PÉKIN (JEUX OLYMPIQUES DE) [2008] Contexte, organisation, bilan
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Réuni pour sa cent douzième session du 12 au 16 juillet 2001 à Moscou, le C.I.O. s'attaque à un ordre du jour chargé : il doit choisir la ville d'accueil des XXVIes Jeux d'été de 2008, puis élire l'homme qui succédera à Juan Antonio Samaranch à sa présidence. Cinq villes sont candidates : Istanbul (Turquie), ̄Osaka (Japon), Paris (France), Pékin (Chine) et Toronto (Canada). En fait, même si Paris nourrit quelques espoirs, le suspense est mince : Samaranch, exprimant en quelque sorte une « dernière volonté », est un ardent partisan de la candidature chinoise ; en outre, Pékin fut battue de très peu en 1993 par Sydney (deux voix) pour les Jeux de l'an 2000 et préféra « faire l'impasse » pour 2004 afin de mieux se préparer dans l'optique de 2008. Le 13 juillet, dès le second tour de scrutin, Pékin réunit cinquante-six voix, ce qui constitue la majorité absolue, Toronto ralliant vingt-deux suffrages, Paris dix-huit, Istanbul neuf. L'Empire du Milieu organisera donc les Jeux en 2008. Le 16 juillet, le Belge Jacques Rogge est élu président du C.I.O. Selon les propres termes du nouvel homme fort du mouvement olympique, en confiant l'organisation des XXVIes jeux Olympiques d'été à Pékin, le C.I.O. a voulu « aller dans le sens de l'histoire ». On peut certes estimer qu'un pays qui rassemble un quart de la population de la planète est digne d'organiser les Jeux. Mais on peut aussi penser qu'un État qui vit alors au rythme de la campagne Yan da (« Frapper fort »), orchestrée par le Parti communiste, avec ses deux cents exécutions capitales hebdomadaires, n'a cure des valeurs de l'olympisme.
Le comité d'organisation (Beijing Organizing Committee for the Olympic Games, B.O.C.O.G.) est institué le 13 décembre 2001. Il définit son slogan (« Un monde, un rêve ») et fixe les principes directeurs de son action : organiser des jeux Olympiques « verts », « de haute technologie » et « pour le peuple ». En effet, avec les Jeux, la Chine souhaite démontrer qu'elle s'inscrit comme une grande puissance ouverte sur le monde du xxie siècle. Elle est attendue dans plusieurs domaines : les transports, l'urbanisme, la pollution et l'environnement, les droits de l'homme...
Le pays se lance dans de multiples chantiers : l'aéroport international est doté d'un nouveau terminal, le plus grand du monde, conçu par Norman Foster ; la nouvelle gare sud et la ligne ferroviaire à grande vitesse Pékin-Tianjin sont inaugurées quelques jours avant les Jeux ; trois nouvelles lignes de métro sont mises en service en juillet 2008, ce qui fait passer la longueur du réseau de 113 à 200 kilomètres. Un vaste plan de rénovation urbaine mobilise pendant deux ans deux millions de mingongs (migrants venus des campagnes), dont les conditions de travail sont très pénibles. De multiples bâtiments ultramodernes sortent de terre, mais une partie du patrimoine historique du Vieux Pékin est sacrifiée sur l'autel olympique, alors que trois cent mille résidents du centre-ville sont expulsés et voient leurs logements rasés. Quelque 26,5 milliards de dollars (17 milliards d'euros) sont consacrés par la Chine à la modernisation des transports et aux travaux d'urbanisme. Sur le plan de la pollution et de l' environnement, la Chine fait des efforts considérables : 20 p. 100 de l'énergie nécessaire au fonctionnement des sites olympiques provient de sources éoliennes et solaires ; durant les Jeux, la moitié des déchets sont recyclés ; près de quatre mille bus roulant au gaz naturel sont mis en service ; la circulation alternée est instaurée ; des centaines d'activités industrielles sont interrompues. Grâce à toutes ces mesures, qui coûtent 17 milliards de dollars (10,7 milliards d'euros), le ciel de Pékin est étonnement dégagé durant les Jeux.
