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DAQUIN LOUIS (1908-1980)

Le cinéaste Louis Daquin débuta pendant l'Occupation, en 1941, avec le film Nous les gosses. À revoir ce film, on sent que le réalisateur essayait, par le biais d'un groupe d'écoliers, de lancer un appel à la résistance du peuple français. Cet appel à l'entraide et à la solidarité qui veut lier tous ces jeunes enfants est une des dominantes de l'œuvre du réalisateur. Louis Daquin avait été, auparavant, l'assistant de Jean Grémillon ; de cette collaboration il avait retenu une certaine esthétique – réalisme noir, quasi fantastique – à laquelle il tenta d'insuffler une note militante. Ce souci de réalisme, cette volonté de mettre des idées au service du cinéma priveront les meilleurs de ses films de la dimension lyrique que l'on pouvait déceler dans des œuvres comme Le Voyageur de la Toussaint (1943), adapté d'un roman de Georges Simenon et également tourné pendant l'Occupation. Daquin avait essayé de traduire l'atmosphère « étouffante » de l'époque : le jeune voyageur étranger, incarné par Jean Desailly, lutte contre l'hypocrisie bourgeoise, contre l'étau qui se referme sur lui, tout comme le jeune guide de montagne combat les éléments naturels dans Premier de cordée, tourné en 1944. Ce film illustre encore le triomphe d'une volonté. Mais l'appel à la clandestinité y est plus ambigu, il semble parfois même refléter l'idéologie dominante. Sur le plan technique, il présentait un aspect du « dehors » comme l'a dit Daquin lui-même, il était dépouillé des conventions et des artifices du studio. Le réalisateur tournera dans ce même esprit Le Point du jour (1949) avec Michel Piccoli et Loleh Bellon. Centré sur l'univers de la mine, ce film exalte la vie des travailleurs, leurs efforts conjugués ; dans le contexte de l'après-guerre, il cherche à retrouver les vertus du Front populaire.

Cinématographiquement parlant, son meilleur film demeure Les Frères Bouquinquant (1947), avec Roger Pigaut et Madeleine Robinson. L'auteur y retrouve le populisme du cinéma français des années 1930 et donne à Albert Préjean l'occasion de renouveler totalement son personnage.

Daquin tournera ensuite des œuvres moins personnelles, comme Le Parfum de la dame en noir (1949) d'après Gaston Leroux, mais retrouvera sa force dénonciatrice avec Maître après Dieu (1950), qui lui vaut le prix d'honneur spécial au festival de Karlovy-Vary.

Curieusement, les studios français vont se fermer pour cet artisan du cinéma. Daquin partira en Autriche pour tourner une adaptation de Bel Ami (1955). Il réalisera encore Les Chardons du Baragan (1956), en Roumanie, puis Les Arrivistes (1959), version new-look de La Rabouilleuse, et enfin l'assez triste Foire aux cancres (1963).

À partir de 1970, et pendant pratiquement toute la décennie, Louis Daquin dirige l'I.D.H.E.C. (Institut des hautes études cinématographiques). Excellent pédagogue, artisan des métiers du cinéma (après avoir écrit Le cinéma notre métier, 1960), il a consigné ses souvenirs dans un ouvrage qui résume sa carrière, On ne tait pas ses silences ! (1980).

— André-Charles COHEN

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André-Charles COHEN. DAQUIN LOUIS (1908-1980) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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