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PÉLITES

Pélites d'origines diverses

Les pélites volcano-détritiques, qui sont improprement appelées cinérites (latin cinis, cineris, cendres) car elles résultent de la cimentation non pas de cendres, résidus de combustion, mais bien de granules et de poussières volcaniques, peuvent s'être déposées à sec sur un sol qu'elles fossilisent, comme celles du massif du Mont-Dore, blanches et porcelanées. Beaucoup se sont sédimentées dans les lacs, emprisonnant des débris végétaux, des batraciens, des poissons et des insectes, comme les cinérites du lac Chambon en Auvergne. Au Carbonifère, des lits de fines poudres volcaniques devenues dures sont appelés tonstein (pierre d'argile) dans les bassins houillers nordiques et gore dans celui de Saint-Étienne. Les tonsteins sont caractérisés par la présence de leverriérite, association de lamelles de micas gonflés comme des accordéons par croissance épitaxique de kaolinite entre les feuillets. Cinérites et tonsteins, lorsqu'ils se sont déposés sur un vaste territoire, ont un grand intérêt stratigraphique car ils représentent un moment quasi-instantané de l'histoire de la Terre (téphrochronologie). On peut rattacher aux cinérites les argilolites (pélites au sens strict de certains auteurs), issues de la décomposition de matériaux volcaniques (exemple : permien de Lodève).

Les pélites calcaires, ou calcilutites, ont un ciment cristallisé (sparite) ou non (micrite) ; les éléments étrangers au ciment (ou allochèmes) peuvent être des débris de fossiles (foraminifères en particulier), des micro-oolites, des microgranules ou des intraclastes arrachés à un dépôt calcaire déjà consolidé avec une petite proportion d'argile. Ces roches sont très fréquentes dans la série géologique, en particulier dans les épisodes carbonatés du Jurassique (Dogger du bassin de Paris, Tithonique alpin, etc.), où elles ont été exploitées comme calcaire lithographique.

On appelle parfois grauwackes de décalcification d'anciennes pélites calcaires dont les fossiles, dissous aux affleurements, ont laissé leur moule en creux (grauwackes du Coblencien des Ardennes).

Les pélites argilo-calcaires, sortes de marnes consolidées, peuvent receler une microfaune et une microflore riches en restes d'organismes planctoniques.

Les ampélites sont des pélites qui contiennent une forte proportion de matière carbonée dérivée de matières organiques, et sont riches en pyrite, d'où leur usage ancien pour amender les vignes (en latin ampes). Les ampélites du Silurien ont conservé des restes de graptolites préservés par une mince pellicule de matière charbonneuse.

Il faut noter enfin que les pélites peuvent constituer la matrice de certains schistes, grès et conglomérats. Ainsi les calcschistes présentent-ils une alternance de lits calcaires et de lits pélitiques silico-alumineux. Certaines molasses, roches accumulées dans les dépressions lacustres ou marines, au pied de reliefs en voie de surrection, sont des grès microconglomératiques à ciment calcaro-pélitique. Le ciment des tillites, formations d'origine glaciaire faites d'un mélange consolidé d'éléments de tailles variées, est assez souvent pélitique.

— Charles POMEROL

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des sciences, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Autres références

  • GRANULOMÉTRIE

    • Écrit par
    • 2 950 mots
    • 5 médias
    – les pélites, au-dessous de 50 μm, subdivisées en : limons grossiers, de 50 à 20 μm ; limons fins, de 20 à 2 μm ; argiles, au-dessous de 2 μm (le sens du mot « argile », ici purement dimensionnel, diffère du sens minéralogique).
  • MARNES

    • Écrit par
    • 989 mots
    • 1 média
    ...sont mouillées. Mais, à la différence des argiles, elles font effervescence avec les acides à cause de la présence du calcaire. La finesse des particules constitutives (minéraux argileux, carbonates et, parfois, silice en faible quantité) place les marnes dans le groupe des lutites, ou pélites.
  • PLOMB

    • Écrit par , , et
    • 6 736 mots
    • 3 médias
    – environnement réducteur (pélites noires, shales carbonés et dolomitiques) ;