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INTERACTIONS (physique) Interaction nucléaire faible

L’interaction nucléaire faible est une des quatre interactions fondamentales, à côté de la gravitation, l’électromagnétisme et l’interaction nucléaire forte. Elle est ainsi nommée parce que sa portée est inférieure à la taille d’un noyau atomique et que son intensité est bien moindre (d’environ 1 million de fois) que l’interaction forte responsable de la cohésion des noyaux usuels. Ses propriétés sont très particulières et sa compréhension – encore incomplète – se heurte à la difficulté des mesures expérimentales permettant de mettre à l’épreuve les modèles théoriques qui la représentent.

Quelques manifestations de l’interaction nucléaire faible

L’existence de l’interaction nucléaire faible s’est imposée pour interpréter plusieurs catégories d’observations, inexplicables si on n’y fait pas appel.

La désintégration β

La première observation d’une manifestation de l'interaction nucléaire faible est celle de la désintégration β de certains noyaux atomiques, la transmutation d'un élément de numéro atomique Z (nombre de protons d’un atome) et de nombre de masse A (nombre de protons + neutrons) vers un élément de numéro atomique Z + 1 et de même nombre de masse selon (A, Z) → (A, Z + 1) comme dans le cas de la désintégration du potassium 40 en calcium 40. On observe l’émission d’un électron, conformément à la conservation de la charge électrique totale des particules. On comprend maintenant ce processus comme dû à la transformation d'un neutron (n) en un proton (p) avec émission d’un électron (e) et d’un antineutrino (ν-) selon la réaction : n → p + e + ν-.

La radioactivité β+ est une réaction plus rare mais très semblable, où un noyau (A, Z) se transmute en un élément (A, Z – 1) en émettant un antiélectron (ou positron, e+) et un neutrino selon : (A, Z) → (A, Z – 1) + e+ + ν.

Le potassium 40 se désintègre ainsi en argon 40, réaction utilisée dans la technique de datation des roches d’origine magmatique. Alors que le neutron libre est sujet à la désintégration β – ce qui est la cause de son temps de vie de l’ordre de 886 secondes –, le proton libre est stable car sa masse est inférieure (d’environ 1 pour 1 000) à celle du neutron, et la conservation de l’énergie interdit sa désintégration β+.

Une troisième forme de radioactivité  est due à la capture d’un électron par un noyau selon : (A, Z) + e → (A, Z – 1) + ν, comme dans le cas de la désintégration du calcium 41 en potassium 41.

Il fallut des décennies de recherches pour que ces divers phénomènes de transmutation soient expliqués comme autant de manifestations d'une force fondamentale appelée interaction nucléaire faible, qui agit au niveau des nucléons – en fait au niveau des constituants des neutrons et protons, les quarks –, des électrons et des neutrinos.

Le spectre continu des électrons dans la radioactivité β

À l'exception des photons et des gluons, toutes les particules élémentaires sont soumises aux effets de l'interaction nucléaire faible et les neutrinos jouent un rôle essentiel dans la compréhension de cette interaction. Comme ils sont dépourvus de charge électrique et de charge de couleur (caractéristique de l’interaction forte dans le formalisme de la chromodynamique quantique), les neutrinos sont insensibles aux interactions électromagnétiques et aux interactions nucléaires fortes : leur présence signe donc l'action des interactions faibles. C'est en décembre 1930 que le théoricien suisse Wolfgang Pauli (1900-1958) suggère leur existence pour donner une explication simple au spectre continu des électrons émis dans la radioactivité β : l’émission de particules qu’il appelle neutrinos, en emportant une partie de l’énergie émise lors du rayonnement β[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

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Pour citer cet article

Bernard PIRE. INTERACTIONS (physique) - Interaction nucléaire faible [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee

Enrico Fermi - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Enrico Fermi

Abdus Salam - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Abdus Salam

Autres références

  • INTERACTION (physique)

    • Écrit par Étienne KLEIN
    • 1 683 mots

    Dans la nature, les objets sont soumis à toutes sortes de forces qui s'exercent à distance. Ainsi, par exemple, deux masses s'attirent, deux charges électriques s'attirent ou se repoussent suivant leur signe. Les objets ont une action l'un sur l'autre : ils interagissent. La conception classique de...

  • DÉTECTEURS DE PARTICULES

    • Écrit par Pierre BAREYRE, Jean-Pierre BATON, Georges CHARPAK, Monique NEVEU, Bernard PIRE
    • 10 978 mots
    • 12 médias
    ...mesurer leur flux moyen, leur énergie, leur position spatiale, ou à déterminer leur nature. Les problèmes varient suivant la nature des rayonnements dont l'interaction avec la matière conditionne le choix du type de détecteur. Mais, en règle générale, l'impulsion électrique finale est commandée par l'interaction...
  • PARTICULES ÉLÉMENTAIRES

    • Écrit par Maurice JACOB, Bernard PIRE
    • 8 172 mots
    • 12 médias
    Les interactions entre particules élémentaires, sur lesquelles nous reviendrons plus en détail, correspondent à l'émission d'un champ et à la réaction à ce champ. L'archétype est le champ électrique, créé par la présence d'une particule chargée, qui influence d'autres éléments chargés....
  • AXIONS

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 2 118 mots
    • 2 médias
    ...théorie, la chromodynamique quantique (QCD, pour Quantum ChromoDynamics), construite au début des années 1970 pour rendre compte des manifestations de l’interaction forte liant quarks et gluons comme éléments fondamentaux de la matière nucléaire. Pour suivre le raisonnement des physiciens théoriciens,...
  • BANDES D'ÉNERGIE THÉORIE DES

    • Écrit par Daniel CALÉCKI
    • 946 mots

    Dans un atome isolé, les électrons se répartissent, en obéissant au principe de Pauli, entre des niveaux d'énergie bien déterminés, pratiquement sans largeur. Quand on rapproche par la pensée N atomes (avec N ∼ 1023) pour construire un solide et qu'on oublie l'interaction entre...

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Voir aussi