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KŌRIN OGATA (1658-1716)

À la fin du xviie siècle, en dépit du transfert du gouvernement shogunal à Edo (la future Tōkyō), Kyōto reste le centre intellectuel et artistique du Japon. L'aristocratie et les riches familles marchandes ont alors des intérêts communs : poésie, calligraphie, peinture, et chanoyu sont leurs passe-temps favoris. L'ère Genroku (1688-1704) vit tout à la fois l'apogée et le brusque déclin de ces grandes lignées bourgeoises qui furent bientôt ruinées par les daimyō, incapables de rembourser les sommes qu'elles leur avaient avancées.

Grandeur et décadence d'une maison de soieries

Depuis le début du xviie siècle, la maison de soieries Karigane-ya, fondée par la famille Ogata, avait prospéré sous le patronage des filles du daimyō Asai, épouses de Hideyoshi et du successeur de Ieyasu, Tokugawa Hidetada. La fille de ce dernier, mariée à l'empereur Go-Mizuno-o, fit, jusqu'à sa mort survenue en 1678, partie de sa clientèle. Le chef de cette firme, Ogata Sōken, grand amateur de , cultivait la peinture dans le style à la mode où se conjuguaient les tendances des Kanō et celles des Tosa, et il dut créer de nombreux ornements de kimono et de costumes de , si somptueux à cette époque. Bon calligraphe, il restait dans la tradition de Kōetsu, dont son grand-père avait été le beau-frère et que son père avait suivi à Takagamine. Sōken encouragea les dons de son second fils Ichinojō et, après l'avoir initié à la peinture, le confia à Yamamoto Sōken, de l'atelier des Kanō.

Ichinojō mena dans sa jeunesse la vie facile des fils de famille, fréquentant aristocrates et daimyō et partageant leurs divertissements coûteux. Bien qu'ayant hérité en 1678 d'une partie de la fortune et des collections familiales, il se trouva, à partir de 1693, dans une situation d'autant plus difficile que la Karigane-ya périclitait et devait faire faillite en 1697. Il dut, à ce moment, songer à tirer profit de ses talents de peintre pour subvenir à ses besoins et c'est vers cette date qu'il prit le nom de pinceau de Kōrin, sous lequel il devait acquérir une célébrité telle que son renom, dès l'ouverture du Japon à l'étranger, devait traverser les mers et qu'il reste encore le symbole de la peinture japonaise parmi les amateurs du monde entier.

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Écrit par

  • : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

Classification

Pour citer cet article

Madeleine PAUL-DAVID. KŌRIN OGATA (1658-1716) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • JAPON (Arts et culture) - Les arts

    • Écrit par , , , , , , , , , et
    • 56 170 mots
    • 35 médias
    ...et animé, les larges nappes colorées, qui scandent les compositions, sont tout différents et surprennent par leur modernisme. Un demi-siècle plus tard, Ogata Kōrin (1658-1716) se réclame de Sōtatsu et copie son paravent des Dieux du tonnerre et du vent. Cette copie a moins de grandeur que l'original....
  • KENZAN OGATA (1663-1743)

    • Écrit par
    • 1 305 mots

    L'ère Genroku (1688-1703) vit l'apogée de l'artisanat de Kyōto. La plupart des soieries et des laques y furent fabriqués par les héritiers d'une longue tradition constamment renouvelée par une clientèle au goût raffiné et d'une haute culture. C'est à cette époque que Nonomura Ninsei...

  • LAQUE

    • Écrit par
    • 3 909 mots
    • 5 médias
    ...(1558-1637), associe au maki-e, outre l'argent et la nacre, un élément nouveau, le plomb, dans des compositions en diagonale, hardies et puissantes. Ogata Kōrin (1658-1716), dans un esprit d'invention très personnel, orne ses laques de décors plus schématiques et évocateurs que réalistes, où s'allient...