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TARTARE, mythologie

Le mot grec Tartaros (ou, au pluriel, ta Tartara) est sans doute, à l'origine, une onomatopée qui sert à marquer quelque chose d'effrayant ou de mauvais et qui est à rapprocher peut-être de Barbaros (« Barbare »). Par ce vocable, Homère et Hésiode s'accordent à qualifier un lieu qu'ils disent ténébreux : « Que mon ordre ne soit enfreint par aucun dieu, par aucune déesse, tonne Zeus dans L'Iliade (VIII, 13), [...] ou bien, le saisissant, mes mains le jetteront aux ténèbres du Tartare, très loin, au plus profond du gouffre souterrain dont la porte est de fer avec un seuil de bronze, aussi bas au-dessous de l'Hadès que le ciel est distant de la terre. » Quant à la Théogonie (119), c'est immédiatement après le Chaos et Gaia qu'elle nomme « le Tartare ténébreux au creux le plus profond de la terre aux vastes sillons ». C'est là que, selon la légende, les différentes générations divines précipitèrent successivement leurs ennemis. Ouranos y avait enfermé les premiers enfants qu'il avait eus de Gaia, les Cyclopes (Argès, Stéropès et Brontès). Ceux-ci en furent délivrés par Cronos et les Titans lorsqu'à l'appel de Gaia ils se révoltèrent victorieusement contre leur père. Mais, dès qu'il fut au pouvoir, Cronos s'empressa d'y rejeter les Cyclopes. Ces derniers n'en furent définitivement délivrés que par Zeus lorsque, avec l'aide de ses frères, Hadès et Poséidon, il défit les Géants et les Titans, lesquels furent à leur tour plongés en ces lieux où, toujours selon Homère (L'Iliade, VIII, 478), l'on ne jouit jamais ni des rayons du haut soleil ni de la brise. Autant de raisons de craindre, pour les Olympiens eux-mêmes, ces sinistres profondeurs, grandes pourvoyeuses de monstres (Typhon, Echnida et, selon certaines traditions, Thanatos) ; on dit en effet qu'Apollon, le dieu solaire, ne dut qu'aux prières de Léto d'échapper à ce châtiment suprême que Zeus, furieux de la mort des Cyclopes, lui réservait. Peu à peu, le Tartare fut confondu avec les Enfers, dans la notion d'un « monde souterrain » désignant alors le lieu où étaient suppliciés les grands criminels, par opposition aux Champs Élysées ou séjour des Bienheureux (cf., par exemple, le mythe d'Er le Pamphylien rapporté par Platon dans la République, X, 616 a).

— Robert DAVREU

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Écrit par

  • : enseignant en littérature générale et comparée à l'université de Paris-VIII, poète et traducteur

Classification

Pour citer cet article

Robert DAVREU. TARTARE, mythologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ENFERS ET PARADIS

    • Écrit par Olivier CLÉMENT, Mircea ELIADE
    • 6 311 mots
    • 3 médias
    Désormais, il existe deux séjours distincts, celui des bons et celui des méchants, les champs Élysées et le Tartare (l'Hadès). Les champs Élysées, situés par Homère dans les îles Fortunées, furent transportés dans l'empire de Pluton. Quant au Tartare, les orphiques semblent le réserver à ceux que...
  • GAÏA

    • Écrit par Robert DAVREU
    • 720 mots

    Dans la Théogonie d'Hésiode, Gaïa, la Terre, « aux larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les vivants », est nommée aussitôt après le Chaos et immédiatement avant Éros ou le Tartare. Elle est donc l'élément primordial, d'où naquirent les races divines. C'est...

  • HADÈS

    • Écrit par Robert DAVREU
    • 522 mots
    • 1 média

    Quand les trois fils de Kronos se partagèrent au sort l'empire de l'Univers, Hadès se vit attribuer le monde souterrain, le Tartare, ou les Enfers, et devint ainsi le « Seigneur des morts », tandis que Zeus recevait le ciel et Poséidon la mer.

    Celui que L'Iliade nomme le Zeus...

Voir aussi