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RÉVOLUTION & EMPIRE, armée

De la levée des 300 000 hommes à la levée en masse

En février 1793, la France révolutionnaire qui de la défensive – Valmy – était passée à l'offensive – Jemmapes – et commençait à conquérir la Belgique et la Savoie se heurta à une première coalition qui réunit, avec l'Autriche et la Prusse, l'Angleterre et la Hollande, puis en mars l'Espagne et la plupart des États italiens. Durant l'hiver, des volontaires arguant que leur contrat d'une campagne était venu à expiration retournèrent chez eux. Les effectifs fondaient au moment même où la France avait le plus pressant besoin de troupes nombreuses. La Convention rappela aux volontaires que le service militaire de tous les citoyens était un devoir et qu'ils devaient rester sous les drapeaux jusqu'à la paix. Le 24 février, la Convention ordonna une levée supplémentaire de 300 000 hommes. Voulant que cette levée fût « égalitaire », elle exigea beaucoup des départements qui jusqu'ici avaient moins fourni d'hommes que d'autres, en comparaison de leur population.

Lazare Carnot - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Lazare Carnot

Le gouvernement maintint le volontariat. Au cas où les volontaires ne seraient pas assez nombreux, les citoyens des communes étaient tenus de compléter le contingent, et pour cet effet d'adopter le mode qu'ils trouveraient le plus convenable, à la pluralité des voix. C'était là encore laisser les populations libres de choisir les volontaires. Il en résulta bien des mécomptes. Ici, on procéda à l'élection, là au tirage au sort des volontaires, partout le remplacement fut autorisé, ce qui indigna les pauvres : le sang du riche était-il autre que celui du pauvre ? Carnot dénonça cette situation : « Des hommes s'accoutument à se vendre comme du bétail et ils font métier de déserter pour se vendre cinq à six fois dans divers bataillons et des gens robustes désignés pour partir se font remplacer par des boiteux, des crapuleux, des gens perdus de mœurs. » L'enquête que nous avons menée confirme que ces volontaires, âgés pour la plupart de dix-huit à vingt-cinq ans, moins robustes que ceux des levées précédentes, furent d'un état social modeste. En Seine-et-Oise, par exemple, sur un contingent de 1 268 hommes, 65 p. 100 étaient des paysans : journaliers, charretiers, batteurs en grange, vachers, bergers ou muletiers. À l'été de 1793, le contingent n'était pas entièrement rassemblé et le ministère l'estimait à 150 000 hommes.

Cette nouvelle levée déclencha l'insurrection de l'Ouest, auquel on avait demandé une forte contribution. Il y eut aussi des révoltes qui, pour être moins importantes, mirent du temps à se calmer : ce fut le cas des départements de l'Indre-et-Loire, de la Vienne, de la Haute-Loire et de l'Aveyron. Par contre, la Meurthe, le Doubs et la Haute-Saône fournirent assez rapidement et sans grandes difficultés leurs bataillons.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire moderne à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, agrégé de l'Université, docteur ès lettres

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Pour citer cet article

Jean-Paul BERTAUD. RÉVOLUTION & EMPIRE, armée [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Lazare Carnot - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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Autres références

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    • 12 926 mots
    • 21 médias
    Cette organisation militaire solide, la Convention en héritera, malgré les désordres de la Révolution. Forte d'une autorité sans frein et riche de toutes les ressources nationales d'un pays prospère, elle dispose, par la réquisition, de masses, jusqu'alors inconnues, de près d'un million d'hommes, réparties...
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