Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

KYŌTO PROTOCOLE DE (déc. 1997)

La conférence de Kyōto sur le réchauffement climatique a réuni cent cinquante-neuf pays du 1er au 10 décembre 1997 et abouti à un accord sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre.

L'effet de serre est dû à la présence dans l'atmosphère de certains gaz (comme le gaz carbonique et le méthane) qui absorbent et renvoient le rayonnement thermique issu de la Terre et réchauffent ainsi celle-ci. L'effet de serre est nécessaire ; sans lui, la température moyenne à la surface du globe serait de — 20 0C. En revanche, une augmentation de la teneur naturelle des gaz à effet de serre entraîne un réchauffement et donc des changements climatiques. Or les activités humaines sont productrices de ces gaz : la température moyenne de la planète a augmenté plus vite en cent ans que lors des dix mille dernières années. Le Groupement intergouvernemental sur l'évolution du climat (G.I.E.C.) est parvenu à la conclusion que la planète s'est déjà réchauffée d'un demi-degré depuis le début du xxe siècle et prévoit une augmentation de 1 à 5 0C de la température (selon les modèles) de la température pour les cent prochaines années. De telles différences par rapport à la valeur moyenne du climat (environ 13 0C) sont considérables et comparables à celles qui ont provoqué les grands bouleversements climatiques de l'histoire géologique, mais cette fois la situation se déroule de façon accélérée, à l'échelle humaine.

Le protocole de Kyōto

Le protocole signé à Kyōto prévoit, à l'horizon de 2012, une réduction moyenne de 5,2 p. 100 de l'émission des six principaux gaz à effet de serre (G.E.S.) – dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4), oxyde nitreux (N2O), hydrofluorocarbones, hydrocarbures perfluorés et hexafluorure de soufre (SF6) – pour les pays industrialisés (8 p. 100 pour l'Union européenne, 7 p. 100 pour les États-Unis et 6 p. 100 pour le Japon et le Canada ; les pays du Sud ne sont pas impliqués dans cet effort, malgré l'insistance américaine pour leur participation). La possibilité d'un « permis de polluer », souhaité par les États-Unis, qu'autoriserait le rachat à des pays moins industrialisés d'un certain pourcentage d'émission de gaz à effet de serre, a été reportée à la conférence de Buenos Aires (novembre 1998), puis à celle de Jakarta (1999). En s'unissant, l'Union européenne a montré qu'elle était en mesure de faire fléchir les États-Unis (principal émetteur de gaz à effet de serre) qui acceptent, pour la première fois, une limite à leur expansion.

Certes, le G.I.E.C. estime que la réduction des émissions des gaz à effet de serre devrait être de 70 p. 100 pour parvenir à les stabiliser à une concentration double de celle qui existe aujourd'hui. Ce doublement de la teneur correspond à un seuil limite de sécurité, qui serait atteint d'ici trois ou quatre décennies au rythme actuel.

Mais le sommet de Kyōto entre dans l'histoire pour trois raisons. En premier, le réchauffement climatique est désormais un phénomène qui ne peut être remis en cause. Ensuite, un protocole de réduction des gaz à effet de serre a, pour la première fois, été établi. Enfin, en filigrane, on peut y voir l'idée que la croissance économique ne sera pas toujours associée au « toujours plus » de consommation d'énergie, pour le bien de l'humanité et le respect des équilibres naturels.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

Classification

Pour citer cet article

Yves GAUTIER. KYŌTO PROTOCOLE DE (déc. 1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONFÉRENCE DE KYŌTO

    • Écrit par Florence DANIEL
    • 308 mots

    Le protocole de Kyōto signé en décembre 1997 constitue une étape majeure dans la prise de conscience générale du réchauffement climatique de notre planète. La conférence, qui réunissait 159 pays, a abouti à la signature d'un accord qui engage les pays industrialisés à réduire globalement d'ici...

  • CHANGEMENT ANTHROPIQUE DU CLIMAT

    • Écrit par Jean-Louis DUFRESNE, Céline GUIVARCH
    • 8 203 mots
    • 7 médias
    ...année depuis 1995 pour faire le point sur l'évolution des connaissances scientifiques et négocier d’éventuels nouveaux accords. Le premier d’entre eux, le protocole de Kyōto, a été initié en 1997 avec pour objectif de réduire la quantité de gaz à effet de serre émis par les pays développés sur la période...
  • CANCÚN CONFÉRENCE DE (2010)

    • Écrit par Yves GAUTIER
    • 941 mots

    La XVIe conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (C.N.U.C.C.) s'est tenue à Cancún (Mexique) du 29 novembre au 10 décembre 2010 avec pour objectif de mettre en place les mécanismes qui pourraient enrayer le changement climatique. En cela,...

  • ÉCONOMIE MONDIALE - 2006 : symphonie de croissances

    • Écrit par Nicolas SAGNES
    • 2 876 mots
    À la suite des engagements pris par différents États de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, notamment dans le cadre duprotocole de Kyōto, de véritables marchés financiers des droits à polluer se sont développés, comme celui institué en 2005 par l'Union européenne, le système...
  • ENVIRONNEMENT ÉCONOMIE DE L'

    • Écrit par Sylvie FAUCHEUX
    • 6 175 mots
    • 1 média
    ...a fait l'objet d'une application dans la région de la baie de San Francisco pour la pollution de l'air, puis s'est généralisé à de nombreuses villes. Les « mécanismes de flexibilité », définis par le protocole de Kyōto en 1997, sont un autre exemple d'application des travaux de Dales. Les pays industrialisés...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi