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JAUGE THÉORIES DE

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L’électrodynamique quantique comme théorie de jauge

En 1918, la mathématicienne allemande Emmy Noether (1882-1935) prouve un théorème qui relie l'existence d'une quantité physique conservée à l'invariance de la théorie sous une transformation continue. On reconnaît alors la conservation de la charge électrique comme la manifestation de l'invariance des lois physiques lorsqu'on fait agir des transformations de jauge sur les champs classiques. En 1926, la mécanique ondulatoire se développe et ses pionniers s’appliquent à décrire le comportement d’une particule chargée dans un champ électromagnétique. Weyl et le théoricien russe Vladimir Fock (1898-1974) élargissent de façon décisive la notion d’invariance de jauge en introduisant la multiplication des fonctions d'ondes des électrons par une « phase » exp(iαQ) où Q est un opérateur qui agit sur les fonctions d’onde en les multipliant par la charge électrique des particules qu’elles représentent. L'ensemble des multiplications par les facteurs exp(iαQ) ayant la structure d'un groupe – appelé U(1) par les mathématiciens –, on parle d'invariance de jauge U(1). Lorsque α est un nombre réel, on parle d’invariance de jauge globale. Si on considère que est une fonction α(r) qui dépend de l’endroit r = (x,y,z,t) dans l’espace-temps où la multiplication par une phase agit sur les fonctions d’onde, on parle d’invariance de jauge locale. L'électrodynamique quantique peut alors se construire comme la théorie minimale qui est invariante lors des multiplications des fonctions d'onde des électrons par une phase variable avec le point de l'espace-temps, c'est-à-dire par un facteur exp(iα(r)Q). L'existence du photon est alors une conséquence du respect de la symétrie de jauge locale abstraite décrite plus haut. On dit que le photon est le champ de jauge associé à la symétrie U(1). Rappelons qu’un champ est une fonction représentant un objet physique étendu, cette fonction prenant des valeurs numériques ou vectorielles en chaque point de l’espace-temps.

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

Classification

Pour citer cet article

Bernard PIRE. JAUGE THÉORIES DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 12/04/2024

Autres références

  • CHAMPS THÉORIE DES

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    • 1 média
    Les théories de jauge reposent sur le théorème démontré en 1918 par la mathématicienne allemande Emmy Noether (1882-1935), reliant l'existence d'une quantité conservée à l'invariance de la théorie par rapport à une transformation continue. En 1919, Hermann Weyl (1885-1955) reconnaissait...
  • CHROMODYNAMIQUE QUANTIQUE

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    Les théories de jauge reposent sur le théorème démontré en 1918 par la mathématicienne allemande Emmy Noether (1882-1935) : si une théorie physique est invariante dans une transformation continue, il existe alors une quantité conservée au long de la transformation. L’exemple le plus connu est...
  • INTERACTIONS (physique) - Électromagnétisme

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    • 4 447 mots
    • 6 médias
    L'E.D.Q. se présente, archétype exemplaire, comme unethéorie de jauge. Les particules matérielles y apparaissent par le truchement d'un opérateur ψ(x, y, z, t), nommé « champ quantique », qui crée ou annihile – processus rendus possibles par la théorie de la relativité – des quanta corpusculaires....
  • INTERACTIONS (physique) - Interaction nucléaire faible

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    ...l'espace « neutrino » ou « électron » est arbitraire et que la mesure d'un effet d'interaction faible ne dépend pas d'une telle convention. Un tel principe de symétrie fonde ce qu'on appelle les théories de jauge locale. Le groupe mathématique qui correspond à une telle symétrie est le groupe SU(2).
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