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MONDONVILLE JEAN-JOSEPH CASSANÉA DE (1711-1772)

Violoniste virtuose et compositeur, Mondonville tient une place importante dans la musique française du xviiie siècle ; plusieurs de ses innovations méritent d'être signalées. Il naquit à Narbonne où son père était musicien à la cathédrale Saint-Just. Il vint à Paris vers 1731, publia deux recueils de musique instrumentale en 1733 et 1734 (Sonates pour le violon avec basse continue, op. 1 ; Sonates en trio pour deux violons ou flûtes et basse continue, op. 2). Il servit comme premier violon au Concert de Lille, et se mit à composer des motets. Il entra au Concert spirituel en 1734 comme violoniste, puis en 1738 en tant que compositeur. L'année suivante, il est musicien du roi et, en 1740, il occupe les fonctions de sous-maître de la chapelle royale. Ses motets connurent une vogue extraordinaire et restèrent trente ans au répertoire du Concert spirituel, aussi bien les motets pour chœur (Dominus regnavit, Jubilate Deo, Magnus Dominus, Lauda Jerusalem, Cantate Dominum, etc.) que ceux pour soliste (Regina coeli, Simulacra gentium). Dans l'ensemble, Mondonville continue Lalande.

Il écrivit beaucoup pour le théâtre, notamment le ballet héroïque Le Carnaval du Parnasse (1749) et les opéras-ballets, Bacchus et Érigone, Vénus et Adonis, Titon et l'Aurore (1753). Ce dernier opéra, à l'orchestration ingénieuse, connut un succès littéralement prodigieux, en pleine querelle des Bouffons ; il fut soutenu par le roi et par Mme de Pompadour. Ses adversaires pouvaient écrire par exemple : « Jamais le grand Rameau, si supérieur à M. de Mondonville [...], n'a vu dans sa plus grande gloire accueillir ses pièces les plus brillantes avec des transports si outrés » (Lettre sur les Bouffons). Lors de cette fameuse querelle, il est à la tête du parti français. En 1755, et jusqu'en 1762, il dirige l'orchestre du Concert spirituel où il introduit des nouveautés du genre concerto pour orgue, avec le concours de Claude Balbastre (1755) ; cette forme était alors inconnue en France. Il réduit aussi pour orgue ses ouvertures d'opéra (Daphnis et Alcimadure, Titon et l'Aurore) et Balbastre les interprète pour le plus grand plaisir d'un auditoire léger. En 1758, avec Les Israélites à la montagne d'Horeb, qu'il appela « motet français », il passe pour innover (la France avait alors oublié les oratorios latins, et les œuvres de Bach et de Haendel restaient encore inconnues) ; l'année suivante, il écrivit un nouvel oratorio français, Les Fureurs de Saül, ainsi qu'une cantate mythologique, Les Titans, sur un livre de l'abbé de Voisenon. Il fit connaître les symphonies de quelques maîtres étrangers (Ignace Holzbauer, Henri de Croes, Wagenseil, Schencker) ainsi que celles de Gossec. Dans le domaine de la musique instrumentale, comme la vogue des sonates prenait alors son essor, c'est lui qui s'avisa d'abandonner peu ou prou le genre de la sonate en trio et, dès 1734, il publia ses Pièces de clavecin en sonates avec accompagnement de violon ; on constate par le seul énoncé du titre que les rôles sont inversés : le clavecin tient maintenant le devant de la scène. Rameau suivra cet exemple (Pièces de clavecin en concerts), ainsi que Guillemain, voire J. C. Bach, Boccherini, J. F. Edelmann, N. J. Hüllmandel, Schobert, Méhul, Mozart... qui écrivirent selon ce même principe. Armand-Louis Couperin écrivit lui aussi des sonates en pièces de clavecin avec accompagnement de violon ad libitum.

Jean Cassanéa de Mondonville, frère de Jean-Joseph, lui aussi né à Narbonne (1716), fut violoniste et compositeur ; il servit comme musicien du roi et publia Six Sonates à violon seul et basse continue (1767).

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. MONDONVILLE JEAN-JOSEPH CASSANÉA DE (1711-1772) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOUFFONS QUERELLE DES

    • Écrit par Jacques GHEUSI
    • 1 976 mots
    ...soutenaient l'opéra français, tentèrent de lutter en essayant de faire un triomphe, en janvier 1753, à une œuvre lyrique française, Titon et Aurore, de Mondonville ; mais la tentative était mauvaise, car Mondonville est loin d'avoir le génie de Rameau. Cependant, leur influence auprès du roi aboutit en...

Voir aussi