Quant à l'épineuse question des droits de l'homme, elle se voit totalement occultée pendant la quinzaine olympique. Pourtant, au printemps de 2008, des manifestations de moines bouddhistes au Tibet, qualifiées d'« émeutes » par Pékin, sont réprimées avec une extrême violence par les autorités chinoises (on compte une centaine de morts). La communauté internationale s'émeut légitimement ; diverses personnalités politiques critiquent vivement la Chine ; le relais de la flamme olympique est accompagné par des manifestations hostiles, à Londres, Paris, San Francisco et Buenos Aires notamment. Des organisations de défense des droits de l'homme appellent au boycottage des Jeux de Pékin, plusieurs chefs d'État déclarent qu'ils n'assisteront pas à la cérémonie d'ouverture, certains sportifs précisent qu'ils feront entendre une voix réprobatrice durant les Jeux... En définitive, quatre-vingt-dix chefs d'État (quatre fois plus qu'à Athènes en 2004) assistent à la cérémonie d'ouverture, aucun sportif n'esquisse le moindre geste contestataire à Pékin, le silence des défenseurs des droits de l'homme durant la période des Jeux est assourdissant... Les appels au boycottage des militants des droits de l'homme ont donc pesé fort peu face à la Realpolitik et au souci de ne pas offenser le pays préféré des investisseurs de la planète.
La Chine entreprend des travaux pharaoniques pour les infrastructures sportives. Le Parc olympique (surnommé par les Anglo-Saxons « Olympic Green » car les préoccupations écologiques sont prises en compte pour la construction de toutes les installations) est le cœur des Jeux. Édifié par les architectes Jacques Herzog et Pierre de Meuron pour 325 millions d'euros, le Stade national (le « nid d'oiseau »), enceinte gigantesque (333 mètres de longueur, 269 mètres de largeur, 69 mètres de hauteur) d'une capacité de quatre-vingt-onze mille places, à l'originale structure en acier, est le théâtre des cérémonies d'ouverture, de clôture, des compétitions d'athlétisme et de la finale du tournoi de football. Le Centre national de natation (le « cube d'eau »), dont le coût est estimé à 150 millions d'euros, est l'autre joyau du Parc olympique : la structure extérieure du bâtiment est faite en éthylène-tétrafluoroéthylène (EFTE), un matériau plastique transparent résistant aux différences de pression et de température qui laisse entrer la lumière solaire ; il est doté d'un système d'éclairage à base de LED (diodes luminescentes) qui permet des économies d'énergie et peut lui donner différents aspects colorés du plus bel effet ; les exploits des nageurs font vibrer dix-sept mille spectateurs. Le Palais national omnisports (dix-neuf mille places) accueille les épreuves de gymnastique et la finale du tournoi de handball. Le Centre national de congrès est construit pour les compétitions d'escrime. Édifié sur près de 17 hectares, le Centre de tennis compte seize courts (le court central peut recevoir dix mille spectateurs). Au sein du Parc olympique sont aussi implantées deux infrastructures temporaires : le stade de hockey sur gazon (dix-sept mille places) et une jolie aire de tir à l'arc (cinq mille places) en forme de V.
Le village olympique se trouve au cœur du Parc olympique. Ce complexe de 66 hectares compte quarante-deux résidences (vingt-deux bâtiments de six étages, vingt de neuf étages) ; il est entouré d'une forêt de 39 hectares, alors que ses concepteurs s'appuient sur les technologies environnementales innovantes en matière d'énergie (des lampes à panneaux solaires éclairent les jardins, les résidences sont chauffées et climatisées grâce à un mécanisme non polluant de thermopompe hydraulique).
