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WESTON RANDY (1926-2018)

Au cours d’une vie partagée entre les États-Unis et l’Afrique, le pianiste et compositeur américain de jazz Randy Weston n’a eu de cesse de mettre à profit sa connaissance des musiques et des rythmes africains.

Randolph Edward Weston naît le 6 avril 1926 à Brooklyn, dans l'État de New York. D'origine jamaïquaine, son père se passionne pour la culture africaine et il emmène le jeune Randy écouter les grands noms du jazz ainsi que des artistes populaires caribéens. Imprégné de cet environnement musical tourné vers l'Afrique, Randy s'initie au piano. Impressionné par les maîtres qu'il admire, il n'ose cependant concrétiser immédiatement ses rêves. Il sert ainsi dans l'US Army (1944-1946) avant de se lancer dans une carrière musicale vers l'âge de vingt-trois ans, ce qui est relativement tardif pour un jazzman. Du haut de ses 2,05 mètres et avec des mains si grandes qu'elles couvrent une octave et demie sur le clavier, il commence à se produire dans des cabarets et en concert avec de petits groupes qu'il dirige. Weston grave ainsi dans les années 1950 ses premiers titres, parmi lesquels les célèbres « Hi-Fly » et « Little Niles ».

En 1961, on lui propose de participer à un festival au Nigeria. Après deux nouveaux voyages en Afrique, il s'installe à Tanger, au Maroc, où il gère une boîte de nuit – l'African Rhythm Club – de 1968 à 1972. C'est l'engouement pour la world music, en particulier la musique populaire africaine, qui va amener Weston sur le devant de la scène musicale. La renommée arrive en effet en 1974, avec le remarquable concert qu'il donne en soliste au festival de jazz de Montreux, et cette renommée ne cessera de grandir. Weston se produit ensuite surtout à la tête de petits groupes qui comportent presque toujours au moins un percussionniste jouant directement avec ses mains sur divers instruments. Il joue avec eux un style de musique qu'il baptise African Rhythms (« rythmes africains »). Selon lui, le jazz, le blues et les negro spirituals sont d'origine africaine et les maîtres dont ses contemporains s'inspirent – Art Tatum, Duke Ellington, Charlie Parker, John Coltrane... – puisent tous dans ces racines. Profondément ancré dans cette culture africaine, Weston évoque dans ses compositions des scènes et des thèmes venus de ce continent, comme en témoigne l'album Saga (1995), où le rythme complexe des percussions africaines tantôt dialogue avec la mélodie principale, tantôt l'accompagne de façon discrète mais continue.

Randy Weston offre ainsi un style fondé sur des rythmes chaleureux et des mélodies complexes. Les longs temps de pause irréguliers et les arrangements spontanés qu'il ménage dans ses lignes permettent à ses sections rythmiques de se faire entendre et donnent de l'émotion à ses riches harmonies teintées de blues. Il en résulte une musique extrêmement originale, aux rythmes subtils, où affleurent de nombreux sentiments. Weston s'inspire en cela fortement du style pianistique de Duke Ellington et de Thelonious Monk et avoue avoir appris du premier le sens de l'engagement et du second la persévérance. Son répertoire est essentiellement composé d'œuvres originales. Avec l'orchestratrice Melba Liston, il crée également des partitions pour de grands ensembles de jazz. Parmi ses enregistrements, citons, comme soliste, les albums Informal Solo Piano (1974), Blues to Africa (1974), AfricanNite (1975), Marrakech in the Cool of the Evening (1992), et, comme leader, The Randy Weston Trio (1955, comportant sa composition Pam'sWaltz), Withthese Hands (1956, avec Little Niles), Piano à la mode (1957, avec sa pièce Saucer Eyes), UhuruAfrica ! (1960), Highlife (1963), Randy ! (1964, avec Berkshire Blues), Blue Moses (1972), Tanjah (1973), Portraits of Duke Ellington (1989), Portraits[...]

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Écrit par

  • : critique de jazz, auteur
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Pour citer cet article

Universalis et John LITWEILER. WESTON RANDY (1926-2018) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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