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VALÈRE SIMONE (1921-2010)

Avec Jean Desailly, dont elle fut la compagne durant plus de soixante ans, Simone Valère – de son vrai nom Simone Gondolf – aura vécu une des aventures théâtrales les plus exaltantes du xxe siècle.

Simone Valère - crédits : Coll. Tout le cinéma/ D.R.

Simone Valère

Née en 1921 à Paris, l'actrice, après avoir suivi les cours de René Simon et être entrée au Conservatoire, débute dans le film d'une génération, Premier Rendez-vous (1941). Elle y incarne une jeune collégienne enjouée, quelque peu délurée – un emploi qu'elle perfectionna dans de nombreux films de l'époque, comme ces deux adaptations de Simenon : Annette ou la dame blonde (1941) et Le Voyageur de la Toussaint (1942), sur le tournage duquel elle rencontre Jean Desailly alors pensionnaire de la Comédie-Française.

Héroïne giralducienne, Simone Valère a su alterner, toujours avec grâce et élégance, les rôles de soubrette, de jeune fille de famille accomplie ou ayant subi des revers de fortune dans des films comme Le Cavalier noir » (1944), au côté de Georges Guetary, Deux Amours (1948) avec Tino Rossi, ou encore Roger la honte (1945) et La Revanche de Roger la honte (1946), deux films d'André Cayatte inspirés par les romans de Jules Mary.

En 1949, René Clair lui confie le rôle principal de La Beauté du diable, aux côtés de Gérard Philipe et de Michel Simon, film dans lequel elle incarne une princesse. Son physique la prédispose d'ailleurs aux grandes figures historiques, telles Eugénie de Montijo dans Violettes impériales (1952), avec Luis Mariano, ou la marquise de Pompadour dans Le Secret du Chevalier d'Eon (1957), où Jean Desailly incarne Louis XV. Avec Desailly, elle tourne plusieurs films, Les Grandes Manœuvres (1955) de René Clair et Jocelyn d'après Lamartine, en 1951. Deux décennies plus tard, la même année 1972, le couple se retrouve sous la direction de Jean-Pierre Melville (Un flic) et de Joseph Losey (L'Assassinat de Trotski).

Parmi les rôles les plus notables de Simone Valère à l'écran, citons encore La nuit est mon royaume, où elle incarne une institutrice aveugle au côté de Jean Gabin.

C'est surtout au théâtre que l'actrice s'accomplit. En 1947, le couple Valère-Desailly intègre la compagnie Renaud-Barrault, alors au Théâtre Marigny. Simone Valère interprète tous les grands rôles du théâtre classique : Célimène et Alcmène, entre autres, ou encore des comtesses rouées, telles que Marivaux ou Musset les imaginent. Elle joue également dans La Répétition, ou l'Amour puni de Jean Anouilh. On la voit dans Feydeau (Occupe-toi d'Amélie), ou dans Offenbach (La Vie parisienne), mais également dans Ionesco (Rhinocéros), dans Tchekhov (La Cerisaie) et dans Beckett (Va et vient), qu'elle joue avec une fantaisie insoupçonnée, dans un registre proche de celui de Madeleine Renaud. Surtout elle inaugure un dialogue jamais interrompu avec Jean Giraudoux, son auteur de prédilection, dont elle interprète Pour Lucrèce et Intermezzo.

Au lendemain de mai 1968, la Compagnie Renaud-Barrault parvient au terme de son aventure. Le couple Valère-Desailly, nullement désarçonné, va prendre la direction du Théâtre Hébertot de 1973 à 1975. Les deux comédiens connaissent le succès avec Le Légume, d'après F. S. Fitzgerald, et surtout L'Amour fou, d'André Roussin, qu'ils joueront sur les scènes du monde entier.

Actrice alliant technique et spontanéité, Simone Valère joue de sa réputation de comédienne très classique pour interpréter de nouveaux auteurs comme Edward Albee (Délicate Balance) ou même Frédéric Dard (Le Cauchemar de Bella Manningham), au Théâtre Marigny, sans oublier quelques incursions dans « Au théâtre ce soir » à la télévision.

À partir des années 1980 et jusqu'en 2002, elle va assurer avec son compagnon la direction du Théâtre de La Madeleine. Les deux comédiens reviennent à Jean Giraudoux dans Siegfried,[...]

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Pour citer cet article

André-Charles COHEN. VALÈRE SIMONE (1921-2010) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DESAILLY JEAN (1920-2008)

    • Écrit par André-Charles COHEN
    • 915 mots

    Réalisé en 1942 par Louis Daquin, Le Voyageur de la Toussaint constitue l'une des meilleures transpositions de Simenon à l'écran. Pour sa première apparition au cinéma, Jean Desailly, né en 1920 à Paris et diplômé du Conservatoire, impose un personnage de jeune premier réservé, fragile d'apparence...

Voir aussi