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GHIAUROV NICOLAI (1929-2004)

Le Bulgare Nicolai Ghiaurov est considéré comme l'une des plus grandes basses du xxe siècle. Avec son compatriote Boris Christoff, il a contribué à bâtir la légende des voix bulgares tout en s'imposant dans le répertoire italien, notamment dans les opéras de Verdi, dont il a marqué les principaux rôles.

Né dans le sud de la Bulgarie, à Lydjene, près de Velimgrad, le 13 septembre 1929, Ghiaurov commence à chanter à l'église locale, où son père est sacristain. Il découvre réellement sa voix pendant son service militaire en faisant travailler un chœur militaire qu'il a formé. Un officier le remarque et le présente à Cristo Brambarov, l'un des principaux chanteurs de l'Opéra de Sofia, également professeur à l'Académie de musique de Sofia. Celui-ci le prend dans sa classe à partir de 1949. Le jeune homme travaille également le piano et le violon ainsi que la composition en privé avec le compositeur aveugle Petko Stainov. Puis il va se perfectionner au Conservatoire Tchaïkovski à Moscou (1950-1955). En 1955, il débute à l'Opéra de Sofia, dans Don Basilio (Le Barbier de Séville de Rossini) et remporte la même année le Concours international de chant de Paris.

Ghiaurov est engagé presque aussitôt par les plus grandes scènes lyriques internationales : en 1957, il chante au Bolchoï de Moscou (Méphistophélès dans Faust de Gounod et Pimène dans Boris Godounov de Moussorgski) et à l'Opéra de Vienne (Ramfis dans Aïda de Verdi), en 1959 à la Scala de Milan (Varlaam dans Boris Godounov), en 1961 aux Arènes de Vérone, en 1962 au Covent Garden de Londres (Padre Guardiano dans La Force du destin de Verdi), en 1963 à l'Opéra de Paris (Philippe II dans Don Carlos) et à l'Opéra de Chicago, en 1965 au Metropolitan Opera de New York (Méphistophélès). Il se fixe en Italie en 1959 et l'essentiel de sa carrière se déroule en Europe occidentale et aux États-Unis. En 1965, au festival de Salzbourg, sous la direction de Herbert von Karajan, il aborde le rôle-titre de Boris Godounov, dont il devient l'un des interprètes historiques après Chaliapine et Boris Christoff. À l'Opéra de Paris, il se produit à nouveau en 1974, dans Don Quichotte de Massenet, en 1975 dans Faust, puis dans Simon Boccanegra de Verdi (Jacopo Fiesco) et en 1978 dans le Couronnement de Poppée de Monteverdi (Sénèque). Après avoir été marié à la pianiste Zlatina Michakova, il épouse en 1981 la sopranoMirella Freni, avec qui il a souvent partagé la scène. Demandé par les plus grands chefs d'orchestre (Karajan, Solti, Giulini, Abbado, Muti, Levine...), il mène une carrière durable grâce à une technique vocale exceptionnelle qui lui permet de chanter encore en 1996 Colline dans La Bohème de Puccini à Turin, pour le centenaire de la création de l'ouvrage, et Sparafucile dans Rigoletto de Verdi pour ses adieux au Met. En une trentaine d'années, Nicolai Ghiaurov aura participé à 81 représentations (dix rôles) sur la première scène lyrique américaine et à 227 spectacles à l'Opéra de Vienne. Quelques mois avant sa disparition, il chantait encore le rôle de ses débuts – Don Basilio – à la Fenice de Venise et Ramfis à l'Opéra de Monte-Carlo. Il meurt à Modène le 2 juin 2004.

Sa voix de basse chantante possédait une puissance et un brillant naturellement adaptés au répertoire russe. Mais le legato et la souplesse de sa technique en ont fait l'une des plus grandes basses verdiennes de son temps. Au fil des années, un certain vibrato avait quelque peu alourdi cette flexibilité exemplaire, mais sa maîtrise musicale lui a toujours permis de tirer le meilleur parti de sa voix à chaque moment de sa carrière. Parmi les autres rôles dans lesquels il s'est imposé figurent Don Giovanni, Zaccaria (Nabucco), le rôle-titre de Mefistofele (Boito), Ivan Khovanski et Dossiféï (Khovanchtchina[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. GHIAUROV NICOLAI (1929-2004) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )