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TERRES, chimie

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Selon Empédocle d'Agrigente (~ 490-~ 430), la sphère de l'univers est constituée de quatre racines, le feu, l'air, l'eau et la terre, qui tantôt se combinent sous l'influence de l'amour pour donner les corps matériels, les animaux et les végétaux, tantôt se décomposent sous l'influence de la haine en leurs éléments. Le monde est donc soumis à une perpétuelle transformation sous l'influence de ces deux forces antagonistes.

Plus tard, Platon a donné à la théorie d'Empédocle une forme mathématique où la terre est représentée par un cube, constitué de triangles rectangles et isocèles ; mais, tandis que les autres polyèdres réguliers (tétraèdres de feu, octaèdres d'air et icosaèdres d'eau) peuvent se transformer les uns dans les autres suivant des lois discrètes (deux particules de feu se combinent pour former une particule d'air, etc.), la terre ne possède pas cette propriété, du fait que le triangle rectangle et isocèle est unique. Néanmoins, suivant la grandeur des triangles élémentaires, il y a plusieurs espèces de terre (il en est de même pour les autres corps platoniciens) ; il ne s'agit donc pas d'une vraie transmutation, comme le pensaient les alchimistes, mais de combinaisons et de décompositions. Aux frontières de l'alchimie et de la chimie, J. J. Becher (1635-1682) ainsi que G. E. Stahl (1660-1734) ne retiennent que trois éléments parmi les quatre corps platoniciens : la terre, l'eau et l'air, mais définissent trois espèces de terre : la terre vitrifiable, la terre sulfureuse et la terre mercurielle. Un siècle après Newton (1642-1727), la terre est encore « un corps solide qui sert de base à tous les autres corps de la nature ; toutes les expériences et les analyses de la chimie, lorsqu'elles sont poussées jusqu'où elles peuvent aller, nous donnent une terre... » Il faut bien se dire que la chimie ne possède pas encore de méthodes et de critères de pureté et la notion de corps pur n'est pas encore bien dégagée. Ce sera le travail de la deuxième moitié du xviiie siècle, jusqu'à Lavoisier et Proust, Gay-Lussac et Dalton, que de découvrir les lois quantitatives de la chimie. La terre ne figure déjà plus parmi les éléments de Lavoisier, mais il nous en reste encore le souvenir dans la nomenclature chimique avec les alcalinoterreux, les terres rares, etc.

— Georges KAYAS

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Écrit par

  • : maître de recherche au CNRS, physique corpusculaire

Classification

Pour citer cet article

Georges KAYAS. TERRES, chimie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • EAU, élément

    • Écrit par
    • 716 mots

    Pour Thalès de Milet, le premier des physiologues ioniens, l'eau est le principe de toutes choses ; après lui, Empédocle d'Agrigente introduit quatre éléments : l'air, l'eau, la terre et le feu, qu'il appelle les quatre racines. Mais c'est surtout Platon...

  • PHLOGISTIQUE

    • Écrit par
    • 760 mots

    Cet adjectif grec (phlogiston) signifiant « inflammable » est utilisé pour la première fois par Aristote pour désigner une combustion accompagnée de flamme ; il fut ensuite repris par Becher (1635-1682) et surtout par Stahl (1660-1734) dans les circonstances suivantes. Becher pensait que...

  • VAN HELMONT JAN BAPTIST (1579-1644)

    • Écrit par
    • 500 mots
    • 1 média

    Chimiste, physiologiste et médecin flamand, Jan Baptist van Helmont eut le grand mérite d'avoir établi un pont entre l'alchimie et la chimie, et malgré ses penchants mystiques et sa croyance en la pierre philosophale, il respecta l'enseignement de William Harvey et celui de Galilée...