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POLYBE (entre 210 av. J.-C. et 202-env. 126 av. J.-C.)

L'historien de la conquête romaine

Politicien et homme de guerre, Polybe fut aussi homme de culture et de réflexion. Au cours de sa longue vie, il fut mêlé aux grands événements de son temps, et il approcha les personnages les plus considérables. Son expérience fut enrichie par de nombreux voyages qui lui permirent d'observer directement les pays et les peuples. Il est aussi certain que la vocation d'historien fut favorisée, chez cet homme d'action, par les loisirs forcés que lui valut son exil à Rome.

Il voulut, dans son œuvre, définir la nature et les causes des bouleversements politiques auxquels il assistait. Il voulut écrire une histoire pragmatique, c'est-à-dire celle des faits contemporains, permettant de comprendre son temps et pouvant être directement utile aux hommes d'État et aux chefs militaires. Polybe n'était pas un homme de cabinet, éloigné des tracas de son temps ; pourtant, il sut accumuler une très abondante information écrite et faire preuve de l'érudition nécessaire.

Trois œuvres de Polybe sont perdues : un Éloge de Philopæmen, un Traité de tactique et une Guerre de Numance. Son grand ouvrage, les Histoires, ne comptait pas moins de quarante livres, étudiant la période allant de la première guerre punique (264 av. J.-C.) à l'annexion de la Grèce par l'Empire romain (146 av. J.-C.). Seuls les cinq premiers livres nous sont parvenus en entier ; pour le reste, nous possédons des fragments plus ou moins abondants.

Le but de l'ouvrage est exposé dans l'introduction : « Qui donc, écrit Polybe, serait assez stupide ou frivole pour ne pas vouloir connaître comment et par quel mode de gouvernement presque tout le monde habité, conquis en moins de cinquante-trois ans, est passé sous une seule autorité, celle de Rome, fait dont on ne découvre aucun précédent ? » Il s'agit donc de l'histoire du triomphe de Rome sur Carthage et de l'expansion romaine dans l'Orient grec, qui en fut la conséquence. Pour le Grec Polybe, il s'agissait tout particulièrement d'une réflexion sur les causes et les modalités de la perte de l'indépendance de sa patrie.

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Pour citer cet article

Claude LEPELLEY. POLYBE (entre 210 av. J.-C. et 202-env. 126 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALEXANDRIE

    • Écrit par André BERNAND, Jean-Yves EMPEREUR, Jean-Marc PROST-TOURNIER
    • 5 666 mots
    • 3 médias
    ...des agitateurs ou des révoltés. L'importance d'Alexandrie faisait du même coup sa faiblesse : car être maître de la capitale, c'était posséder l'Égypte. Polybe, l'historien qui visita l'Égypte sous le règne de Ptolémée VIII Évergète II (roi d'Égypte de 170 à 163 av. J.-C., de Cyrénaïque...
  • FOI

    • Écrit par Edmond ORTIGUES
    • 10 465 mots
    ...maintient avec plus de force l'État que la foi [= crédit] qui ne peut exister sans la nécessité de payer ses dettes » (ibid., II, 24). L'historien grec Polybe estime que la supériorité des Romains sur les autres peuples vient de ce qu'ils ont su édifier sur la religion populaire une morale rationnelle...
  • HISTOIRE (Histoire et historiens) - Les usages sociaux de l'histoire

    • Écrit par Olivier LÉVY-DUMOULIN
    • 3 818 mots
    • 3 médias
    ...particularité : la difficulté à discriminer la vocation partisane de la véritable entreprise de savoir. Au iie siècle avant J.-C., l'historien grec Polybe, otage de Rome, se demande dans son œuvre pour quelles raisons le monde ne plus fait qu'un sous la conduite de Rome. Polybe l'affirme : son histoire...
  • PUNIQUES (GUERRES)

    • Écrit par Gilbert-Charles PICARD
    • 4 946 mots
    • 5 médias

    On appelle guerres puniques le conflit qui opposa Carthage à Rome, de 264 à 146 avant J.-C., et qui se termina par la destruction de Carthage. L'emploi de cette expression implique qu'on adopte le point de vue romain, le seul qui soit connu, puisque tous les témoignages émanent d'historiens latins...

Voir aussi