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BARNEY MATTHEW (1965- )

L'expositionThe Cremaster Cycle, consacrée à l'artiste américain Matthew Barney et organisée par le Solomon R. Guggenheim Museum à New York, a d'abord été présentée au Museum Ludwig à Cologne, puis au musée d'Art moderne de la Ville de Paris en 2002-2003, permettant la projection à Paris, dans les salles du cinéma MK2 Beaubourg, de ses cinq films Cremaster. Le dernier, Cremaster 3, s'ouvre sur une citation de l'entraîneur de football américain Vince Lombardi, rappelant à ses joueurs que « le caractère, c'est l'intégration d'habitudes de conduite imposées par le tempérament. C'est la volonté appliquée à l'aptitude, à la pensée, à l'émotion et à l'action. La volonté, c'est le caractère en action ».

Un parcours sans faute

Né en 1965 à San Francisco, élevé dans l'Idaho, formé à l'université Yale à New Haven, Matthew Barney, athlète de haut niveau, se fait connaître en 1991 lors de sa première exposition personnelle à la galerie Barbara Gladstone à New York. Il la transforme en salle de sport et en chambre froide (Transexualis), aux murs et au plafond percés de harnais auxquels l'artiste, à moitié nu, s'agrippe (Blind Perineum), afin de se mouvoir dans l'espace. Matthew Barney est alors âgé de vingt-quatre ans à peine. Face à cet univers étrange, qui relève de la performance, de la violence et de la sexualité, le public est véritablement troublé.

Mais déjà les principales obsessions de l'artiste sont posées : le façonnage du corps, par le sport ou par la chirurgie esthétique, le dépassement de soi, la mutation, l'énergie, l'indifférenciation sexuelle, la volonté et le narcissisme. Ses matériaux de prédilection apparaissent aussi : la vaseline, molle ou congelée (sujet principal de son film DR9 - Drawing restraint 9, 2006), le Teflon autolubrifiant, et enfin le corps (les orifices notamment) – celui de l'artiste.

Dès lors, celui-ci – qui se considère, à juste titre, comme un sculpteur – est rattaché à la tendance dite « performative », laquelle, par le biais d'une œuvre sophistiquée mêlant cinéma, musique et sculpture, cherche à inventer un nouvel humanisme. Marqué par le cinéma de Stanley Kubrick, les films d'horreur, les comédies musicales et les premières performances de Vito Acconci, l'artiste fait ainsi la synthèse de plusieurs siècles d'histoire, de la mythologie au maniérisme et jusqu'au surréalisme, pour conclure avec Joseph Beuys et Richard Serra.

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Écrit par

  • : conservateur du Patrimoine, inspectrice de la création artistique, direction générale des créations, ministère de la Culture et de la communication

Classification

Pour citer cet article

Caroline CROS. BARNEY MATTHEW (1965- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BODY ART

    • Écrit par Anne TRONCHE
    • 4 586 mots
    • 1 média
    Les corps corrigés deMatthew Barney utilisent aussi bien les parures, les maquillages propres au cinéma fantastique que des accessoires donnant à ses performances comme à ses mises en scène cinématographiques l'ambiance d'une fable ou d'une épopée mythologique. Ses faunes travaillés par la musculation,...
  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...vidéo) et s'appuient sur une multiplicité de propositions et de médiums qui relèvent de conceptions hybrides et métissées – à l'image de l'inclassable cycle des Cremaster de Matthew Barney. La désagrégation des différents récits qui avaient forgé l'histoire de l'art américain au tournant de la Seconde Guerre...
  • VIDÉO ART

    • Écrit par Rosalind KRAUSS, Jacinto LAGEIRA, Bénédicte RAMADE
    • 5 807 mots
    Si Pierre Huyghe tourne avec des moyens proches du cinéma, certains artistes, à l'instar de Matthew Barney avec son cycle Cremaster (commencé en 1997), ont franchi le pas et produit des films au sein de cette industrie. La diffusion de tels objets cinématographiques passe des salles obscures aux musées,...

Voir aussi