En dehors du Parc olympique, la Chine construit spécialement pour les Jeux sept autres enceintes sportives : près du Parc, à l'ouest, le gymnase de l'université des sciences et technologies (huit mille places) accueille les épreuves de judo et de taekwondo, le gymnase de l'université de l'agriculture de Chine (huit mille deux cents places) voit combattre les lutteurs ; un peu plus à l'ouest, les très populaires épreuves de tennis de table se déroulent dans le gymnase de l'université de Pékin (huit mille places) ; toujours plus à l'ouest, le palais de tir (huit mille six cents places) est la première enceinte nouvelle officiellement inaugurée ; à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest du Parc, le palais omnisports de Wukesong (dix-huit mille places) accueille le tournoi de basket-ball ; dans le sud-est de la ville, le gymnase de l'université des technologies industrielles de Pékin (sept mille cinq cents places) est dédié aux épreuves de badminton et de gymnastique rythmique ; situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Pékin, le vélodrome de Laoshan (six mille places), ultramoderne, est couvert d'une immense lucarne (56 mètres de diamètre) juchée à 33 mètres du sol, laquelle permet à la fois de laisser passer la lumière solaire pour assurer les besoins du bâtiment en énergie et de la réfracter afin de ne pas gêner les compétiteurs. C'est également à Laoshan qu'est tracé, sur des chemins caillouteux, le parcours des épreuves de V.T.T. et qu'est construit le circuit de B.M.X. Des aires de beach-volley, qui peuvent recevoir douze mille spectateurs, sont implantées dans le parc de Chaoyang. Pour l'aviron et le canoë-kayak, le site de Shunyi, sur la rivière Chaobai, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Pékin, est choisi, car sa topographie permet d'organiser les épreuves en ligne et les épreuves en eaux vives (slaloms de canoë-kayak). Bien sûr, les sites historiques sont mis en valeur : le circuit de la course cycliste sur route est tracé le long de la Grande Muraille ; les compétitions de triathlon se déroulent près du site des Tombeaux des Ming, à une cinquantaine de kilomètres de Pékin.
Par ailleurs, de multiples infrastructures sont rénovées à l'occasion des compétitions olympiques. Les matchs de volley-ball se répartissent entre le gymnase de l'université polytechnique de Pékin (cinq mille places), doté d'une spectaculaire toiture en « chauve-souris », et le palais des sports de la capitale (dix-sept mille places). Les épreuves d'haltérophilie ont lieu dans le gymnase de l'université de l'aéronautique et de l'aérospatiale (cinq mille quatre cents places). Construits en 1990, le stade (quarante mille places) et le gymnase (six mille trois cents places) du Centre sportif olympique servent pour plusieurs matchs de football, certaines épreuves de pentathlon moderne et les matchs préliminaires de handball. Situé dans le district de Chaoyang, le Palais omnisports des travailleurs, inauguré en 1961, est agrandi (treize mille places) et voit combattre les boxeurs. Enfin, pour deux disciplines, les épreuves sont « délocalisées » : le centre nautique de Qingdao est construit sur la baie de Fushan, face à la mer Jaune, pour la voile ; signe politique fort, les compétitions d'équitation se déroulent dans le centre équestre de Hong Kong (dix-huit mille places). Le B.O.C.O.G. indique que les constructions et rénovations des infrastructures sportives coûtent 13 milliards de yuans (1,3 milliard d'euros), pris en charge pour moitié par l'État, pour moitié par la municipalité de Pékin.
Les questions de sécurité sont bien évidemment traitées avec un grand sérieux, et la Chine déploie des moyens à son échelle : cent mille policiers et cent vingt mille vigiles, aidés par près de trois cent mille volontaires, quadrillent la ville. Tous les sites olympiques sont entourés de palissades. de multiples équipements de contrôle et d'alarme sont installés. le réseau métropolitain fait l'objet d'une surveillance accrue. les passagers doivent montrer une pièce d'identité pour acheter des tickets de bus ou de train... En outre, la police offre des récompenses (jusqu'à 500 000 yuans, soit 45 000 euros) à quiconque fournirait des informations permettant de prévenir les crimes, tous les mingongs sont chassés de la ville, les Pékinois sont « invités » à rester chez eux, sauf pour venir assister aux épreuves. En effet, plus que la menace terroriste, qui bien sûr n'est pas négligée (des exercices antiterroristes préparent depuis longtemps les forces de l'ordre à riposter aux attaques chimiques ou aux détournements d'avion), c'est la sécurité intérieure qui fait l'objet de toutes les attentions : la capitale de l'Empire du Milieu doit montrer au monde qu'elle est un havre de paix. Les dépenses liées à la sécurité des Jeux sont évaluées à 300 millions d'euros, soit bien moins que pour les Jeux d'Athènes en 2004 (1,2 milliard d'euros).
