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MICROSONDE ÉLECTRONIQUE

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Les microscopes électroniques modernes ont un pouvoir de résolution (distance minimale séparant deux points vus comme distincts dans l'appareil) de l'ordre de quelques dixièmes de nanomètres. Cependant, l'information ainsi recueillie, information de nature morphologique, n'est souvent utilisable que si elle est accompagnée d'une connaissance de la composition chimique précise de l'échantillon. Ainsi, en biologie, les changements de morphologie d'un tissu sont-ils souvent corrélés à des modifications locales de la distribution des divers éléments chimiques à travers ce tissu ; on conçoit l'intérêt qu'il peut alors y avoir à combiner analyse chimique locale non destructive et visualisation microscopique. De même, en métallurgie et minéralogie, est-il nécessaire de compléter l'observation des précipités vus dans le champ du microscope électronique par l'analyse in situ de leur composition chimique.

L'analyse par microsonde électronique satisfait ce type d'exigences. Malgré des différences minimes, dues à leur spécialisation propre, les divers systèmes fonctionnent tous sur le principe du premier d'entre eux : la microsonde de Castaing et Guinier (1949). L'échantillon à examiner est placé sur la platine d'un microscope électronique où il est bombardé par des électrons de haute énergie, ceux-là mêmes qui constituent le « faisceau ». (On sait qu'un microscope électronique fonctionne sur le même principe qu'un microscope optique ordinaire : le faisceau lumineux y est simplement remplacé par un faisceau d'électrons, lequel subit, à l'intérieur de l'appareil, le même type de réfractions et convergences qu'un faisceau de lumière à travers l'optique d'un microscope ordinaire.) Ces électrons, parce qu'ils ont une énergie élevée, traversent l'échantillon en y produisant un certain nombre de modifications ; l'une des plus importantes consiste en une émission de rayons X : un électron du faisceau incident est susceptible, lorsqu'il heurte l'un des atomes de l'échantillon, d'en extraire un électron appartenant aux couches profondes (très fortement lié au noyau) ; le réarrangement des électrons atomiques qui s'ensuit se traduit par une émission de rayons X (c'est-à-dire de photons d'énergie élevée), dont la longueur d'onde (ou, ce qui revient au même, la fréquence) est caractéristique de l'atome émetteur.

L'analyse par microsonde électronique consiste donc à recueillir les rayons X émis lors du « balayage » de l'échantillon par le faisceau d'électrons incidents par les atomes de ce même échantillon et à analyser leur composition spectrale (c'est-à-dire leur composition en longueur d'onde), enfin à en déduire la nature des éléments chimiques qui les ont produits.

La précision spatiale de cette analyse dépend évidemment de la finesse du pinceau d'électrons avec lequel on effectue le balayage : plus ce pinceau est fin, plus il est possible de localiser les atomes émetteurs, meilleur est le sondage. De fait — et bien que les premières sondes aient été conçues pour examiner des échantillons relativement épais —, on travaille aujourd'hui sur des échantillons amincis au préalable ; outre qu'elle réduit l'indétermination sur la localisation des atomes émetteurs, cette technique permet également d'utiliser, pour la visualisation de l'échantillon, la technique de microscopie électronique dite par transmission, particulièrement performante. Les sondes permettent de localiser et d'analyser des éléments inclus dans un échantillon avec une précision qui est de l'ordre du nanomètre, autrement dit de l'ordre de quelques distances interatomiques.

— Françoise BALIBAR

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Pour citer cet article

Françoise BALIBAR. MICROSONDE ÉLECTRONIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Autres références

  • MÉTALLOGRAPHIE - Essais non destructifs

    • Écrit par , et
    • 6 763 mots
    • 4 médias
    La composition spectrale du rayonnement X émis par un tube à rayons X dépend de la nature de son anticathode. Chaque élément émet un spectre, qui contient un fond continu dont l'intensité varie lentement avec la longueur d'onde (cf. optique cristalline - Diffraction par les cristaux),...
  • MICROSCOPIE

    • Écrit par , , , , , et
    • 19 708 mots
    • 15 médias
    ...longueur d'onde des rayons X émis par le solide soumis à l'impact du faisceau d'électrons primaires. Le prototype des instruments de ce type est la microsonde construite par Raimond Castaing en 1951 à l'O.N.E.R.A., dans laquelle un spectrographe classique à cristal analyse les photons X provenant d'une...
  • OPTIQUE CRISTALLINE - Diffraction par les cristaux

    • Écrit par
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    • 18 médias
    Le principe de la génération des rayons X et de la diffraction sélective de Bragg est utilisé dans un appareil appelé microsonde électronique pour faire l'analyse chimique qualitative et quantitative d'un échantillon. Un pinceau d'électrons focalisé au moyen de lentilles électromagnétiques est...
  • RAMAN EFFET

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    ...dont les dimensions, limitées par la diffraction de la lumière, sont inférieures au micromètre. Cet instrument, décrit pour la première fois en 1974, a pris le nom de microsonde Raman, par analogie avec lesmicrosondes électroniques ou ioniques développées par Raimond Castaing et Georges Slodzian.