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POINTS CHAUDS, géophysique

La formation des trapps basaltiques

En 1975, Whitehead et Luther ont montré que la forme d'un panache dépend du contraste de viscosité entre le fluide qui constitue le panache et le fluide qui l'entoure. Dans le cas où le panache est plus chaud et moins visqueux que le manteau environnant, le panache a une forme de champignon, avec une large « tête » plutôt sphérique et une queue étroite et cylindrique (fig. 2). Cette découverte a permis à Jason Morgan, en 1981, d'expliquer une observation très intéressante : un bon nombre de chaînes volcaniques engendrées par un point chaud se terminent par des plateaux de basalte continentaux, appelés des trapps. C'est le cas, par exemple, de la chaîne du point chaud de l'île de la Réunion, qui se termine en Inde par les trapps du Deccan, formés il y a 66-65 Ma. Ces trapps occupent une surface de 1 million de kilomètres carrés et leur épaisseur peut atteindre 2 kilomètres. Les trapps comme celui du Deccan, du Paraná (Brésil) ou de Sibérie sont des épanchements colossaux de basaltes où, en moins de 1 million d'années, plus de 1 million de kilomètres cubes de laves se sont épanchées en surface. Selon Jason Morgan, l'arrivée d'une large tête de panache pourrait engendrer un volume important de magma qui, une fois émis, aurait constitué les trapps continentaux. En revanche, la chaîne volcanique serait alimentée par les remontés de roches chaudes dans la queue du panache. Dans cette hypothèse, la queue du panache a une durée de vie de plusieurs dizaines de millions d'années et sa position géographique reste relativement stable dans le manteau. En 1989, Richards, Duncan et Courtillot conclurent que les panaches mantelliques sont responsables de la formation des trapps et aussi des plateaux océaniques selon qu'un panache arrive sous la lithosphère continentale ou océanique (fig. 1). Le terme Large Igneous Province (LIPs) est fréquemment utilisé pour indiquer à la fois les trapps continentaux et les plateaux océaniques. L'immense plateau océanique d'Ontong Java (une surface de 2 millions de kilomètres carréset un volume de plusieurs dizaines de millions de kilomètres cubes) aurait été formé il y a 119-125 Ma par l'arrivée du panache de Louisville. On pourrait se demander où est le plateau océanique formé à l'arrivée du panache d'Hawaii. On pense qu'il a été subducté, là où la fosse de subduction des Kouriles rejoint celle des Aléoutiennes, et qu'il a donc disparu dans les profondeurs du manteau.

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Pour citer cet article

Cinzia FARNETANI. POINTS CHAUDS, géophysique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CAMEROUN MONT

    • Écrit par Yves GAUTIER
    • 168 mots

    Le mont Cameroun se situe sur la façade maritime du Cameroun, à une vingtaine de kilomètres des côtes du golfe de Guinée. Il est né d'un volcanisme intra-plaque (volcan-bouclier) ; son dynamisme éruptif est de type hawaiien (effusif avec des fontaines de lave) et les produits émis sont plutôt des...

  • EAU DU MANTEAU TERRESTRE

    • Écrit par Édouard KAMINSKI
    • 2 666 mots
    • 3 médias
    ...on obtient alors une teneur de 120 à 240 ppm dans le matériau source. Un autre type de volcanisme important dans les domaines océaniques est celui des points chauds, comme Hawaii ou La Réunion. Le manteau fondant au niveau des points chauds apparaît plus hydraté que le manteau supérieur à la source des...
  • ÉRUPTIONS VOLCANIQUES

    • Écrit par Édouard KAMINSKI
    • 3 939 mots
    • 7 médias
    Auniveau des points chauds, la croûte océanique est plutôt épaisse et la fusion réduite (de l'ordre de 5 p. 100). La chimie du magma produit est différente de celle des MORB, et est plus riche en silice et en éléments alcalins. Les magmas de points chauds sont dénommés OIB (de l'anglais...
  • PITON DE LA FOURNAISE

    • Écrit par Andrea DI MURO
    • 2 560 mots
    • 7 médias
    ...en plus récent vers le sud-ouest. Cet immense alignement volcanique serait lié aux percements successifs verticaux des plaques lithosphériques en mouvement par un panache mantellique fixe. Le piton de la Fournaise correspond aupoint chaud actif actuel à l'aplomb de ce panache mantellique profond.
  • Afficher les 17 références

Voir aussi