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KING MARTIN LUTHER (1929-1968)

La Southern Christian Leadership Conference

Conscient qu'un mouvement de masse est nécessaire pour exploiter la réussite de Montgomery, King fonde la Southern Christian Leadership Conference (S.C.L.C.). Cette organisation lui sert de base pour agir dans le Sud, mais aussi de plate-forme d'expression nationale. King donne des conférences dans tout le pays et discute des questions raciales avec les dirigeants des associations de défense des droits civiques et les autorités religieuses aux États-Unis comme à l'étranger. En février 1959, il est chaleureusement reçu, avec d'autres membres de son organisation, par le Premier ministre indien, Jawaharlal Nehru. Après une brève discussion avec les partisans de Gandhi sur le concept de désobéissance civile (satyāgraha) que ce dernier a développé, King est de plus en plus convaincu que la résistance non violente est l'arme la plus puissante dont les peuples opprimés disposent dans leur lutte pour la liberté. Il trouve également son inspiration dans les luttes anticoloniales d'Afrique.

En 1960, il s'installe dans sa ville natale, à Atlanta, où il devient pasteur de l'église baptiste Ebenezer, au côté de son père. Il consacre alors la majeure partie de son temps à la S.C.L.C. et au mouvement pour les droits civiques, déclarant que « le moment psychologique est venu où une initiative ciblée sur l'injustice peut apporter des résultats tangibles et importants ». Cette analyse est bientôt testée lorsqu'il accepte de soutenir les sit-in organisés localement par des étudiants noirs. À la fin du mois d'octobre 1960, il est arrêté avec trente-trois jeunes manifestants contre la ségrégation dans la cafétéria d'un grand magasin d'Atlanta. Les charges pesant contre lui sont abandonnées, mais King est envoyé au pénitencier d'État de Reidsville sous prétexte d'avoir commis, quelques mois plus tôt, une infraction mineure au code de la route pendant sa période probatoire. L'affaire prend des proportions nationales, en raison des craintes pour sa sécurité en prison, des violations grossières de la législation de Georgie et de l'absence d'intervention du président Eisenhower. King est finalement relâché grâce à la seule intervention du candidat démocrate à la présidence, John F. Kennedy, une action si médiatisée qu'elle semble avoir largement contribuer à la victoire, à une très faible majorité, de Kennedy huit jours plus tard.

De 1960 à 1965, l'influence du pasteur d'Atlanta est à son apogée. Élégant, éloquent et déterminé, il captive l'attention des médias, en particulier de la télévision, nouveau vecteur d'information de masse. Il l'utilise pour faire passer la cause des droits civiques au plan national, puis international, tandis que ses méthodes de non-violence active (sit-in, marches de protestation) largement médiatisées remportent l'adhésion fervente de nombreux Noirs et Blancs libéraux dans tout le pays ainsi que le soutien du gouvernement de John Kennedy, puis de Lyndon Johnson. Mais le mouvement connaît aussi des échecs, comme à Albany (Georgie) en 1961-1962, où il ne parvient pas à obtenir l'interdiction de la ségrégation dans les jardins et autres lieux publics.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire à l'université de Rutgers, New Jersey

Classification

Pour citer cet article

David L. LEWIS. KING MARTIN LUTHER (1929-1968) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Martin Luther King, 1963 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Martin Luther King, 1963

Strong and Silent, E. Haas - crédits : Ernst Haas/ Getty Images

Strong and Silent, E. Haas

Marche pour les droits civiques, 1963 - crédits : National Archives

Marche pour les droits civiques, 1963

Autres références

  • BOYCOTTAGE

    • Écrit par Universalis, Berthold GOLDMAN
    • 4 926 mots
    • 1 média
    ...lança en 1920 une campagne de boycott des produits textiles britanniques. Instrument parfaitement licite et efficace à condition d'être massivement suivi, le boycott est repris par Martin Luther King dès la naissance du mouvement des droits civiques aux États-Unis, lorsqu'il appelle en décembre 1955 au boycott...
  • DÉSOBÉISSANCE CIVILE

    • Écrit par Christian MELLON
    • 2 261 mots
    • 2 médias
    ...Quant à la distinction entre désobéissance civile directe et désobéissance civile indirecte, on peut aisément l'illustrer par deux exemples concrets. Quand le mouvement des droits civiques de Martin Luther King, considérant comme injuste la loi qui interdit aux Noirs de fréquenter les mêmes restaurants...
  • MARCHE POUR LES DROITS CIVIQUES (28 août 1963)

    • Écrit par Christian HERMANSEN
    • 290 mots
    • 1 média

    Réunissant plus de 200 000 personnes, la « marche sur Washington pour l'emploi et la liberté » du 28 août 1963, appelée en France « marche pour les droits civiques », marque l'apogée du mouvement non violent pour les droits civiques des Noirs, cent ans après leur émancipation par ...

  • NICKEL BOYS (C. Whitehead) - Fiche de lecture

    • Écrit par Liliane KERJAN
    • 968 mots
    ...enfance pauvre chez Harriet, sa grand-mère, Elwood, élève brillant, sensible aux livres et aux textes, écoute les propos de James Baldwin, la voix de Martin Luther King, notamment son discours de 1959 sur l’intégration des enfants dans les écoles et sa « Lettre de la prison de Birmingham » de 1963. À...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi