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PRÉCOLOMBIENS Le peuplement initial des Amériques

La ressemblance physique entre les aborigènes américains et les Asiatiques (Mongols, Tartares, Chinois), que les Européens s'attendaient à rencontrer, suscita dès le xvie siècle l'hypothèse que les Amérindiens étaient venus d'Asie, avant même que l'on sache si l'Amérique était un prolongement de ce continent. Cette hypothèse s'est maintenue et étayée scientifiquement depuis le xvie siècle, parallèlement à d'autres, éphémères, récurrentes mais fragiles ou souvent farfelues. Élaborées dès cette époque pour expliquer l'origine d'êtres auxquels il avait bien fallu, après maintes hésitations, reconnaître le statut d'homme (bulle du pape Paul III en 1537), les premières explications proposées correspondaient à la vision de ce temps, celle d'un monde à la fois chrétien et admirateur de l'Antiquité classique. Elles se fondaient donc sur la Bible et les textes des auteurs grecs et latins. C'est ainsi que les « Indiens » d'Amérique furent tour à tour considérés comme descendants des Assyriens, des Phéniciens, des Égyptiens, des Hébreux, des Troyens, des Grecs, des Étrusques, des Romains, des Scythes ; plus tard seront évoqués les Tartares, les Chinois, les Africains, les Vikings, les Basques et d'autres peuples encore. Une fois abandonnées, bien que certaines soient toujours réactivées de temps à autre, ces hypothèses ont été remplacées par diverses théories pseudo-scientifiques s'obstinant à voir dans les Amérindiens les arrière-petits-fils de visiteurs extraterrestres, des rescapés de l'Atlantide ou de l'hypothétique continent de Mu. Qu'importe si les arguments sont tendancieux, les faits archéologiques sont cités toujours faux ou déformés ; ils ne font que démontrer l'indéracinable besoin de merveilleux qui caractérise notre époque.

Une origine asiatique et mongoloïde de tous les aborigènes américains ?

Aujourd'hui, le problème du peuplement initial de l'Amérique, de son ancienneté et de son (ou ses) origine(s), demeure au centre des préoccupations des archéologues. Jusqu'à la fin du xxe siècle, on estima que la plupart des restes humains fossiles retrouvés en Amérique, nombreux pour les derniers huit mille ans, mais moins d'une douzaine âgés de plus de huit mille ans et ayant conservé des éléments crâniens étudiables, présentaient des caractères morphométriques mongoloïdes comparables à ceux des Amérindiens contemporains. Les rares exceptions, considérées comme des anomalies ou des erreurs d'observation, retinrent peu l'attention.

Il fut donc admis par les archéologues que les populations pionnières du continent américain, arrivées tout au plus depuis 12 000 ans, mais sans doute en plusieurs vagues, étaient toutes mongoloïdes. L'anthropologie physique, la génétique, la linguistique et l'archéologie s'accordèrent un temps pour distinguer, avec moins de précision chronologique que l'archéologie, au moins trois flux distincts de peuplement dont les descendants auraient conservé jusqu'à aujourd'hui leurs caractères spécifiques. Le premier, qui serait arrivé entre 10 000 et 20 000 ans selon les paléolinguistes, dont le chef de file est Joseph H. Greenberg, et identifié par eux comme « Amérinde », correspondrait au Paléoindien des préhistoriens. Il serait à l'origine de la plupart des Amérindiens du continent, en dépit de leurs différenciations régionales, à l'exception des Athapaskans qui occupent aujourd'hui le nord-ouest de l'Amérique du Nord et l'Alaska. Ces derniers descendraient d'un flux postérieur à 10 000 B.P. (before present), constitué de populations parlant des langues de la famille na-déné. Ils auraient laissé, comme premières signatures archéologiques, les industries microlaminaires issues[...]

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