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PELLOS RENÉ (1900-1998)

Né le 22 janvier 1900 à Lyon, le dessinateur de presse et auteur de bandes dessinées René Pellos (René Pellarin pour l'état civil) est décédé le 8 avril 1998 à Cannes. René Pellos vit en Suisse dès l'âge de quatre ans pour raison de santé. Il y commence sa carrière de dessinateur en 1916, dans l'hebdomadaire satirique genevois Le Gugusse. Parallèlement à des études aux Beaux-Arts de Genève, il pratique tous les sports. Bénéficiant de la double nationalité, il est sélectionné en 1928 dans les équipes suisses de hockey sur gazon et de football pour les jeux Olympiques d'Amsterdam. Il décide ensuite de s'installer à Paris où, unissant ses deux passions, le dessin et le sport, il se spécialise dans la caricature des grands sportifs de l'époque. Pendant cinquante ans, de ses débuts parisiens en 1931 à sa retraite en 1981, il est d'abord reconnu comme le « roi des dessinateurs sportifs », collaborant notamment à L'Intransigeant (1931-1934), Match (1931-1939), L'Auto (1932-1941), L'Équipe (1947-1953), Miroir-Sprint (1949-1971) et Le Miroir du cyclisme (1959-1981). Ses dessins, croqués sur le vif, contribuent à la popularité des champions. Ses personnages de prédilection sont les coureurs du Tour de France cycliste – une épreuve qu'il suit treize fois –, d'Antonin Magne à Eddy Merckx (voir, par exemple, le recueil Les Héros du Tour, éditions Quintette, 1984).

Son graphisme dynamique se retrouve dans ses bandes dessinées, dont l'une, Futuropolis, parue en 1937-1938 dans l'hebdomadaire Junior, a marqué l'histoire du genre. Comme le titre le reconnaît implicitement, le scénario (mis en forme par Martial Cendres) s'inspire du film de Fritz Lang Metropolis (1927) : les habitants d'une ville souterraine, au système totalitaire, veulent asservir un peuple qui, à la surface de la Terre, mène une vie simple, en accord avec la nature.

Dans son dessin, René Pellos travaille particulièrement le cadrage ; ses vignettes sont souvent imbriquées, ou disloquées, pour mieux traduire le mouvement. Cette œuvre, très en avance sur la bande dessinée française de science-fiction de l'époque, soutient la comparaison avec les classiques américains des années 1930, comme Flash Gordon (Guy l'Éclair) d'Alex Raymond.

D'une production trop abondante pour être de qualité égale, on peut retenir la série d'histoires en images Durga-Rani, écrite par Jean Silvère (pseudonyme de René Thévenin) et parue dans Fillette de 1946 à 1953 : déçue par le monde des humains, Durga-Rani est devenue la « reine des jungles », version féminine de Tarzan. Mais plus que Futuropolis ou Durga-Rani, c'est la reprise des Pieds Nickelés qui devait faire de René Pellos un auteur de bandes dessinées populaire. De 1948 à 1981, il dessine une centaine d'épisodes, sur des scénarios écrits généralement par Roland de Montaubert (pseudonyme de Pierre Colin). La série, créée en 1908 dans L'Épatant par Louis Forton, a pour protagonistes trois escrocs en tout genre, Ribouldingue, Croquignol et Filochard. René Pellos modifie leur apparence (chez Forton ils étaient tous trois de même taille et de même corpulence), tout en continuant à les mêler aux événements du temps, comme le mouvement hippie ou la crise pétrolière (ces épisodes, édités à l'origine en fascicules par la Société parisienne d'édition, ont été regroupés en albums par les éditions Vents d'Ouest).

« De l'épicerie en gros, voilà ce que je fais ! », avait coutume de dire René Pellos. Il fut en effet un « dessinateur de masse », touchant des millions d'adultes avec ses dessins sportifs et des millions d'enfants avec les Pieds Nickelés. Il fit cependant aussi dans « l'épicerie fine », comme en témoigne Futuropolis, qui suscite toujours l'admiration[...]

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Dominique PETITFAUX. PELLOS RENÉ (1900-1998) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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