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SOCIALISME Les Internationales

La IVe Internationale

Les origines

La IVe Internationale est née d'un courant oppositionnel de gauche apparu en 1923 dans le Parti communiste bolchevik, le « trotskisme ». Celui-ci s'est constitué en tant que critique du « stalinisme », accusé de liquider la révolution prolétarienne mondiale au profit de l'impossible victoire du socialisme en un seul pays et de bureaucratiser les partis communistes en y supprimant le débat démocratique. La défaite du trotskisme dans le parti russe, définitive en 1928, l'élimination de ses partisans de l'Internationale communiste vont pousser à la fondation d'une nouvelle Internationale. Mais pour diverses raisons celle-ci ne naîtra qu'en 1938, et dans des conditions difficiles. Tout d'abord, les problèmes du parti russe sont mal connus en dehors de Russie, même si le nom de Trotski, père de l'Armée rouge, est relativement populaire. D'autre part, Trotski, qui ne met pas en cause les bases du bolchevisme, et qui définit l'U.R.S.S. comme un « État ouvrier dégénéré », espère pendant longtemps un redressement interne de l'Internationale communiste, un retour à ses sources léninistes. Les trotskistes hésitent enfin à entreprendre la construction d'une nouvelle Internationale en l'absence de tout grand mouvement révolutionnaire susceptible de la porter en avant comme cela avait été le cas pour l'Internationale communiste.

Lorsqu'en septembre 1938 une trentaine de délégués venus d'une dizaine de pays et représentant des forces très faibles se réunissent à Paris pour « proclamer » la IVe Internationale, cette décision se fonde sur la certitude, exprimée par Trotski dans le «   Programme de transition », que la guerre qui vient entraînera une nouvelle vague révolutionnaire prolétarienne à laquelle il faudra une direction que l'Internationale communiste stalinisée n'est plus capable de fournir. Ce pronostic, à la différence de celui qu'avaient fait les bolcheviks en 1919, ne se réalisera pas vraiment.

Une organisation maintenue malgré de multiples scissions

La IVe Internationale, dont les premiers statuts ne furent adoptés qu'en 1948, n'est pas parvenue à s'implanter réellement dans la classe ouvrière. Elle a d'autre part connu une série de scissions dont les plus importantes ont abouti à la constitution de trois tronçons internationaux, d'importance inégale.

C'est entre 1950 et 1952 que dans différents pays ont surgi les plus profondes divergences : elles ont conduit, en 1953, à un regroupement qui a pris le nom de Comité international pour la reconstruction de la IVe Internationale (tendance Lambert, du surnom de son principal dirigeant, Pierre Boussel) ; son implantation est essentiellement européenne et il se considère comme le seul dépositaire des traditions prolétariennes du trotskisme. En 1965, une fraction numériquement plus faible, animée par un ancien secrétaire de la IVe Internationale, Pablo, a fait scission à son tour pour constituer la Tendance marxiste-révolutionnaire de la IVe Internationale, qui s'est orientée vers des thèses favorables à l'autogestion, puis a abandonné, en 1972 la référence à la IVe Internationale. Le sigle « IVe Internationale » est resté l'apanage de sections, partiellement réunifiées en 1963, dont les organismes dirigeants, entre les congrès, sont le comité exécutif international et le secrétariat (unifié) de la IVe Internationale. Son implantation est relativement forte dans les pays semi-dépendants, notamment en Amérique latine et au Sri Lanka, et non seulement en Europe. Le secrétariat unifié a tenté à diverses reprises non sans succès de renouveler les analyses politiques et économiques du trotskisme historique.

Pourquoi cet éparpillement et cette faiblesse persistante malgré des progrès qui ont[...]

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Pour citer cet article

Madeleine REBÉRIOUX. SOCIALISME - Les Internationales [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Congrès des peuples d'Orient (Bakou, 1920) - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Congrès des peuples d'Orient (Bakou, 1920)

Manifestation communiste - crédits : Picture Post/ Getty Images

Manifestation communiste

Autres références

  • GAUCHE SOCIALISTE EN FRANCE DEPUIS 1945

    • Écrit par Rémi LEFEBVRE
    • 10 121 mots
    • 9 médias

    Le socialisme français de l’après-guerre s’ancre dans une longue tradition historique, depuis l’héritage du mouvement ouvrier et des luttes sociales du xixe siècle, jusqu’à l’exercice du pouvoir par la SFIO de Léon Blum en 1936. L’unification de la famille socialiste et de ses diverses...

  • ACCULTURATION

    • Écrit par Roger BASTIDE
    • 8 306 mots
    • 1 média
    Dans lesanciennes républiques socialistes, l'acculturation (qui n'osait pas dire son nom) reposait sur les deux postulats suivants : 1. la distinction marxiste entre l'infra et la superstructure ; il suffira de changer les modes de production pour que, automatiquement, les systèmes culturels changent...
  • ADLER MAX (1873-1937)

    • Écrit par Raoul VANEIGEM
    • 648 mots

    Longtemps occulté par la prépondérance de l'idéologie bolchevique, le rôle de Max Adler, l'un des principaux représentants de l'austro-marxisme, s'éclaire d'une importance accrue à mesure qu'on redécouvre les tendances anti-autoritaires apparues dans l'évolution de la doctrine marxiste....

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

    • Écrit par Michel EUDE, Alfred GROSSER
    • 26 883 mots
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    La diffusion des doctrines socialistes va de pair avec l'industrialisation de l'Allemagne. Le mot Sozialismus apparaît en 1840, moins usité cependant que celui de Kommunismus. Les origines en sont françaises – Saint-Simon, Louis Blanc, Cabet – plutôt qu'anglaises, et les premiers foyers socialistes...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande

    • Écrit par Georges CASTELLAN, Rita THALMANN
    • 19 516 mots
    • 6 médias
    ...étaient encore vivaces. L'opération, vivement désirée par la S.M.A., fut acquise par le ralliement des chefs socialistes, Otto Grotewohl et Max Fechner. L'accord se fit sur un programme définissant « la voie spécifique (Sonderweg) de l'Allemagne vers le socialisme » dont le théoricien fut le communiste...
  • Afficher les 73 références

Voir aussi