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SOLS Biodynamique

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Fonctionnement biodynamique des sols et des humus

Les conséquences de l'apport énergétique constitué par les débris végétaux qui tombent sur le sol varient avec les conditions de milieu. C'est ainsi que, en milieu tempéré et sur roche mère riche en minéraux phylliteux et en fer, cet apport énergétique va permettre aux organismes efficaces du sol comme les vers de terre et les champignons de la pourriture blanche d'assurer un recyclage très rapide de l'azote et des éléments liés aux pigments bruns (en un ou deux ans) avec formation d'un mull. Finalement, cet apport énergétique va se matérialiser par la formation d'une matière organique d'insolubilisation ou d'une matière organique de type organo-argillique, toutes deux très réactives et structurantes. L'ensemble des éléments “libérés” au moment utile pour les racines des arbres au niveau de microsites actifs sont rapidement recyclés et il n'y a que peu de pertes pour l'écosystème. Les plantes et les arbres bénéficieront d'une bonne nutrition, surtout au printemps, et la productivité sera forte.

Sur roches pauvres (sables ou grès), les conditions de vie des organismes humificateurs efficaces sont mauvaises (faible taux d'argile et de fer, matériel végétal acide, etc.). Ne persisteront dans le milieu que des animaux peu exigeants comme les enchytréides ou les microarthropodes qui vont accumuler leurs boulettes fécales au sein des sous-couches OF et OH, et cela pour plusieurs dizaines d'années, avec formation d'un humus de type moder ou mor. Chaque fois que ces couches holorganiques seront traversées par un flux d'eau (pluie), elles libéreront une certaine quantité de matière organique acide et agressive qui pénétrera dans le sol et altérera les horizons sous-jacents, et cela pendant toute la période pluvieuse. Il y aura dans ce milieu beaucoup d'éléments qui seront entraînés en profondeur et qui seront perdus pour l'écosystème (surtout en hiver). L'énergie apportée par les débris végétaux est finalement utilisée pour altérer les horizons de surface qui vont s'appauvrir de plus en plus et aller jusqu'au terme ultime de formation d'un podzol. Les peuplements mal alimentés auront une faible productivité.

Le fonctionnement biodynamique des sols et des humus est donc lié aux conditions du milieu, et cela avec une “dépendance” dont l'importance varie avec le facteur du milieu considéré : elle est très forte avec les conditions climatiques (facteur de premier ordre), elle peut dépendre des caractéristiques de la roche mère (facteur de deuxième ordre) et, pour une moindre part, de la nature des retombées végétales (facteur de troisième ordre). C'est ainsi que dans les zones bioclimatiques intertropicales chaudes et humides presque tous les humus sont de type mull ; dans les milieux boréaux et alpins froids, les humus sont surtout de type moder et mor. Dans les zones tempérées, les humus sont beaucoup plus variés : sur roche mère riche en argile, l'activité des vers de terre sera forte et les humus seront de type mull ; sur roche mère pauvre en minéraux phylliteux, on trouvera des moder, surtout si la qualité du matériel végétal de la station est défavorable (callune, myrtille, certains résineux). Dans ces milieux, le gestionnaire pourra, pour améliorer le fonctionnement biodynamique du sol et la productivité de la station, intervenir de différentes façons : par le travail mécanique du sol, par des apports d'éléments minéraux ou organiques (Toutain et al., 1987 ; Bonneau, 1995) ou par le mode de gestion (jachère, futaie régulière, futaie irrégulière et mélangée).

— François TOUTAIN

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., Centre de pédologie biologique, Vandœuvre-lès-Nancy, enseignant chercheur à l'École nationale du génie rural, des eaux et des forêts, Nancy

Classification

Pour citer cet article

François TOUTAIN. SOLS - Biodynamique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Autres références

  • ABSORPTION VÉGÉTALE

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