Une nouvelle fois, l'essentiel des recettes du B.O.C.O.G. vient du marketing olympique et des droits de retransmission télévisée. Ceux-ci, qui se montaient à 1,494 milliard de dollars en 2004, sont en forte augmentation et se situent à 1,739 milliard de dollars (soit 1,08 milliard d'euros selon le cours en vigueur en août 2008), dont 851 millions de dollars (538 millions d'euros) entrant directement dans les caisses du B.O.C.O.G. La chaîne N.B.C. verse 893 millions de dollars (793,5 millions en 2004) pour diffuser les Jeux en exclusivité aux États-Unis : cet investissement s'avère très rentable, car deux cent quinze millions de téléspectateurs américains suivent les Jeux et la chaîne bat son record d'audience pour un samedi soir le jour où Michael Phelps remporte sa huitième médaille d'or (plus de trente millions d'Américains sont rivés devant leur écran ce soir-là). Il faut néanmoins préciser que le C.I.O. avait accepté de bouleverser le programme des compétitions de natation afin de permettre à N.B.C. de diffuser les finales en prime time : celles-ci ont lieu le matin à Pékin, ce qui aurait pu priver les champions de leurs repères. L'Eurovision s'acquitte de son côté de 443 millions de dollars (394 millions en 2004). Jamais la couverture télévisée n'avait connu une telle ampleur : la China Central Television propose 5 000 heures de programmes ; plus de trois cent cinquante chaînes diffusent les Jeux dans deux cent vingt pays et territoires ; plus de quatre milliards trois cents millions de téléspectateurs suivent les compétitions. En outre, pour la première fois, toutes les épreuves sont retransmises en haute définition, un service de vidéo à la demande est mis en place ; Par ailleurs, le site Internet du B.O.C.O.G. revendique cent cinq millions de visiteurs uniques. Quelque vingt et un mille cinq cents journalistes couvrent les Jeux : le centre international de radio-télévision (90 000 mètres carrés), situé dans le nouveau Palais des congrès, et le centre principal de presse (60 000 mètres carrés) sont à leur disposition. En outre, la « tour de la télévision » (234 mètres de hauteur, un camaïeu de couleurs d'une infinie beauté), édifiée par Rem Koolhaas, est un joyau architectural. Les divers programmes de sponsoring font entrer 1,218 milliard de dollars dans les caisses. Le succès populaire est au rendez-vous. Pour assurer celui-ci, le B.O.C.O.G. instaure une politique de prix « incitative », afin de tenir compte du pouvoir d'achat local : certains billets d'entrée sont vendus moins de 3 dollars. Six millions cinq cent mille spectateurs assistent aux compétitions, 95,6 p. 100 des billets trouvant preneur, ce qui constitue de loin le record pour les Jeux d'été (seulement 71 p. 100 des billets avaient été vendus en 2004 à Athènes). Néanmoins, du fait de la politique de prix, la recette ne se monte qu'à 185 millions de dollars.
Les Jeux de Pékin réunissent deux cent quatre pays et territoires (deux cent un à Athènes). Aucun sport n'intègre le programme (le wushu, un art martial chinois, est néanmoins sport de démonstration), mais les compétitions cyclistes s'enrichissent des courses de B.M.X. Le nombre d'épreuves est stable : on en compte trois cent deux (trois cent une à Athènes). La participation connaît pourtant un accroissement : dix mille neuf cent quarante-deux sportifs et sportives prennent part aux compétitions (dix mille six cent vingt-cinq à Athènes). Cette augmentation s'explique en partie par la pléthorique délégation chinoise : les concurrents chinois sont six cent trente-neuf (ils étaient quatre cent sept à Athènes) ; jamais un pays n'avait engagé autant de sportifs aux Jeux.
