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RIO DE JANEIRO

Brésil : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Brésil : carte administrative

Rio de Janeiro peut être présentée comme la ville symbole de la construction de la nation brésilienne, le creuset de la culture tropicaliste, la référence de la brésilianité. Sa composition sociale constitue, en effet, une synthèse du pays. Cependant, si l'agglomération, devenue multimillionnaire (11,7 millions d'habitants en 2007), résume toutes les contradictions des métropoles à croissance rapide et à urbanisation précaire, elle ne se compare vraiment à aucune autre. Sa particularité tient, à la fois, à son site de môles granitiques surgissant de la forêt et des rivages (les fameux Pain de sucre et le mont Corcovado), à son héritage colonial et impérial, à son rôle de capitale politique de 1763 à 1960, et à l'ampleur de la mixité ethnique. De l'ancienne ambivalence d'une ville des élites et des esclaves, est né un ensemble urbain fragmenté, où se mêlent et s'affrontent les classes sociales, mais qui garde sa renommée et demeure la première destination touristique du pays.

Pain de Sucre, Rio de Janeiro - crédits : Rodrigo Soldon Souza/ Flickr ; CC-BY-ND 2,0

Pain de Sucre, Rio de Janeiro

Le Christ de Corcovado - crédits : M. Schwettmann/ Shutterstock

Le Christ de Corcovado

D'une ville coloniale à une métropole industrielle

Les navigateurs portugais ont découvert la baie de Guanabara en 1502, qu'ils nommèrent Rio de Janeiro. Les Français y firent une courte incursion entre 1555 et 1560 et y fondèrent une colonie − Villegagnon, chef de l'expédition, a donné son nom à un îlot de la baie. Les Portugais expulsèrent les Français du Brésil et fondèrent, en 1565, la ville de São Sebastião do Rio de Janeiro. La petite ville coloniale, capitale du Brésil depuis 1763 − à la place de Bahia − est profondément réaménagée et urbanisée au début du xixe siècle lorsque le roi du Portugal, Dom João (futur Jean VI) et toute sa cour, chassés par Napoléon en 1808, vinrent s'y réfugier. Un palais est érigé, un jardin botanique et un musée des Beaux-Arts sont implantés, ainsi qu'une faculté de droit et de médecine. Rio de Janeiro devient alors la ville la plus peuplée du Brésil − elle le restera jusqu'en 1950 − et une des principales villes d'Amérique du Sud. Elle comptait 112 500  cariocas (habitants de Rio) lors de l'indépendance du Brésil en 1822, dont la moitié d'esclaves domestiques et d'artisans ; cinquante ans plus tard, au début du cycle de la première industrialisation, elle en compte le double. En 1890, elle dépasse 500 000 habitants et reçoit plus de 100 000 migrants européens par an (Portugais, Italiens, Espagnols, Allemands, Français). Le nouveau quartier industriel de São Cristovão, près du port qui a été modernisé pour recevoir les navires à vapeur, et près de la voie ferrée, se structure. Cependant, de grandes parties de la ville restent longtemps insalubres, touchées par les fièvres tropicales et les épidémies.

Les premiers travaux d'assainissement et d'embellissement ont lieu au début du xxe siècle, sous l'administration du maire Pereira Passos, le « Haussmann carioca », qui amplifie l'urbanisation de ce site très accidenté où alternent montagnes (1 000 m à Tijuca) et lagunes ; des collines sont alors arasées, des plages remblayées (Copacabana), le port agrandi. La ville attire toujours les migrants, de petites industries se multiplient et, en 1922, pour célébrer le centenaire de l'indépendance, le centre historique est complètement remanié (arasement du mont Castelo). La ville devient millionnaire et s'étend dans les zones basses du nord : São João do Meriti, Nilópolis.

La ville métropolitaine s'affirme à partir de 1945 lorsqu'elle dépasse deux millions d'habitants et reçoit d'importants équipements industriels (raffineries, ateliers mécaniques, chantier naval...) qui s'ajoutent aux industries traditionnelles textiles et alimentaires. En 1960, l'agglomération dépasse 3,5 millions d'habitants, les favelas et les banlieues s'étendent tandis que la zone centrale connaît une relative[...]

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Pour citer cet article

Martine DROULERS. RIO DE JANEIRO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Brésil : carte administrative

Pain de Sucre, Rio de Janeiro - crédits : Rodrigo Soldon Souza/ Flickr ; CC-BY-ND 2,0

Pain de Sucre, Rio de Janeiro

Le Christ de Corcovado - crédits : M. Schwettmann/ Shutterstock

Le Christ de Corcovado

Autres références

  • BRÉSIL - Géographie

    • Écrit par Martine DROULERS
    • 10 011 mots
    • 10 médias
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  • CARNAVAL

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