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BRÉSIL Géographie

Capitale Brasília
Langue officielle Portugais
Population 211 140 729 habitants (2023)
    Superficie 8 515 770 km²
      Brésil : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Brésil : carte physique

      Le Brésil se caractérise par une « géographie en mouvement », l'expansion agricole y est continue, la population extrêmement mobile, les réseaux urbains en évolution rapide et les quantités produites gigantesques à l'image de ce pays « en voie de développement » dans lequel les chantiers sociaux et économiques représentent un défi amplifié par la taille continentale du pays et le poids démographique de ses 193 millions d'habitants (estimation de 2009). Un espace étiré entre le 50 de latitude nord et le 330 de latitude sud, donc majoritairement tropical et qui couvre, avec 8 547 000 kilomètres carrés, les deux tiers de l'Amérique du Sud. La taille a été justifiée par les géopoliticiens qui utilisaient, dès le xixe siècle, la figure « d'île Brésil », c'est-à-dire d'un espace inclus dans des frontières naturelles établies par la liaison fluviale entre le Guaporé, fleuve amazonien, la cuvette du Pantanal et le Paraguay. Indépendant depuis 1822, après trois siècles de colonisation portugaise, le pays, déjà inscrit dans une enveloppe territoriale de 8 millions de kilomètres carrés, comptait alors 5 millions d'habitants, dont près de la moitié étaient des esclaves noirs et un cinquième des Amérindiens. Depuis cette époque, les Brésiliens vivent avec la perception que leur espace est infini, qu'il y a toujours plus loin une terre à défricher, une mine à exploiter. L'esprit de conquête des pionniers bandeirantes reste manifeste, incarné par une indéniable créativité fondée sur la mobilité et le métissage.

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      Le grand Brésil, cinquième pays du monde par la taille, se déploie sur une façade atlantique de 8 000 kilomètres d'un littoral battu par les alizés, et ses frontières terrestres ont une extension de 15 700 kilomètres avec dix pays voisins, dont la France, par le département de la Guyane sur 790 kilomètres. Ses sols et sous-sols révèlent de grandes richesses et le pays se trouve aux premiers rangs mondiaux pour une large gamme de produits agricoles, miniers et industriels. C'est une puissance émergente, la première de la zone intertropicale, dont le modèle économique et social sert de référence, à la fois parce qu'il réussit et innove en matière d'intégration du territoire et de démocratisation de la vie politique, alors même qu'il reste marqué par de très fortes inégalités sociales : 1 p. 100 des plus riches possède 45 p. 100 de la richesse nationale, tandis que 10 p. 100 des plus pauvres n'en possède que 2 p. 100. Dans ce pays nouvellement urbain où se côtoient haute technologie et misère profonde, le défi de l'éducation se pose avec acuité pour les enfants scolarisés – en moyenne jusqu’à quatorze ans seulement – et pour résorber le chômage chez les jeunes de 15 à 24 ans. D'excellentes universités, des centres de recherche performants ne compensent pas un nombre moyen d'années d'études, bien inférieur à celui des pays du Cône sud, tandis que le marché du travail est largement non réglementé : à peine le tiers des 101,7 millions d'actifs se trouve dans le secteur officiel. De plus, la pauvreté touche environ un quart des foyers, obligeant le recours à des politiques d'assistance, elles-mêmes difficiles à mettre en œuvre à cause de la dispersion spatiale des familles dites à risques.

      Le grand obstacle à l'occupation humaine n'est pas tant le relief, peu accidenté, constitué de massifs cristallins aplanis et de plaines sédimentaires, mais plutôt les forêts ombrophiles impénétrables. Le Brésil est d'ailleurs le seul pays à être désigné par un nom d'arbre, ce fameux « bois de braise » de la forêt atlantique qui a fait sa renommée au xvie siècle. Les grandes forêts tropicales de la façade atlantique, ou équatoriales de l'Amazonie, couvraient à l'origine les deux tiers du pays ; il ne subsiste aujourd'hui plus que 7 p. 100 des premières et 80 p. 100 des secondes. La défense de ces écosystèmes riches de milliers d'espèces non encore inventoriées se met en place, de même que pour les savanes du cerrado qui tapissent le plateau central où se situe la capitale, Brasília. Outre sa remarquable biodiversité, le Brésil dispose également d'immenses réserves d'eau (14 p. 100 des eaux de la planète) et, fort de sa biomasse tropicale, le pays entreprend des innovations technologiques (tropicalisation du soja, production d'alcool de canne à sucre, de cellulose d'eucalyptus...). Longtemps, l'accent a été mis sur les obstacles à la mise en valeur des zones tropicales : sols lessivés, maladies endémiques, moustiques..., mais les progrès en agronomie, en épidémiologie, en infrastructures ont permis de dépasser les contraintes du milieu ; le problème de développement à surmonter reste principalement celui des distances.

