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RICHARD II (1367-1400) roi d'Angleterre (1377-1399)

Monté sur le trône à l'âge de dix ans, Richard II connaît un règne particulièrement troublé qui se termine tragiquement. Longtemps soumis à la tutelle légale, puis à la tutelle de fait de son oncle Jean de Gand, il entre dans l'histoire comme le souverain de la « révolte des paysans » de 1381 : son intervention personnelle contribue au rétablissement de l'ordre social. Proclamé majeur en 1389, il entend exercer une autorité jalouse, veut ignorer les intérêts des puissants féodaux, faire fi de certains intérêts des élites sociales représentées au Parlement. Une première tentative tyrannique marque le début de son règne personnel, puis en 1396 commence sa « seconde tyrannie ». Organisant un gouvernement central fort, il s'appuie localement sur des shérifs soigneusement sélectionnés, utilise son sceau personnel pour hâter la transmission d'édits et de lettres patentes, organise une garde personnelle d'archers, fait pression sur le Parlement quand il veut bien le réunir, n'hésite pas à faire arrêter et condamner ses principaux adversaires ; en février 1399, il dépouille de son héritage Henri Bolingbroke, héritier légitime de Jean de Gand. Les confiscations, les emprunts plus ou moins forcés, les droits de douane qui lui ont été votés à titre viager lui valent des ressources considérables dont il entend se servir davantage pour conquérir définitivement l'Irlande que pour revendiquer à nouveau son « royaume français » : cette dernière cause aurait pourtant été bien plus populaire.

Une irrésistible coalition de grandes familles aristocratiques se forme autour de Henri Bolingbroke et bénéficie du soutien quasi unanime des élites bourgeoise et cléricale. Elle permet une rébellion facilitée par l'absence, au début de 1399, du roi qui fait alors campagne en Irlande. Elle aboutit à la capture de Richard II. Son vainqueur, malgré ses proclamations antérieures, entend obtenir pour sa maison de Lancastre bien plus que la restitution de ses fiefs : ayant extorqué à Richard la convocation d'un parlement, il lui arrache une abdication « volontaire » que ce parlement ratifie le 30 septembre 1399. Cependant, il est difficile pour Henri IV de tenir longtemps emprisonné l'ancien roi légitime, et tout permet de penser que les geôliers ont volontairement laissé mourir de faim Richard II, en février 1400. La déposition et l'assassinat de Richard II ébranlent la conception traditionnelle de la légitimité dynastique et du caractère divin des rois, ouvrant ainsi la voie aux usurpations et aux révoltes des siècles suivants.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Roland MARX. RICHARD II (1367-1400) roi d'Angleterre (1377-1399) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARUNDEL THOMAS FITZALAN (1353-1414)

    • Écrit par Paul BENOÎT
    • 327 mots

    Archevêque de Canterbury et chancelier d'Angleterre. Le père de Thomas Arundel, Richard est un des cinq régents du royaume en 1355 ; son frère aîné, Richard, est membre du Conseil royal pendant la minorité de Richard II et l'un des ses gouverneurs. Thomas, évêque d'Ely dès 1374, rejoint...

  • EDWARD II et RICHARD II (C. Marlowe et W. Shakespeare)

    • Écrit par Raymonde TEMKINE
    • 1 662 mots

    Deux drames historiques joués en 1996 nous ont fait revivre un grand pan de l'histoire de l'Angleterre au Moyen Âge, deux époques de guerres étrangères (menées contre l'Écosse, l'Irlande, la France) et, surtout, civiles : les féodaux s'y affrontent à des rois faibles et méprisés pour leur prodigalité...

  • GUERRE DE CENT ANS

    • Écrit par Jacques LE GOFF
    • 4 443 mots
    • 11 médias
    La minorité des deux nouveaux rois, Richard II (à partir de 1377) en Angleterre, Charles VI (à partir de 1380) en France, fut marquée de graves difficultés dans les deux pays. Ici et là, la cause en fut un redoublement d'impôts levés, au nom d'une monarchie encore fragile, par des...
  • JEAN DE GAND (1340-1399) duc de Lancastre (1361-1399)

    • Écrit par Roland MARX
    • 262 mots

    Quatrième fils d'Édouard III d'Angleterre, Jean de Gand doit son nom au hasard de sa naissance en Flandre. Époux de Blanche de Lancastre, il est fait, en 1362, duc de Lancastre. Moins souvent absent de son pays que son frère, le Prince Noir, il y joue un rôle politique grandissant et cela...

Voir aussi