Deux champions hors norme marquent cette édition de leur empreinte : l'athlète jamaïquain Usain Bolt remporte les 100, 200 et 4 fois 100 mètres en battant à chaque fois le record du monde – un exploit inédit ; le nageur américain Michael Phelps fait mieux que son compatriote Mark Spitz à Munich en 1972 : huit courses, huit médailles d'or, assorties de sept records du monde. En outre, ils ne sont pas les seuls à briller à Pékin. En athlétisme, l'Éthiopien Kenenisa Bekele et sa compatriote Tirunesh Dibaba réalisent le doublé 5 000-10 000 mètres, la perchiste russe Elena Isinbaeva bat le record du monde (5,05 m). Le « cube d'eau » voit se multiplier les performances de choix : vingt-cinq records du monde de natation sont améliorés ; l'Australienne Stephanie Rice s'adjuge trois médailles d'or, l'Allemande Britta Steffen gagne les 50 et 100 mètres, la Britannique Rebecca Adlington remporte les 400 et 800 mètres. En cyclisme sur piste, le puissant Britannique Chris Hoy s'adjuge trois médailles d'or. En gymnastique, le Chinois Zou Kai obtient trois médailles d'or, son compatriote Yang Wei deux médailles d'or et une médaille d'argent, l'Américaine Nastia Liukin s'adjuge cinq médailles, sa compatriote Shawn Johnson quatre. Par ailleurs, les sportifs professionnels multimillionnaires font pour la première fois du rendez-vous olympique l'un des objectifs majeurs de leur saison, à l'image des basketteurs américains LeBron James et Kobe Bryant, du tennisman espagnol Rafael Nadal ou du footballeur argentin Lionel Messi.
L'officieux classement des nations connaît un séisme, qui ne constitue pourtant pas une surprise : pour la première fois, la Chine occupe la première place du bilan. La Chine obtient en effet cinquante et une médailles d'or, vingt et une médailles d'argent et vingt-huit médailles de bronze, soit cent médailles au total (trente-deux médailles d'or et soixante-trois médailles au total en 2004). La Chine demeure hégémonique dans ses disciplines de prédilection : badminton (huit médailles, dont trois en or, pour cinq épreuves), gymnastique (quatorze médailles, dont neuf en or), tennis de table (les pongistes chinois remportent les quatre épreuves), haltérophilie (huit médailles d'or et une médaille d'argent pour dix engagés), plongeon (sept médailles d'or pour huit épreuves), tir (huit médailles, dont cinq en or). En outre, elle élargit sa palette : les Chinois obtiennent des médailles dans vingt-cinq des vingt-huit sports au programme. Le seul regret des Chinois est de ne pas réussir à briller dans les deux disciplines olympiques reines, l'athlétisme (deux médailles de bronze) et la natation (six médailles, dont une en or). Les États-Unis rétrogradent donc à la deuxième place : pourtant, avec trente-six médailles d'or, trente-huit médailles d'argent et trente-six médailles de bronze, soit cent dix médailles au total, ils présentent un meilleur bilan qu'en 2004 (trente-cinq médailles d'or et cent trois médailles au total). La formation américaine d'athlétisme est créditée d'un honnête résultat : sept médailles d'or et vingt-trois médailles au total (huit médailles d'or et vingt-cinq médailles au total en 2004), mais cette performance est éclipsée par l'émergence des sprinters de la Jamaïque dans le « nid d'oiseau ». En revanche, l'équipe américaine de natation règne dans le « cube d'eau » : douze médailles d'or et trente et une médailles au total (douze médailles d'or et vingt-huit médailles au total en 2004). La formation américaine de gymnastique présente un joli bilan : sept médailles (dont deux en or). Derrière les superpuissances sportives chinoise et américaine, la Russie conserve sa troisième place, mais elle enregistre un net recul : vingt-trois médailles d'or, vingt et une médailles d'argent et vingt-huit médailles de bronze, soit soixante-douze médailles au total (vingt-huit médailles d'or et quatre-vingt-douze médailles au total en 2004). La Russie obtient ses meilleurs résultats en lutte (onze médailles, dont six en or) et réalise une bonne performance en athlétisme (dix-huit médailles, dont six en or). Pour la Grande-Bretagne, l'effet « Londres 2012 » se fait déjà sentir : dixième en 2004 (neuf médailles d'or et trente médailles au total), elle obtient dix-neuf médailles d'or, treize médailles d'argent et quinze médailles de bronze, soit quarante-sept médailles au total (son meilleur bilan depuis les Jeux de Londres en 1908) et se hisse à la quatrième place. Les Britanniques survolent les compétitions de cyclisme sur piste (douze médailles, dont sept en or) : une préparation idéale au sein du magnifique Centre national de Manchester et un budget annuel de 8 millions d'euros expliquent sûrement ces résultats. Sixième en 2004 (treize médailles d'or et quarante-neuf médailles au total), l'Allemagne enraye une chute continue depuis 1996 : avec seize médailles d'or, dix médailles d'argent et quinze médailles de bronze, soit quarante et une médailles au total, elle se classe cinquième. En revanche, quatrième en 2000 et en 2004, l'Australie rétrograde à la sixième place, avec quatorze médailles d'or, quinze médailles d'argent et dix-sept médailles de bronze, soit quarante-six médailles au total. Comme souvent, la natation apporte à l'Australie ses plus belles satisfactions : vingt médailles (dont six en or, toutes obtenues par les femmes).
