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DUVERGER MAURICE (1917-2014)

Universitaire et journaliste, spécialiste de droit constitutionnel et de science politique, Maurice Duverger a occupé une place de premier plan dans le mondeintellectuel français de la fin des années 1940 au début des années 1990. Son seul mandat électif fut celui de député européen (élu sur la liste du Parti communiste italien, il siégea au Parlement de 1989 à 1994), mais sa participation à la vie politique française fut celle d’un homme d’influence.

Né le 5 juin 1917 à Angoulême, Maurice Duverger achève ses études de droit à Bordeaux par une thèse très classique sur LAffectation des immeubles domaniaux aux services publics et par l’agrégation de droit public (1942). Tout à la fois professeur de droit (à Bordeaux, en 1943, puis à Paris, en 1955) et politiste avant la lettre, il devient dès la fin des années 1940 un des grands noms de cette nouvelle branche du savoir qu’est la science politique. Les premières lignes de son Manuel de droit constitutionnel et de science politique (1re éd. coll. Thémis, P.U.F., 1948) mettent en valeur ce qui sera sa ligne directrice permanente : « Insister sur l’aspect politique des problèmes constitutionnels et surtout l’envisager sous un angle scientifique. »

Maurice Duverger est, à cette époque fondatrice, très présent dans les congrès français et internationaux. Il participe activement à la fondation de l’Association française de science politique et aux premiers numéros de la Revue française de science politique. C’est en 1951 qu’il publie la première édition de l’ouvrage qui restera son livre amiral : Les Partis politiques. Traduite en plus de dix langues, ce qui est exceptionnel pour un ouvrage de sciences sociales écrit en français, constamment rééditée en France (chez Armand Colin puis, à partir de 1981, en édition de poche dans la collection Points, au Seuil), cette étude demeure le livre de chevet de tous ceux qui s’intéressent à cette réalité première de la vie politique. L’auteur y dresse en effet une typologie des partis, distinguant les partis de masse, qu’ils soient d’extrême gauche ou d’extrême droite, et les partis de cadre. Dans cette France de la IVe République, les deux exemples les plus significatifs sont le Parti communiste, premier parti de France après la guerre, et le Parti républicain radical et radical-socialiste, issu des comités radicaux de la fin du xixe siècle.

Maurice Duverger ajoutera un deuxième fleuron à sa couronne de pédagogue en caractérisant brillamment les lois électorales et leurs différences profondes, entre scrutins majoritaires et proportionnels : les premiers poussent à la simplification, les seconds à l’éparpillement. Plus de cinquante ans après leur formulation, ces analyses sont devenues tellement classiques que nul ne peut aborder les thèmes de la conquête et de l’exercice du pouvoir politique sans s’y référer

En revanche, ses perceptions de la Constitution de 1958 et de la Ve République n’auront pas le même écho. Peu sensible à la restauration de l’État inscrite dans le texte de 1958, il considère celui-ci comme s’inscrivant plutôt dans la tradition orléaniste, un véritable repoussoir pour la doctrine traditionnelle, qu’elle soit universitaire ou politique. Dès 1961, il publie La VIe République et le régime présidentiel (Fayard), ouvrant ainsi la voie à un débat dont la conclusion n’est pas encore venue. Sa construction en faveur d’une catégorie de régimes politiques dits « semi-présidentiels » donnera lieu à de nombreuses controverses, mais ne sera finalement guère endossée par les autres analystes.

Plus de mille articles dans Le Monde, depuis le 22 août 1946, sans compter ses contributions à d’autres publications (dont l’EncyclopædiaUniversalis, pour laquelle il écrit les articles « Dictature » et « Pierre Mendès-France »), ses débats à la télévision avec Léo Hamon,[...]

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Écrit par

  • : ancien conseiller d'État, ancien président du tribunal constitutionnel d'Andorre, président émérite de l'Association internationale de droit constitutionnel

Classification

Pour citer cet article

Didier MAUS. DUVERGER MAURICE (1917-2014) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PARTIS POLITIQUES - Théorie

    • Écrit par Michel OFFERLÉ
    • 7 117 mots
    ...scrutin et leurs dépendances, taille des circonscriptions, seuils et barres d'accès aux seconds tours ou à la répartition des sièges, découpages...). Le débat s'est enclenché autour de la formule de Duverger proposé en 1951 : le scrutin majoritaire à un tour favorise le bipartisme à « grands partis...
  • POLITIQUE - La sociologie politique

    • Écrit par Delphine DULONG
    • 1 399 mots
    ...concurrents les plus directs dans la compétition saturée des postes universitaires. La connaissance des déterminants sociaux du vote y gagnera énormément. Mais il suffit de voir que le manuel de Sociologie politique que Maurice Duverger publie en 1966 puise principalement ses références dans les travaux anglo-saxons...
  • POLITIQUE - La science politique

    • Écrit par Marcel PRÉLOT
    • 7 877 mots
    ...du pouvoir reviennent à la notion de la science politique comme science de l'État. L'un des disciples les plus déterminés de la conception américaine, Maurice Duverger, le constatait déjà en 1964 dans son Introduction à la politique : « Même ceux qui définissent la politique comme la science du pouvoir...

Voir aussi