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PLINE L'ANCIEN (23-79)

L'« Histoire naturelle »

Pline assure qu'il avait utilisé deux mille volumes pour rassembler la matière de cette vaste enquête sur la nature. Il donne l'indication de ses sources. La curiosité de Pline ne se limite pas aux phénomènes naturels proprement dits, mais à tout ce qui trouve sa matière dans la nature, par exemple les œuvres d'art (statuaire, peinture). En composant cet ouvrage, Pline suit l'exemple des encyclopédistes romains qui l'ont précédé (notamment Varron, au siècle précédent). Une intention philosophique domine l'œuvre : l'idée d'une Nature « souveraine créatrice et ouvrière de la Création » (Hist. nat., XXII, 117 ; XXIV, 1, etc.), idée surtout stoïcienne en son principe, mais assez généralement répandue à Rome. Elle explique que l'auteur déclame volontiers contre tout ce qui déforme et corrompt la nature : le luxe, les mœurs déréglées, etc. L'Histoire naturelle a des résonances morales qui font écho aux idées reçues alors : il serait injuste de voir dans ces pages des développements de pure rhétorique.

Le premier livre est la liste des sources. Le livre II expose la structure de l'univers. Les livres III à VI sont consacrés à la géographie : les livres VII à XI aux animaux (êtres humains et autres, tous les animalia, ce qui est animé) ; les livres XII à XIX à la botanique ; les livres XX à XXXII à la médecine ; les livres XXXIII à XXXVII aux minéraux, métaux, pierres et œuvres d'art exécutées à partir de ces matériaux.

L'Histoire naturelle contient donc la somme des connaissances de ce temps, connaissances fort mêlées, les unes déjà scientifiques, la grande masse de caractère folklorique. Les conceptions générales sur la structure du monde, dont le Soleil est l'âme, et où la divinité, unique, est partout, se rattachent plus à une vulgate philosophique qu'à une école déterminée. Les données sur les peuples et les pays lointains sont empruntées au stoïcien Posidonius ; Pline tient compte aussi des explorations effectuées plus récemment. Son livre est un bilan, et longtemps il symbolisera tout le savoir humain.

— Pierre GRIMAL

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

Classification

Pour citer cet article

Pierre GRIMAL. PLINE L'ANCIEN (23-79) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 06/04/2023

Autres références

  • HISTOIRE NATURELLE. LIVRE XXXV, Pline l'Ancien - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 1 070 mots

    Celui qui est, avec Varron, le plus célèbre des encyclopédistes romains, Pline l'Ancien, de son nom latin Gaius Plinus Secundus (23-79) – Pline le Jeune (61-114 env.), le grand épistolier du monde romain, était son neveu et son fils adoptif –, a consacré un livre, le livre XXXV, de...

  • APELLE (IVe s. av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 2 450 mots
    • 1 média

    Connu essentiellement par des textes de Pline l'Ancien et de Lucien, Apelle se vit attribuer, à la Renaissance, une place d'honneur parmi les maîtres de l'art. Comment expliquer le paradoxe de cette fascination, purement intellectuelle, pour un peintre dont on ne possède plus aucun tableau...

  • BOTANIQUE (HISTOIRE DE LA)

    • Écrit par et
    • 4 843 mots
    • 1 média
    ...Latins, les débuts de la botanique sont à base d'agronomie (Caton, Varron, Columelle), puis également de médecine. Ce sont les Histoires naturelles de Pline l'Ancien, mort en 79 après J.-C., qui revêtent le plus d'importance. Plus générales mais aussi pratiques que le Dioscoride, elles ont avec lui,...
  • BUDÉ GUILLAUME (1468-1540)

    • Écrit par
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    ...des Pandectes répondait à la nécessité de bien interpréter dans les textes des jurisconsultes, des historiens, ou dans l'Histoire naturelle de Pline, les notations chiffrées (monnaies, mesures). Aucune juste représentation du passé n'était en effet possible sans ce genre d'évaluation. Mais l'entreprise...
  • CRITIQUE D'ART, Antiquité gréco-romaine

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    Appliquer au monde antique le concept de critique d'art se révèle une tâche délicate en raison des conditionnements, hérités en grande partie du xixe siècle, qui tendent à faire prendre à tort pour naturelles et obvies des catégories comme celles d'artiste, d'œuvre d'art ou de critique. Dans...

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