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SÉQUENCE, musique

Forme de composition liturgique monodique qui proliféra du ixe au xive siècle. On en connaît près de 4 500 séquences ; Pie V, au concile de Trente, réduisit leur nombre à cinq dans la liturgie romaine : Lauda Sion, Stabat Mater, Veni Sancte Spiritus, Victimae paschali laudes, Dies irae (cette dernière est d'ailleurs plutôt un planctus). Les théories s'opposent pour en déterminer les origines. Cassiodore mentionne des séquences au vie siècle. On pense traditionnellement que Notker de Saint-Gall (ixe s.), après la rencontre d'un religieux de Jumièges (près de Rouen) qui connaissait l'école de Limoges, utilisa et perfectionna le système des tropes. Primitivement, la séquence désignerait toute vocalise qui suit certaines finales de phrases et de pièces liturgiques, notamment le jubilus ajouté à l'alléluia ; sur ces vocalises, on adapta des paroles selon le procédé des tropes et à chaque note correspondait une syllabe : c'est la sequentia cum prosa. Par la suite, la structure du texte devint strophique, avec répétition verset par verset. Enfin, du texte en prose on passe au poème assonancé, versifié, ou les deux à la fois. Ce poème chanté, de facture strophique avec un mètre ordinairement court, dont les phrases parallèles respectent l'alternance de la strophe, est divisé en incises à cadences stéréotypées ; il possède souvent un vaste ambitus (jusqu'à une douzième). La séquence n'est pas du grégorien, contrairement à ce que l'on pourrait penser ; le planus cantus à valeurs égales lui est antérieur ; ici prédomine le rythme ternaire, sur un vers quantitatif à accent tonique. Enfin, la séquence fut chantée en organum et connut l'accompagnement musical (orgue, rotte, psaltérion). La séquence est une étape qui conduit à la chanson populaire française (lai) et à l'ars nova (rondeau, virelai).

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. SÉQUENCE, musique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CANTILÈNE

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 302 mots

    Littéralement, « complainte lyrique ». Cette forme élémentaire de chant profane monodique, sorte d'hymne en langue romane, à caractère lyrique ou épique, en se développant jusqu'au xe siècle aurait donné naissance à la chanson de geste (théorie de Gaston Paris, rejetée...

  • ESTAMPIE

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 334 mots

    Avec l'estampie apparaît, aux xiiie et xive siècles, la première musique instrumentale indépendante de paroles préexistantes ; il s'agit probablement d'un genre inspiré par les musiques à danser, nées en France, et qui se développa tout particulièrement en Angleterre ; l'estampie passa également...

  • MOTET

    • Écrit par Roger BLANCHARD
    • 3 044 mots
    ...Saint-Gall et de Jumièges avaient eu l'idée de pourvoir les mélismes de textes pour en faciliter la mémorisation : ainsi naquirent les « tropes » et les «  séquences ». De même, on adapta aux vocalises des «  clausules » de l'organum des paroles différentes du texte liturgique principal, et la...
  • MOYEN ÂGE - La littérature latine savante

    • Écrit par Alain MICHEL
    • 3 264 mots
    ...sont le plus souvent des « proses », puisqu'ils imitent la traduction des psaumes et ne suivent point en leurs versets la métrique païenne. Ils sont des «  tropes » parce qu'ils tournent en variations les textes sacrés. Le premier maître de laséquence est Notker de Saint-Gall (840-912).

Voir aussi