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MOZI [MO-TSEU](env. 479-env. 390 av. J.-C.)

Parfois considéré comme un lointain précurseur du socialisme, Mozi, à la pensée duquel toute réflexion sur la structure individuelle ou collective de la propriété demeure encore entièrement étrangère, fut surtout un pacifiste ardent qui, en vue de débarrasser la société de ses contradictions, songea à réorganiser l'État, de manière assez utopique, sur des principes plus rationnels que ceux de la féodalité familiale instaurée dans la Chine ancienne.

Un plébéien dissident du confucianisme

Des textes assez homogènes par le style et par les idées, recueillis en soixante et onze chapitres dont dix-sept ne subsistent plus que par leurs titres, sont attribués à un certain Mozi (Maître Mo) ou Mo Di, né sans doute à Song vers 479 (année de la mort de Confucius) et qui vécut jusque vers 390.

Le nom de Mo, qui n'est pas un véritable patronyme, désigne le porteur d'un tatouage infamant infligé à certains condamnés réduits de ce fait à la condition servile ; il a été interprété comme une épithète de dérision donnée par les confucianistes à l'initiateur d'une doctrine d'esclave, celui-ci les ayant eux-mêmes brocardés en les traitant de « pédagogues », sens primitif du mot ru communément traduit par « lettrés ».

Quoi qu'il en soit, Maître Mo, dont l'origine plébéienne est impliquée par la privation de véritable nom de famille, s'instruisit d'abord auprès des disciples de Confucius, comme le prouve amplement l'identité des références scripturaires et du fonds conceptuel utilisés de part et d'autre ; mais il entra vite en dissidence, élaborant une doctrine sociale radicale avec laquelle il fit école, premier des idéologues de la Chine ancienne à remettre le confucianisme en question.

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Pour citer cet article

Léon VANDERMEERSCH. MOZI [MO-TSEU] (env. 479-env. 390 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHINE - Histoire jusqu'en 1949

    • Écrit par Jean CHESNEAUX, Jacques GERNET
    • 44 594 mots
    • 50 médias
    Mais le chef d'école qui devait avoir la plus profonde influence à l'époque des Royaumes combattants est Mozi. Issu sans doute de la classe des tout petits nobles, dont la situation n'a cessé de se dégrader depuis le vie siècle, il dénonce l'esprit de clan, les luttes de prestige,...
  • CHINOISE (CIVILISATION) - La littérature

    • Écrit par Paul DEMIÉVILLE, Jean-Pierre DIÉNY, Yves HERVOUET, François JULLIEN, Angel PINO, Isabelle RABUT
    • 47 507 mots
    • 3 médias
    Entre Confucius et l'apogée philosophique et littéraire des environs de l'an 300 avant J.-C. se place Mozi, « maître Mo », lui aussi originaire de la principauté de Lu, qui vécut dans la seconde moitié du ve siècle avant J.-C. Très différents des écrits confucéens, ceux de Mozi traitent...
  • CONFUCIUS & CONFUCIANISME

    • Écrit par ETIEMBLE
    • 14 434 mots
    • 2 médias
    ...dégoût d'un monde atroce, ceux qu'on appellera les taoïstes refuseront toute intervention de l'homme dans le cours naturel des choses ; d'autres, avec Mozi, organiseront une façon de féroce république platonicienne, aussi pacifiste que militarisée, hostile elle aussi aux arts, à la poésie, et qui...
  • MINGJIA [MING-KIA]

    • Écrit par Kristofer SCHIPPER
    • 813 mots

    L'appellation de Mingjia (« École des noms ») fut donnée a posteriori à un mouvement de dialectique et de sophistique de la Chine classique qui, pour être mal connu et pour avoir été apparemment de peu d'ampleur, n'en a pas moins exercé une influence considérable sur le développement de la philosophie...

Voir aussi