      Une « brésilianité » inscrite dans le territoire

      La population brésilienne jeune (40 p. 100 des Brésiliens ont moins de vingt ans), nombreuse (5e rang mondial), mélangée (selon le recensement de 2000 : 55 p. 100 de Blancs, 39 p. 100 de Métis, 6 p. 100 de Noirs), manifeste son dynamisme et sa créativité dans l'affirmation d'une identité métisse originale où se mêlent couleurs de peau et origines. Toutes sortes de parcours migratoires, de cultures urbaines ou rurales constituent la « brésilianité », ce mode d'organisation de l'espace propre aux Brésiliens, cette alchimie particulière d'un peuple modelé par la conquête territoriale et par sa façon de se mouvoir sur son territoire.

      Le métissage, dû à l'intense processus de mélange entre les trois « races » fondatrices du peuple brésilien : les Amérindiens, les Blancs et les Noirs, a été délibérément présenté dans les années 1930 de manière positive. Ce mythe de l'harmonie du mélange, régulièrement repris et reconstruit par les élites, semble servir à masquer les inégalités structurelles d'une société marquée par trois siècles d'esclavage. Aux 3 millions d'Amérindiens, décimés à chaque contact avec les Blancs, au 1,5 million de Portugais, arrivés régulièrement depuis cinq siècles, et aux 3,5 millions d'Africains, importés comme esclaves entre 1560 et 1850, se sont ajoutés environ 3 millions de migrants venus essentiellement d'Europe (Italiens, Allemands...) et du Proche-Orient (Syro-Libanais), après l'abolition de l'esclavage (1888), et fixés plutôt dans le sud du pays. L'immigration européenne était encouragée car elle devait permettre de surmonter la prétendue fatalité géographique des handicaps de la tropicalité (insalubrité du climat, fréquence des épidémies, excès ou manque d'eau...).

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      Ces mouvements migratoires qui avaient d'abord donné naissance à une population de métis d'Indiens, de Noirs et de Blancs formant les masses rurales de caboclos, principalement dans la moitié nord du pays, ont conduit, à la fin du xixe siècle, au « blanchiment » (la proportion de Blancs atteindra 63 p. 100 en 1940), puis, avec la transition démographique accélérée depuis les années 1950, au décuplement de la population durant le xxe siècle. En effet, avec 40 millions d'habitants en 1940, le Brésil et la France avaient la même population ; en 1980, le Brésil en comptait 120 millions et la France 52, alors que dans le même temps, la population métisse passait de 21 à 40 p. 100. Une telle croissance en une génération implique un immense effort économique d'équipement du territoire, particulièrement en infrastructures d'éducation, de santé. Même si le taux de natalité est en forte régression au début du xxie siècle, le Brésil continue à croître de 2,3 millions de personnes par an (la France dix fois moins). La stabilisation n'est donc pas encore atteinte. Pourtant, le Brésil, longtemps pays d'immigration, devient à son tour un pays d'émigration : entre 670 000 et 2 millions de Brésiliens vivent à l’étranger (selon les sources), principalement aux États-Unis, au Japon, au Paraguay et dans les pays de l’Union européenne. Une telle évolution manifeste le dynamisme d'une population jeune allant tenter sa chance vers de nouvelles terres de l'ouest brésilien, mais plus encore vers les villes, où se concentre 86 p. 100 de la population, révélant qu'en une seule génération (entre 1960 et 1980), le Brésil, à moitié rural, est devenu aux deux tiers urbain. Les catégories rural/urbain sont bousculées, tandis qu'une transition urbaine extraordinairement rapide entraîne des problèmes inextricables de logements, de transports, d'emplois. Des quartiers précaires, les bidonvilles (favelas), se multiplient un peu partout, les spéculations sur le prix du sol vont bon train.

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      Brésil : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Brésil : carte physique

      Brésil : l'espace rural - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Brésil : l'espace rural

      Pain de Sucre, Rio de Janeiro - crédits : Rodrigo Soldon Souza/ Flickr ; CC-BY-ND 2,0

      Pain de Sucre, Rio de Janeiro

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