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GENTILESCHI ARTEMISIA (1593-vers 1654)

L'œuvre et la carrière de peintre d'Artemisia Gentileschi (1593-vers 1654) sont attentivement étudiés depuis les travaux pionniers du début du xxe siècle de Roberto Longhi, celui-là même qui, le premier, avait établi la filiation de la peinture d'Artemisia avec celle du Caravage. Ces études ont évolué, et d'une manière tout à fait spectaculaire depuis les années 1970, dans le sillage de l'historienne de l'art Linda Nochlin. La vie violente, tumultueuse et passionnée – à laquelle les premières sources sur l'artiste dont nous disposons se sont davantage intéressées qu'à l'œuvre – suscite de nos jours à nouveau la curiosité et stimule l'imaginaire à travers des films et biographies inégales. Une autre tendance de l'histoire de l'art a voulu prendre ses distances par rapport à cette historiographie sensationnaliste. Telle est l'attitude adoptée par Francesco Solinas et Roberto Contini, les commissaires de l'exposition Artemisia Gentileschi. Pouvoir, gloire et passions d'une femme peintre, qui s'est tenue au musée Maillol à Paris, du 14 mars au 15 juillet 2012.

L'« affaire Artemisia »

Le père d'Artemisia, Orazio Gentileschi, originaire de Pise, s'installe dès les années 1570 à Rome où naît Artemisia. Grand maître d'un maniérisme tardif, il est parmi les premiers à subir l'influence de son ami Caravage. Ayant remarqué le talent de sa fille, il lui enseigne la peinture dès son jeune âge, lui permettant de collaborer à des œuvres importantes.

L'« affaire Artemisia » a lieu au printemps de 1611, alors qu'Orazio travaille sur les chantiers de la salle du Conseil du palais du Quirinal et au Casino des Muses de l'actuel palazzo Pallavicini-Rospigliosi, assisté de son ami peintre Agostino Tassi. Ce dernier, qui donne des leçons à Artemisia, est également celui qui lui ravit sa virginité. Tassi ne tenant pas sa promesse de prendre Artemisia en mariage, Orazio lui intente un procès, un an plus tard, déclarant être inquiet pour la réputation et donc pour la carrière de sa fille, déjà « artiste bien établie ». Au cours du procès, qui se déroule en 1612 et dure plusieurs mois, Artemisia doit sous la torture donner des preuves des faits. Tassi est condamné à l'emprisonnement, puis à un exil provisoire. Quelques semaines seulement après le procès, Orazio marie honorablement sa fille au peintre florentin Antonio di Vincenzo Stiattesi, puis les envoie tous deux à Florence avec des recommandations pour la cour des Médicis, avec laquelle il entretient de bonnes relations, notamment avec la grande-duchesse Christine de Lorraine. Le couple est signalé dans la ville en 1614, dans les registres de l'Accademia del Disegno, où Artemisia est reçue en 1616, honneur suprême pour une femme. Peu après, elle est mentionnée comme artiste bien installée et reconnue.

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Milovan STANIC. GENTILESCHI ARTEMISIA (1593-vers 1654) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Judith et Holopherne, A. Gentileschi - crédits : Fototeca soprintendenza speciale per il PSAE e il polo museale della città di Napoli

Judith et Holopherne, A. Gentileschi

Autres références

  • BANTI ANNA (1895-1985)

    • Écrit par Jean-Michel GARDAIR
    • 715 mots

    Anna Banti (pseudonyme de Lucia Lopresti Longhi) est née à Florence Elle a excellé dans le roman historique et dans la nouvelle. Servie par une très vaste culture constamment mise à jour, son intelligence critique faisait merveille dans la revue Paragone, dont elle dirigeait la section littéraire...

Voir aussi