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WITTGENSTEIN LUDWIG (1889-1951)

Wittgenstein - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Wittgenstein

Étudiant puis ami de Russell, Wittgenstein publie en 1921 son Tractatus logico-philosophicus (Traité logico-philosophique). Il y expose, en soixante-quinze pages d'aphorismes, que le seul usage correct du langage est d'exprimer les faits du monde, que les règles a priori de ce langage constituent la logique (telle que l'ont conçue Frege et Russell), que le sens éthique et esthétique du monde relève de l'indicible et que la philosophie, dans son effort pour montrer les pièges du langage, se condamne finalement elle-même au silence.

Jusqu'en 1929, Wittgenstein conforme sa vie à cette conclusion. Puis il accepte de revenir à Cambridge et d'y enseigner. Il prépare alors, à travers de nombreux essais, un ensemble de remarques intitulé Philosophische Untersuchungen (Investigations philosophiques), dont le texte est à peu près achevé lorsqu'il meurt. Il y reprend l'idée d'une élucidation du langage, examinant cette fois le langage usuel pour y chercher le statut et les conditions de la signification des mots, qui en constituent la « grammaire philosophique ».

L'influence de Wittgenstein s'est rapidement répandue dans les pays de langue anglaise ; elle gagne aujourd'hui en extension sinon en profondeur, le langage étant devenu un thème philosophique majeur. Elle a eu une action décisive sur les philosophes du cercle de Vienne, dans les années 1930, et sur ceux de l'école analytique, dans les années 1950, sans que Wittgenstein se soit jamais reconnu dans les œuvres d'aucun d'entre eux.

L'auteur du « Tractatus » et des « Investigations philosophiques »

Ludwig Wittgenstein - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Ludwig Wittgenstein

Né à Vienne, d'un père industriel, Ludwig Joseph Johann Wittgenstein entre en 1906 à la Technische Hochschule de Berlin, puis en 1908 à l'université de Manchester, pour s'y spécialiser en aéronautique ; mais son intérêt passe bientôt des problèmes techniques à la question du fondement des mathématiques. Il visite alors Frege à Iéna et, sur son conseil, s'inscrit au cours de Bertrand Russell à Cambridge (1912-1913).

Réformé en 1914, il s'engage cependant dans l'armée autrichienne et, fait prisonnier par les Italiens en novembre 1918, ne rentre en Autriche qu'en août 1919. Il a rédigé alors le Tractatus logico-philosophicus, qu'il a communiqué à Russell et à Frege.

Mais, abandonnant la fortune héritée en 1913 à la mort de son père et renonçant à l'enseignement universitaire, il entreprend une carrière d'instituteur de campagne (1919-1926), puis se consacre pendant deux ans à la construction d'une maison, à Vienne, pour l'une de ses sœurs.

Ce n'est qu'en 1929 qu'il accepte de retourner à Cambridge où il reçoit le grade de docteur pour son Tractatus, publié en allemand en 1921, puis accompagné d'une traduction anglaise en 1922. Il y enseigne jusqu'en 1939 comme fellow à Trinity College, avec une interruption d'une année, pendant laquelle il séjourne dans la cabane solitaire qu'il s'est construite en Norvège (1936). Quand il est appelé à succéder à Moore en 1939, la guerre éclate ; devenu citoyen britannique, il est alors mobilisé dans les services de santé à Londres. Il retourne à Cambridge après la guerre mais démissionne en 1947, puis passe son temps entre l'Irlande, Oxford et Cambridge. Atteint d'un cancer incurable, il s'installe en 1951 chez son médecin de Cambridge, pour y mourir.

Il laissait un seul manuscrit prêt pour l'édition, les Investigations philosophiques, qui furent publiées peu après sa mort en 1953, avec une traduction anglaise. Mais son influence s'était profondément exercée sur ceux qui l'avaient fréquenté, et un opus posthumum très volumineux allait être progressivement publié.

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Pour citer cet article

Jean-Pierre COMETTI et Gilles Gaston GRANGER. WITTGENSTEIN LUDWIG (1889-1951) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Wittgenstein - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Wittgenstein

Ludwig Wittgenstein - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Ludwig Wittgenstein

Ludwig Wittgenstein - crédits : The Granger Collection, New York

Ludwig Wittgenstein

Autres références

  • INVESTIGATIONS PHILOSOPHIQUES, Ludwig Wittgenstein - Fiche de lecture

    • Écrit par Jean-Pierre COMETTI
    • 1 008 mots
    • 1 média

    Les Investigations philosophiques ont été publiées en 1953, peu après la mort de Ludwig Wittgenstein (1889-1951), à partir de deux manuscrits que l'auteur avait laissés dans un état inégal d'élaboration, et qui en forment les deux parties. À la différence du Tractatus logico-philosophicus...

  • TRACTATUS LOGICO-PHILOSOPHICUS, Ludwig Wittgenstein - Fiche de lecture

    • Écrit par Jean-Pierre COMETTI
    • 918 mots
    • 1 média

    Le Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein (1880-1951) a été publié pour la première fois sous le titre « Logisch-philosophischen Abhandlung » en 1921, dans les Annalen der Naturphilosophie. Il a été suivi, en 1922, d’une édition en anglais, sous le titre suggéré par G. E. Moore....

  • ANSCOMBE ELIZABETH (1919-2001)

    • Écrit par Universalis
    • 434 mots

    La philosophe britannique Elizabeth Anscombe, proche de Ludwig Wittgenstein, fut, avec Georg Henrik von Wright, l'exécutrice testamentaire de son œuvre. Ses idées personnelles exercèrent par ailleurs une certaine influence dans les cercles philosophiques.

    Née le 18 mars 1919 à Limerick, en...

  • BOUVERESSE JACQUES (1940-2021)

    • Écrit par Christiane CHAUVIRÉ
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    • 1 média

    Figure majeure de la philosophie française, Jacques Bouveresse est né le 20 août 1940 à Epenoy, un village des hauts plateaux du Doubs. On lui doit une œuvre abondante – quinze ouvrages en dix-huit ans –, surtout consacrée au grand philosophe austro-anglais Ludwig Wittgenstein, mais aussi...

  • CAVELL STANLEY (1926-2018)

    • Écrit par Sandra LAUGIER
    • 1 165 mots
    • 1 média

    Né 1er septembre 1926 à Atlanta (Georgie), Stanley Cavell, après avoir étudié et enseigné à Harvard et à Berkeley, est devenu professeur à Harvard University, où s'est déroulée toute sa carrière. Il représente, par sa revendication d'une voix philosophique de l'Amérique, un courant tout à fait original...

  • COMETTI JEAN-PIERRE (1944-2016)

    • Écrit par Jacques MORIZOT
    • 900 mots

    Né à Marseille le 22 mai 1944, fils d’émigrés italiens, Jean-Pierre Cometti a d’abord été un guitariste de jazz. Il entreprend assez tardivement des études de philosophie, avant d’enseigner dans des lycées, en France, notamment à Millau, et surtout à l’étranger, au Maroc, en Allemagne et...

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