Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NÉCROPOLE DE QIN SHI HUANGDI (site archéologique)

Nécropole de l’empereur Qin Shi Huangdi - crédits : Shutterstock

Nécropole de l’empereur Qin Shi Huangdi

Près d’un siècle après la mort de Qin Shi Huangdi, dont le règne s’étendit de ~ 246 à ~ 210 avant J.-C., le mausolée de l’empereur et sa construction ont été brièvement décrits par Sima Qian (~ 145-~ 87 av. J.-C.), le premier en Chine d’une longue lignée d’historiens et un modèle pour eux. Bien que celui-ci ne fasse pas toujours une claire distinction entre faits réels et croyances populaires, reflétant en cela une autre vision de la réalité, les résultats des fouilles archéologiques confirment en partie la description qu’il donna de la tombe. Quant aux remarquables découvertes réalisées depuis les années 1960 tout autour du tumulus, elles ont révélé, en 1974, la présence de milliers de statues témoignant d’un réalisme jusqu’alors inconnu en Chine, puis le dispositif complexe de la nécropole. Toutes choses que le grand historien ne pouvait consigner lui-même.

Le tumulus

Victor Segalen (1878-1919) identifia en 1914 l’emplacement exact de la tombe à environ 50 kilomètres à l’est de Xi’an, dans la province du Shaanxi. Malgré l’érosion subie au cours des siècles, le tumulus reste imposant. D’une hauteur de 78 mètres (son élévation initiale est estimée à 115 m), il était entouré de deux enceintes rectangulaires orientées nord-sud (env. 1 500 m × 650 m et 2 450 m × 1 100 m). Plusieurs bâtiments étaient dévolus aux cultes célébrés à la mémoire de l’empereur. Ils ont disparu, mais leurs fondations subsistent, ce qui permet d’estimer leur emprise au sol, d’une taille considérable pour certains. Autour du tumulus, et au-delà, sur une quinzaine de kilomètres carrés, sont réparties plusieurs dépendances : les tombes annexes des individus ayant suivi l’empereur dans la mort, diverses fosses sacrificielles, le cimetière des artisans et celui des forçats contraints de travailler à la construction du mausolée. Plus de 700 000 ouvriers y auraient participé.

Planifié par Qin Shi Huangdi quand il eut unifié la Chine et établi l’empire en ~ 221 avant notre ère, cet agencement visait à faire de sa tombe un modèle réduit de l’Univers. Sous le tumulus seraient dessinés, à l’aide de mercure selon Sima Qian, l’Empire avec ses cours d’eau et la mer, ainsi que le ciel. Cette image du monde sur lequel l’empereur exerçait sa domination correspond bien à l’idée d’insérer le défunt dans un système cosmologique. De la sorte, il pouvait continuer à régner dans l’au-delà, comme il l’avait fait sur Terre, lui qui, sa vie durant, avait aspiré à l’immortalité. La tombe n’ayant pas été ouverte par les archéologues, il est impossible de confirmer l’existence de cet aménagement. Cependant, une forte concentration de mercure a pu être détectée dans le sol. De plus, la tombe a été très probablement conçue à la manière d’un palais. En effet, depuis la fin du ve siècle avant J.-C., l’organisation des sépultures princières suivait le modèle d’une demeure d’ici-bas, avec toutes ses dépendances, tandis qu’auparavant les tombes contenaient non des objets de la vie quotidienne, mais les symboles matériels du prestige personnel et du pouvoir des princes, l’un comme l’autre entièrement déterminés par leurs ancêtres.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études, section des sciences historiques et philologiques, membre de l'Institut

Classification

Pour citer cet article

Alain THOTE. NÉCROPOLE DE QIN SHI HUANGDI (site archéologique) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Nécropole de l’empereur Qin Shi Huangdi - crédits : Shutterstock

Nécropole de l’empereur Qin Shi Huangdi

Guerriers de Qin Shi Huangdi - crédits : Keren Su/ China Span LLC/ Corbis/ Getty Images

Guerriers de Qin Shi Huangdi

Voir aussi