Le bilan de l'équipe de France, lui, est paradoxal. Les plus optimistes des augures espéraient quarante médailles, et la délégation tricolore obtient quarante et une médailles, battant le record de Sydney en 2000 (trente-huit médailles). Pourtant, une pointe d'amertume perce : en effet, seulement sept de ces quarante médailles sont en or, et la France, en recul constant depuis 1996 et Atlanta (cinquième place), glisse de la septième à la dixième place. Plusieurs des stars annoncées (Tony Estanguet, Laure Manaudou, Laura Flessel...) rentrent bredouilles de Pékin. A contrario, Alain Bernard, vainqueur du 100 mètres nage libre, entre de plain-pied dans la grande histoire du sport français. Par ailleurs, on peut se réjouir du fait que ces médailles viennent de seize disciplines différentes (contre treize pour les Britanniques, par exemple).
On note que le Kenya se classe treizième (six médailles d'or et quatorze médailles au total) et la Jamaïque quatorzième (six médailles d'or et onze médailles au total) : ces deux pays présentent la particularité de récolter toutes leurs récompenses en athlétisme, la discipline reine de l'olympisme. Enfin quatre-vingt-six délégations obtiennent une médaille au moins (soixante-quatorze en 2004), dont cinquante-quatre une médaille d'or au moins (cinquante-six en 2004).
Les Jeux de Pékin voient le triomphe de la Chine sur tous les plans – économique, diplomatique, politique, sportif. On peut ainsi lire dans le Beijing Youth Daily au lendemain des Jeux que, « grâce à l'organisation sans faille des Jeux de Pékin et à l'atmosphère conviviale, l'image d'un grand pays nouveau est apparue au reste de la planète ». La Chine propose en effet une manifestation à l'échelle de sa démesure (40 milliards d'euros investis en infrastructures), une armada de volontaires contribue à une organisation impeccable. Des stades pleins, des sites ultramodernes, une logistique infaillible, une avalanche de messages emplis de bons sentiments, il ne manque donc rien pour satisfaire le C.I.O. Seule ombre au tableau : si le public chinois se montre enthousiaste sur les sites, il est sciemment tenu à l'écart des réjouissances annexes. Durant la cérémonie de clôture, Jacques Rogge indique que « ce furent des Jeux vraiment exceptionnels ». Certes, mais ce furent sans doute les derniers de ce format. Sebastian Coe, le maître d'œuvre des Jeux de 2012 à Londres, indique clairement que la capitale britannique misera sur moins de gigantisme et plus de modestie, espérant redonner un peu d'insouciance au rendez-vous olympique.
Bibliographie
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P. Picquart, La Forme olympique de la Chine, Favre, Lausanne, 2008
S. Brownell, Beijing's Games : What the Olympics Mean to China, AltaMira Press, 2008
Guogi Xu, Olympic Dreams : China and Sports, 1895-2008, Harvard University Press, 2008.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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