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BENEVOLI ORAZIO (1605-1672)

Né à Rome le 19 avril 1605, le compositeur italien Orazio Benevoli est d'origine lorraine : son père, Robert Venouot, confiseur de profession, italianisera son nom en Benevoli après s'être établi à Rome. Le jeune Orazio est enfant de chœur à l'église Saint-Louis-des-Français (1617-1623), où il étudie la grammaire et le latin tout en s'initiant à la musique sous la férule de Vincenzo Ugolini et de Lorenzo Ratti.

En février 1624, peu avant ses dix-neuf ans, Benevoli est nommé maître de chapelle à Santa Maria in Trastevere, au Vatican ; en 1630, il succède à Gregorio Allegri comme maître de chapelle de Santo Spirito in Sassia, à Rome, où il exerce également les fonctions d'organiste et de professeur de musique. De 1638 à 1644, il est maître de chapelle de Saint-Louis-des-Français, où il a succédé à son maître Ugolini. À l'automne de 1644, il quitte l'Italie pour Vienne, où il devient Kapellmeister de l'archiduc Leopold Wilhelm de Habsbourg, frère de l'empereur d'Autriche Ferdinand III. Revenu à Rome au début de 1646, il prend le 23 février les fonctions de maître de chapelle de Sainte-Marie-Majeure ; le 7 octobre 1646, il succède à Virgilio Mazzocchi comme maître de chapelle de la Cappella Giulia à Saint-Pierre, poste qu'il conservera jusqu'à sa mort, survenue à Rome le 17 juin 1672. Benevoli aura notamment pour élèves Ercole Bernabei, Antimo Liberati et Paolo Lorenzani.

Benevoli semble s'être consacré uniquement à la musique sacrée : on lui attribue vingt-six psaumes, douze magnificat, des motets, des antiennes, des offertoires et des hymnes, une douzaine de messes. Dans la lignée des maîtres de la Renaissance, et notamment de Palestrina, le style de Benevoli se caractérise par sa polychoralité – dont témoigne son exemplaire messe Sine nomine, à seize voix (avant 1643) – et par une polyphonie accordant souvent la même importance à chacune des lignes qui la composent. Les messes Victoria (1643), In angustia (1656), Si Deus pro nobis (1660), In diluvium (1661), Tu es Petrus (1666-1667) et Maria prodigio sont toutes composées pour seize voix et toutes pour quatre chœurs et basse continue.

Mais Benevoli ne fut guère édité de son vivant, ce qui pose nombre de problèmes aux musicologues quant à l'attribution de certaines de ses œuvres. La controverse la plus aiguë concerne la célébrissime Missa salisburgensis, qui aurait été écrite pour l'inauguration de la cathédrale de Salzbourg en 1628. La notoriété de cette œuvre, qui ne sera redécouverte qu'à la fin du xixe siècle, est due autant à l'originalité de son écriture – ses parties instrumentales, notamment, se singularisent par une autonomie qui préfigure celle que prônera le xviiie siècle– qu'aux 53 voix qui la constituent et dont 16 seulement sont vocales, regroupées en deux chœurs de huit voix. L'effectif total de cette messe est le suivant : chœur 1 (8 voix et orgue), chœur 2 (2 violons et 4 altos), chœur 3 (2 hautbois, 4 flûtes et 2 trompettes), chœur 4 (2 cornets et 3 trombones), chœur 5 (8 voix, 2 violons et 4 altos), chœur 6 (4 trompettes, timbales), chœur 7 (4 trompettes, timbales et orgue), à quoi il faut ajouter une basse continue. Certains musicologues accréditent aujourd'hui l'hypothèse émise dans les années 1970 par le musicologue Ernst Hintermaier et donnent à Heinrich Ignaz Franz von Biber, éventuellement à Andreas Hofer, la paternité de ce chef-d'œuvre en le datant entre 1682 et 1683. Il semble malgré tout que, par son style polychoral récusant l'exubérance imitative, la virtuosité vocale demandée aux solistes, le mélange stylistique du baroque et de la tradition issue de la Renaissance où se côtoient figuralismes, contrepoints polyphoniques, modalité et tonalité, l'attribution de cette messe à Benevoli[...]

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

Classification

Pour citer cet article

Alain FÉRON. BENEVOLI ORAZIO (1605-1672) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GENTILESCHI ARTEMISIA (1593-vers 1654)

    • Écrit par Milovan STANIC
    • 1 130 mots
    • 1 média
    Le père d'Artemisia, Orazio Gentileschi, originaire de Pise, s'installe dès les années 1570 à Rome où naît Artemisia. Grand maître d'un maniérisme tardif, il est parmi les premiers à subir l'influence de son ami Caravage. Ayant remarqué le talent de sa fille, il lui enseigne la peinture dès...

Voir aussi