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SHAO YONG[CHAO YONG](1011-1077)

Sage, philosophe et poète, un des principaux artisans, avec Zhou Dunyi, de la métaphysique du Daoxue, mouvement de renouveau de la pensée chinoise connu en Occident sous le nom de néo-confucianisme. Le retour aux classiques et la résistance contre le bouddhisme avaient été préparés politiquement par Han Yu (768-824) et ses disciples. Mais c'est seulement avec Shao Yong et ses amis qu'apparaît un système métaphysique permettant au confucianisme de rivaliser avec le bouddhisme et, éventuellement, de l'élever au rang de l'orthodoxie de la Chine moderne.

Le point de départ pour l'élaboration de ce système est le Yijing et ses commentaires apocryphes (weishu). Shao Yong trouve dans l'ancienne science divinatoire de quoi établir une nouvelle chronologie de l'évolution cosmique. Cette dernière est cyclique ; un grand cycle (yuan) intervient (à la manière des Yugas et Kalpas indiens) tous les 129 600 ans et est subdivisé, à son tour, par des cycles plus restreints : époques (hui), révolutions (yun) et générations (shi). Shao Yong donne lui-même une interprétation de l'histoire selon ce système dans sa grande œuvre, le Huangji jing shi (Traité sur l'Auguste Faîte qui règle le monde). L'Auguste Faîte est synonyme de Faîte suprême (Taiji), que Shao Yong assimile au Dao en tant qu'Esprit transcendant et immanent de toute chose. L'homme possède cet Esprit au même titre que les autres êtres, ce qui lui permet de connaître intuitivement la structure essentielle de la création. Cette observation des êtres pour en découvrir l'élément transcendant (guanwu) est une discipline mentale proche des techniques d'introspection taoïste (fanguan).

On doit, en effet, considérer Shao Yong comme étant un taoïste à plus d'un titre. Toute sa vie, il mène une existence retirée et refuse tout emploi officiel. Bien que lié d'amitié avec les grands hommes de son époque (Sima Guang, Zhang Zai, les frères Cheng Hao et Cheng Yi sont ses amis intimes), il vit dans une petite maison que ses admirateurs ont achetée pour lui à Luoyang. C'est dans sa poésie que sa pensée taoïsante se révèle le plus clairement. Ses chants (yin) sont d'une fraîcheur et d'une simplicité étonnantes ; ils sont très personnels et marqués d'un esprit gai et optimiste : « Je refuse de croire, écrit-il, que les hommes puissent être véritablement malheureux. » Il y fait souvent allusion aux pratiques taoïstes concernant l'art de cultiver la vie. Cette poésie marque ainsi une rupture radicale par rapport à celle des Tang, qui, en vogue jusque-là, se caractérise par un pessimisme bouddhique, voire une sentimentalité larmoyante. C'est à tort que Shao Yong est considéré, dans l'histoire de la pensée chinoise, comme étant confucéen, mais il a exercé une grande influence sur ses contemporains qui ont fondé le néo-confucianisme.

— Kristofer SCHIPPER

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Kristofer SCHIPPER. SHAO YONG [CHAO YONG] (1011-1077) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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