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DURAND-RUEL PAUL (1831-1922)

Un marchand d’art passionné

En 1874, la crise économique force Durand-Ruel à suspendre ses achats, mais il ne cesse pas de soutenir ses artistes. Comme ils sont écartés du Salon par le jury des Beaux-Arts, il les encourage à organiser leur première exposition de groupe chez le photographe Nadar. Un journaliste qui se veut moqueur les qualifie alors d’« impressionnistes ». En 1876, le marchand accueille dans sa galerie leur deuxième exposition, à l’occasion de laquelle le critique d’art Edmond Duranty publie La Nouvelle Peinture, à propos du groupe de peintres qui expose dans les galeries Durand-Ruel. Il devient ainsi officiellement le représentant des impressionnistes.

Il recommence à acheter des tableaux en 1880 grâce à l’argent d’un commanditaire mais est entraîné par la faillite de ce dernier (quatre ans plus tard, ses dettes se montent à plus d’un million de francs). Il entreprend de lutter sur plusieurs fronts. À Paris, il organise des expositions monographiques pour affirmer l’originalité des artistes impressionnistes et souligner le sérieux d’une peinture toujours contestée. Ainsi, en 1883, se succèdent Boudin, Monet, Renoir, Pissarro et Sisley. Malgré l’échec commercial, le résultat est positif du point de vue critique, surtout pour Monet. Ces expositions individuelles permettent aussi de montrer les œuvres faites en série, comme les peupliers de Monet en 1892.

Parallèlement, Durand-Ruel prospecte de nouveaux marchés à l’étranger. En avril 1886, il inaugure à New York une exposition qui est, selon la presse, « l’événement culturel de l’année »: trois cents tableaux dont cinquante Monet, quarante-deux Pissarro, trente-huit Renoir, trente-trois Degas, dix-sept Manet, quinze Sisley… Il n’en vend que cinquante mais ne se décourage pas, il a foi dans la pédagogie pour attirer un nouveau public. En 1888, il ouvre à New York une galerie dont il confie la charge à ses fils. Il noue par ailleurs des contacts commerciaux avec l’Allemagne, collaborant à Berlin avec la galerie Paul Cassirer, faisant entrer ses peintres dans les collections publiques alors qu’en France les réticences restent vives. Ses efforts pour diffuser l’impressionnisme trouveront leur couronnement dans l’importante exposition des Grafton Galleries à Londres en 1905.

— Anne MARTIN-FUGIER

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Écrit par

  • : agrégée de lettres, docteure ès lettres, chercheuse à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Anne MARTIN-FUGIER. DURAND-RUEL PAUL (1831-1922) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Paul Durand-Ruel, A. Renoir - crédits : Archives Durand-Ruel/ Durand-Ruel & Cie

Paul Durand-Ruel, A. Renoir

Autres références

  • CLAUDE MONET ET L'IMPRESSIONNISME - (repères chronologiques)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 554 mots

    1862-1863 Monet, à Paris, se lie avec Bazille, Renoir et sans doute Sisley qui fréquentent comme lui l'atelier de Gleyre : c'est un des groupes d'artistes à l'origine du mouvement impressionniste.

    1865 Monet commence Le Déjeuner sur l'herbe (fragments au musée d'Orsay),...

  • NABIS

    • Écrit par Antoine TERRASSE
    • 3 183 mots
    • 5 médias
    ...de Boutteville de 1891 à 1896. Ambroise Vollard, qui allait éditer leurs plus belles lithographies, les accueillit en 1897 et 1898, puis la galerie Durand-Ruel en 1899. En ces dix années écoulées depuis la fondation du groupe, pendant lesquelles ils furent remarqués et suivis par Francis Jourdain,...
  • RENOIR AUGUSTE (1841-1919)

    • Écrit par Antoine TERRASSE
    • 2 832 mots
    • 9 médias
    ...juillet, c'est la guerre. Bazille y trouvera la mort. Renoir, appelé à Tarbes puis à Libourne, est démobilisé en mars 1871. En janvier 1872, le marchand Paul Durand-Ruel, qu'il a rencontré par l'intermédiaire de Monet et de Pissarro, lui achète quelques tableaux ; il travaille en été à Argenteuil, avec...
  • ROUSSEAU THÉODORE (1812-1867)

    • Écrit par Jeremy STRICK
    • 4 144 mots
    • 3 médias
    ...tentatives, non couronnées de succès, pour organiser d'autres expositions collectives. Il comptait aussi de plus en plus sur les marchands de tableaux, comme Durand-Ruel, pour exposer et vendre son œuvre. Alors que ces efforts lui valaient une certaine notoriété, sa peinture demeurait inconnue du grand public...

Voir aussi