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SHI HUANGDI ou QIN SHI HUANGDI [TS'IN CHE HOUANG-TI](259-210 av. J.-C.) empereur de Chine (221-210 av. J.-C.)

Unificateur des États féodaux de la Chine des Zhou et fondateur de la première dynastie impériale, celle des Qin : la conquête définitive des États rivaux, en ~ 221, mit un terme à une longue lutte pendant laquelle la supériorité du royaume de Qin s'affirma, d'une part grâce à sa situation stratégique « à l'intérieur des passes », en une région difficilement accessible, au nord-ouest de la Chine, ainsi qu'à sa population guerrière semi-barbare, d'autre part grâce à son système administratif et législatif inspiré des préceptes du légisme (fajia) et mis en application par Shangzi.

Tenu pour le fils naturel de Lü Buwei (célèbre marchand, auteur du Lüshi chunqiu) et d'une dame qui, avant sa naissance, épousa le prince héritier des Qin, le futur empereur fut reconnu par ce dernier et lui succéda en ~ 247, à l'âge de douze ans. Guidé d'abord par Lü Buwei, son régent, puis par son ministre Li Si (mort en ~ 208), il triompha de tous ses rivaux et réalisa l'unification de l'Empire, dont tant d'hommes d'État et leurs conseillers avaient rêvé depuis des siècles. Mais la longue série de réformes sur le modèle légiste que le premier empereur instaura pour détruire définitivement la société féodale suscita en son temps une très forte opposition et devait le faire considérer par les générations ultérieures comme un tyran de la pire espèce.

Il commença par prendre le titre de Huangdi (Divin Ancêtre), que l'on traduit par « empereur », et qui était réservé jusque-là au grand ancêtre royal dont se réclamaient toutes les familles nobles. Le jeune souverain se désigne ensuite comme le Premier empereur (Shi Huangdi) ; il décide que son fils prendra le titre de Deuxième empereur, et qu'il en sera ainsi pendant dix mille générations.

Qin Shi Huangdi - crédits : AKG-images

Qin Shi Huangdi

Sous le règne de Shi Huangdi, les lois contre la noblesse héréditaire, instaurées par Shangzi, sont généralisées ; les seigneurs féodaux désarmés ; toutes les armes confisquées et refondues pour en faire des pièces de bronze à valeur unitaire qui remplacent les monnaies de coquillages (cauris) encore employées dans une grande partie de l'Empire. Face à l'opposition générale que suscite cette dégradation des anciens seigneurs, l'empereur arrête cent-vingt mille familles aristocratiques et les exile dans les régions septentrionales de la Chine, dans la province du Shǎnxi. Cette mesure porte un coup fatal à la féodalité chinoise, qui ne se relèvera plus.

L'empereur fait détruire les murailles dont de nombreux États avaient entouré leur territoire pendant la période des guerres ; à leur place, il fait construire la Grande Muraille, qui n'est encore à cette époque qu'une simple barricade en terre, flanquée de tours de guet, et non l'immense ouvrage de maçonnerie que l'on peut encore voir aujourd'hui.

Shi Huangdi - crédits :  Bridgeman Images

Shi Huangdi

L'abolition de la féodalité jette aussi l'émoi parmi les lettrés confucianistes, instructeurs et conseillers des anciens princes. Li Si réprime cette opposition par des exécutions massives et par la fameuse destruction des livres, en l'an ~ 213. Ainsi s'explique la haine tenace que les lettrés chinois ont vouée à la mémoire de Shi Huangdi. Les autres mesures vont dans le sens des lois de Qin : unification des poids et mesures, des essieux de char, de l'écriture ; division de l'Empire en vingt-six commanderies (jun) directement administrées par un préfet, un gouverneur militaire et un surintendant dépendant du pouvoir central ; organisation paramilitaire de la population ; instauration d'un système pénal et d'une hiérarchie fondée sur le mérite, etc.

Mais, parallèlement à ces mesures qui, bien que néfastes pour la dynastie elle-même, jetèrent les bases de l'administration impériale chinoise, Shi Huangdi chercha à se donner des attributs divins.[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Kristofer SCHIPPER. SHI HUANGDI ou QIN SHI HUANGDI [TS'IN CHE HOUANG-TI] (259-210 av. J.-C.) empereur de Chine (221-210 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Qin Shi Huangdi - crédits : AKG-images

Qin Shi Huangdi

Shi Huangdi - crédits :  Bridgeman Images

Shi Huangdi

Autres références

  • NÉCROPOLE DE QIN SHI HUANGDI (site archéologique)

    • Écrit par Alain THOTE
    • 987 mots
    • 2 médias

    Près d’un siècle après la mort de Qin Shi Huangdi, dont le règne s’étendit de ~ 246 à ~ 210 avant J.-C., le mausolée de l’empereur et sa construction ont été brièvement décrits par Sima Qian (~ 145-~ 87 av. J.-C.), le premier en Chine d’une longue lignée d’historiens et un modèle...

  • CALLIGRAPHIE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Alain THOTE
    • 388 mots

    Vers  1200 Invention de l'écriture en Chine.

    Vers  1000 Recherches d'ordre esthétique dans les inscriptions sur bronze.

    Fin  ive-début iiie siècle La soie est déjà utilisée comme support d'écriture, comme l'a révélé le Manuscrit de Chu, découvert...

  • CHINE - Histoire jusqu'en 1949

    • Écrit par Jean CHESNEAUX, Jacques GERNET
    • 44 594 mots
    • 50 médias
    ...le roi de Qin prend le titre d'Auguste souverain (Huangdi), et est connu dans l'histoire sous le nom de Premier Auguste souverain ou Premier empereur ( Shi Huangdi). La conquête des pays chinois une fois achevée, il mènera la double et immense tâche de l'unification politique et administrative de ce vaste...
  • CHINOISE CIVILISATION - Les arts

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    • 54 368 mots
    • 37 médias
    ...ordre social imposé s'accompagne de prodigieux travaux (Grande Muraille, palais, etc.). Mais les activités artistiques les plus sensibles du règne de Qin Shi huangdi restent attachées à sa sépulture : le tumulus de 350 mètres de côté qui signale son emplacement, à l'est de Xi'an, a livré en 1981 sur...
  • CONFUCIUS & CONFUCIANISME

    • Écrit par ETIEMBLE
    • 14 434 mots
    • 2 médias
    ...deux hommes, Han Feizi et Li Si, qui s'illustrèrent comme théoriciens de l'école de la loi, ou du légisme, et qui furent les conseillers du terribleQin Shi Huangdi. On le tient donc en Chine, ce Xunzi, pour responsable de la persécution qui s'ensuivit contre les disciples du Maître.
  • Afficher les 10 références

Voir aussi