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LOMONOSSOV MIKHAÏL VASSILIEVITCH (1711-1765)

Le savant aux intuitions lumineuses

À Marbourg, Lomonossov avait suivi l'enseignement de Wolff, le philosophe allemand le plus renommé entre Leibniz et Kant. Il en retira le goût d'un savoir à la fois encyclopédique et ordonné, et se montra fidèle à la véritable pensée leibnizienne en écartant les prétentions des purs empiristes : « Ceux qui prétendent tirer la vérité de l'expérience sensible ne ramènent rien d'autre que des sensations particulières, et doivent le plus souvent s'en tenir là... » Dans tous les domaines, Lomonossov a cherché à dénombrer, à mesurer, à substituer le quantitatif au qualitatif, la loi mathématique à la confusion des phénomènes. Ses Éléments de chimie mathématique (Elementy matematičeskoj khimii, 1741) proposent une théorie moléculaire de la matière fort en avance sur son temps. Dans une lettre fameuse à Euler, du 5 juillet 1748, il lui confie sa conviction du rôle joué par l'air dans la combustion du métal, et précise son hostilité à la doctrine régnante du phlogistique dans son Discours sur l'utilité de la chimie (Slovo o pol'ze khimii), prononcé à l'Académie le 6 septembre 1751. Il définit bientôt la chimie physique comme une science « qui explique, par les données théoriques et pratiques de la physique, ce qui se passe dans le domaine chimique des corps composés ». Lorsque I. I. Chouvalov obtint en 1755 l'ouverture de l'université de Moscou, les sciences y dominèrent, sur les conseils de Lomonossov. En physique proprement dite, Lomonossov s'intéressa à la mécanique des solides et des fluides – dans la même lettre à Euler, il formule à partir d'un principe cartésien une loi de conservation de la matière et du mouvement, dont il tira le meilleur parti en chimie – et s'efforça par d'ingénieuses expériences de laboratoire de mettre un peu d'ordre dans la notion très vague de « fluide », qui comprenait alors la chaleur et l'électricité.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Michel CADOT. LOMONOSSOV MIKHAÏL VASSILIEVITCH (1711-1765) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RUSSIE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Michel LESAGE, Roger PORTAL
    • 20 238 mots
    • 29 médias
    ... siècle que la Russie rejoint les États policés de l'Ouest. Une langue littéraire s'est formée, dont les bases grammaticales sont posées par Lomonosov, élève de génie des universités allemandes et type de ces Russes savants qui ont peu à peu refoulé les influences étrangères dans la vie nationale...
  • RUSSIE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Michel AUCOUTURIER, Marie-Christine AUTANT-MATHIEU, Hélène HENRY, Hélène MÉLAT, Georges NIVAT
    • 23 999 mots
    • 7 médias
    ...tonique. Plus généralement, la nouvelle littérature exige la mise au point des normes d'une langue écrite profane nettement distincte du slavon d'église. À cette mise au point, qui se poursuivra jusqu'à Pouchkine, Lomonosov aura apporté une contribution décisive en soulignant, dans son Avant-propos...

Voir aussi