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ACROLITHE STATUE

Dans son acception la plus rigoureuse, l'adjectif acrolithe sert à caractériser une statue dont la tête, les mains et les pieds sont taillés dans la pierre ou le marbre, tandis que le reste du corps est représenté à l'aide d'un matériau moins coûteux (plâtre, stuc, terre crue ou cuite, voire même simple bâti de bois dissimulé par des étoffes). On admet en général que ce type de figuration est d'origine religieuse et le parallélisme est assez frappant entre la technique de fabrication de certaines statues cultuelles de la Grèce ancienne et celle qui fut utilisée pour les Vierges vêtues, assez répandues en Europe à la fin du Moyen Âge ; mais dans ce type de Vierge à l'Enfant, la tête, les mains et parfois les pieds des deux personnages sont sculptés dans du bois, ce qui interdit, pour des raisons étymologiques évidentes, de leur appliquer le qualificatif d'acrolithes. Si les auteurs anciens, et en particulier Pausanias, mentionnent un nombre relativement considérable de statues acrolithes (que Vitruve nomme statuae colossicae), peu de vestiges certains en ont été conservés : un pied provenant du temple de Bassae, une tête d'Aphrodite de la collection Ludovisi (musée national des Thermes, Rome) et surtout la tête et la « perruque » d'Apollo Aleo, provenant de Crimissa, près de Ciro en Calabre (musée national des Thermes). On appelle pseudo-acrolithes les statues dont toutes les parties nues visibles (visage, mains et bras, pieds et jambes) sont en marbre blanc, cependant que toutes les parties vêtues sont taillées dans un autre type de pierre. On agit parfois ainsi dans un but d'économie afin de restreindre l'usage du marbre considéré comme trop coûteux (gisants médiévaux dont le masque et les mains sont en marbre et le corps en pierre de liais). Mais l'effet obtenu peut être au contraire très luxueux lorsque le marbre blanc est associé à une matière précieuse comme le porphyre (Adorante Borghèse, Louvre, Paris). Si les reliefs pseudo-acrolithes sont rares (métopes de Sélinonte, musée national, Palerme), il existe par contre de nombreux bustes de ce type ; il faut noter toutefois que la plupart sont composés de deux parties datant d'époques fort différentes : la tête est souvent une œuvre antique enrichie, lors de sa restauration, d'un torse en marbre de couleur.

— Jean-René GABORIT

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Écrit par

  • : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Jean-René GABORIT. ACROLITHE STATUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Dans la cella du temple à redans, une statue monumentale acrolithe représentait Zeus-Oromazdès, divinité mixte du panthéon irano-grec : son corps était de bois et d'argile, son visage, ses mains et ses pieds chaussés de sandales sont taillés dans le marbre ; cette technique commode et peu onéreuse...
  • PHIDIAS (Ve s. av. J.-C.)

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN
    • 2 742 mots
    • 2 médias
    ...bataille de Marathon, auprès des Athéniens, en 490 : c'était à la fois un sphyrélaton, puisque son âme de bois était couverte de plaques d'or, et un acrolithe, puisque visage et extrémités étaient en marbre du Pentélique (Attique). Si elle a été vue par Pausanias au iie siècle après J.-C., c'est...
  • SCULPTURE - Matériaux et techniques

    • Écrit par Jean-René GABORIT
    • 7 447 mots
    • 3 médias
    ...diverses, elle semble avoir pour but de donner à une sculpture un caractère plus luxueux, soit par la réunion de matières également précieuses (statues chryséléphantines ; marbres de couleurs et marbre blanc ou bronze), soit par l'insertion de quelques éléments en matériau noble (statues acrolithes).

Voir aussi