des vecteurs à deux composantes (p,n) dont chacune des composantes décrit le nucléon soit comme un proton soit comme un neutron. Cette notion est comme une copie de la description des deux états de spin (le moment angulaire intrinsèque) de l’électron, description que les physiciens mathématiciens relient au groupe de symétrie SU(2), un groupe abstrait dont une représentation fait appel à des vecteurs à deux composantes. La représentation mathématique des transformations de jauge fait alors appel à des matrices à deux lignes et deux colonnes, notées T1 etT2, le facteur de jauge s’écrivant comme exp(iα(r)T). On sait qu’en règle générale le produit de deux matrices n’est pas commutatif – non commutatif ou « non abélien » (en référence au mathématicien norvégien Niels Abel), c’est-à-dire que le produit T1T2 est différent du produit T2T1. Yang et Mills parviennent à écrire une théorie mathématiquement cohérente des protons et neutrons en interaction, en imposant une invariance de jauge locale fondée sur le groupe SU(2). Les champs de jauge associés – qui jouent le rôle du photon pour le groupe de symétrie U(1) – seraient trois particules porteuses d’une interaction élémentaire, trois bosons de charges électriques respectives 1, 0 et –1 et de masses nulles. Comme on savait depuis longtemps que de telles particules n’existent pas, cette théorie mathématique et la prédiction de l’existence de ces bosons ne semblaient pas physiquement intéressantes, du moins à l’époque où Yang et Mills la proposent.

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

Classification

Pour citer cet article

Bernard PIRE. JAUGE THÉORIES DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 12/04/2024

Autres références

  • CHAMPS THÉORIE DES

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    • 1 média
    Les théories de jauge reposent sur le théorème démontré en 1918 par la mathématicienne allemande Emmy Noether (1882-1935), reliant l'existence d'une quantité conservée à l'invariance de la théorie par rapport à une transformation continue. En 1919, Hermann Weyl (1885-1955) reconnaissait...
  • CHROMODYNAMIQUE QUANTIQUE

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    Les théories de jauge reposent sur le théorème démontré en 1918 par la mathématicienne allemande Emmy Noether (1882-1935) : si une théorie physique est invariante dans une transformation continue, il existe alors une quantité conservée au long de la transformation. L’exemple le plus connu est...
  • INTERACTIONS (physique) - Électromagnétisme

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    ...l'espace « neutrino » ou « électron » est arbitraire et que la mesure d'un effet d'interaction faible ne dépend pas d'une telle convention. Un tel principe de symétrie fonde ce qu'on appelle les théories de jauge locale. Le groupe mathématique qui correspond à une telle symétrie est le groupe SU(2).
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