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SAMARANCH JUAN ANTONIO (1920-2010)

Juan Antonio Samaranch, 1998 - crédits : The Asahi Shimbun/ Getty Images

Juan Antonio Samaranch, 1998

Homme de pouvoir ambitieux, diplomate averti maniant à la perfection le compromis, Juan Antonio Samaranch fut sans doute, après Pierre de Coubertin, le dirigeant le plus influent du mouvement olympique, sur lequel il régna durant vingt et un ans. Néanmoins, il est impossible de dresser son bilan sans évoquer les zones troubles de sa vie, notamment ses sympathies franquistes. La plupart des chantiers qu'il mit en œuvre durant son mandat de président du Comité international olympique (C.I.O.) – renforcer l'unité du mouvement olympique, ouvrir les Jeux aux meilleurs athlètes, y compris aux professionnels, donner une réelle place aux femmes sur les terrains sportif et administratif, lutter contre le dopage – furent des réussites. Mais, pour certains, le « marquis » a vendu les quelques restes de l'héritage du « baron » aux marchands du Temple, sur l'autel de la toute-puissance de l'argent : sous sa présidence, les revenus du C.I.O. furent multiplié par cent !

Né le 17 juillet 1920 à Barcelone d'un père qui a fait fortune dans le textile (confection de couvre-lits), Juan Antonio Samaranch se consacre d'abord à l'entreprise familiale, avant de mener de front une carrière de dirigeant sportif et d'homme politique. Ainsi, il intègre le Comité olympique espagnol en 1956 – il en sera le président de 1967 à 1970. Par ailleurs, ce Catalan qui ne cache pas son admiration pour le général Franco devient en 1954 conseiller municipal de Barcelone. C'est le début d'une carrière politique qui le verra secrétaire d'État aux Sports du Caudillo de 1967 à 1970, puis président du Conseil provincial de Catalogne de 1973 à 1977. Après la mort de Franco, il est ambassadeur à Moscou de 1977 à 1980 ; ce fin diplomate noue à ce poste de multiples relations qui lui serviront par la suite à actionner ses réseaux.

Juan Antonio Samaranch intègre le C.I.O. en 1966, devient son responsable du protocole en 1968, puis est membre de la commission exécutive en 1970 et vice-président en 1974. Le 16 juillet 1980, il est élu président du C.I.O., succédant au lord irlandais Michael Morris Killanin. À ce moment, le mouvement olympique est moribond : les Jeux de Moscou se voient boycottés par soixante-deux pays à l'appel du président des États-Unis, Jimmy Carter, et le C.I.O. ne constitue plus qu'une institution sans influence, otage des politiques. Il va profondément le réformer. Dès 1981, lors du congrès de Baden-Baden, le C.I.O., jusque-là très misogyne, coopte deux femmes ; lors de ce même congrès, Samaranch se prononce pour la suppression du mot « amateurisme » de la Charte olympique et relance l'idée de la création d'un Musée olympique, lequel ouvrira ses portes à Lausanne le 23 juin 1993. Si Samaranch ne peut éviter le boycottage des Jeux de Los Angeles en 1984 par l'Union soviétique et ses satellites, il lance, en 1985, avec son ami Horst Dassler, le programme T.O.P. (The Olympic Partners), qui réunit les sponsors et est destiné à multiplier les revenus financiers des Jeux. Il décide de l'alternance des Jeux d'hiver et d'été à partir de 1994, afin de donner aux premiers une meilleure visibilité et d'en dégager une plus forte rentabilité. En 1992, les Jeux se tiennent à Barcelone, chez lui. Le grand objectif qu'il s'était fixé, redonner au mouvement olympique son unité, est atteint : le temps des boycottages est révolu, et les professionnels participent officiellement aux compétitions. Il devra par la suite s'attaquer à un nouveau fléau : le dopage. Il propose, le 20 août 1998, la création d'une Agence mondiale antidopage, qui deviendra réalité le 10 novembre 1999 et dont le siège se trouve à Lausanne. Lorsqu'il transmet le flambeau à son successeur, le Belge Jacques Rogge, le 16 juillet 2001, le C.I.O. est devenu[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. SAMARANCH JUAN ANTONIO (1920-2010) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BACH THOMAS (1953- )

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 935 mots
    • 1 média
    Mais ses prises de position fermes et son fort tempérament ont séduit Juan Antonio Samaranch, élu président du C.I.O. en juillet 1980. En 1981, lors du congrès olympique de Baden-Baden, Juan Antonio Samaranch décide de créer une commission des athlètes au sein du C.I.O. : Thomas Bach est un des six...
  • CIO (Comité international olympique)

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 10 359 mots
    Le 16 juillet 1980, à l'occasion de la session de Moscou, Juan Antonio Samaranch est élu président du C.I.O. Le scrutin constitue un événement en lui-même : alors que le président était jusque-là désigné par consensus, plusieurs personnalités sont candidates : Samaranch, l'Allemand de l'Ouest Willy...
  • JEUX OLYMPIQUES

    • Écrit par Jean DURRY, Universalis, Pierre LAGRUE, Alain LUNZENFICHTER
    • 15 675 mots
    • 12 médias
    Bien peu, lors de la prise de fonctions de l'Espagnol Juan Antonio Samaranch, qui succédait en juillet 1980 en tant que président du CIO à l'Irlandais Michael Killanin, titulaire du poste depuis 1972, pensaient que les jeux Olympiques avaient encore un avenir. D'autant que le premier choc...
  • JEUX OLYMPIQUES - La Dream Team, symbole des Jeux professionnels

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 1 099 mots

    Le 16 juillet 1980, Juan Antonio Samaranch accédait à la présidence du C.I.O. Parmi les multiples réformes que le Catalan mit en œuvre, l'une des plus spectaculaires fut d'ouvrir les Jeux aux sportifs professionnels. Dès 1981, lors du congrès de Baden-Baden, il se prononce pour la suppression du...

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Voir aussi