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STILPON (IVe s. av. J.-C.)

Chef de l'école philosophique de Mégare vers ~ 330, Stilpon donne à celle-ci, par son habileté dialectique et la puissance de sa personnalité, un rayonnement considérable : il a notamment pour disciple Zénon de Cittium, le futur fondateur du stoïcisme, dont la dialectique reprendra souvent la problématique de l'école de Mégare (voir : P. M. Schuhl, Le Dominateur et les possibles, Paris, 1960 ; K. von Fritz, « Megariker », in Paulys Realencyclopädie, suppl. V ; K. Döring, Die Megariker, Amsterdam, 1972). On ne connaît que par des témoignages fragmentaires le contenu de l'enseignement de Stilpon. Il insistait fortement sur l'incapacité du langage à décrire adéquatement la réalité concrète des « unités » individuelles. « Le légume, ce n'est pas la plante que vous êtes en train de me montrer, car le légume existait déjà des milliers d'années auparavant ; donc ce que vous me montrez n'est pas le légume » (Diogène Laërce, Vies des philosophes, II, 119). De même, on ne peut dire « le cheval court », « l'homme est bon », car le contenu de la notion de « cheval » est totalement différent du contenu de la notion de « courir », comme le contenu de la notion d'« homme » est totalement différent du contenu de la notion de « bon » (Plutarque, Adv. Colotem, 1119 C sq.). Pour Stilpon, la copule « est » représente donc une identification totale du sujet et du prédicat ; on ne peut identifier des notions différentes ; seule la tautologie est correcte en logique. Curieusement, ces considérations rejoignent certaines spéculations de l'école chinoise des Noms. Pour Stilpon, « Socrate blanc » n'est pas « Socrate » ; pour Gongsun Long, « cheval blanc » n'est pas « un cheval ». Le langage, pour être correct, devrait se contenter de donner des noms propres à chaque réalité individuelle. À cette sorte d'atomisme linguistique, Stilpon (d'ailleurs influencé par les cyniques) semble avoir fait correspondre un atomisme moral : le sage se suffit à lui-même, il ne ressent rien du monde extérieur, pratique l'apatheia, sans amis, dans une solitude absolue.

— Pierre HADOT

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Pour citer cet article

Pierre HADOT. STILPON (IVe s. av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...plaisir, qui est un mouvement, le but de la vie. Moins bien connus, mais non moins importants, sont les mégariques (Euclide de Mégare, Diodore Cronos, Stilpon) qui, dans la tradition à la fois des éléates et de certains sophistes, développent des argumentations rigoureuses pour montrer que le possible...

Voir aussi