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POPP LUCIA (1939-1993)

La voix de soprano coloratura de Lucia Popp ainsi que sa pureté stylistique ont marqué le rôle de la Reine de la nuit (La Flûte enchantée), dont elle fut l'une des titulaires les plus importantes à l'Opéra de Vienne.

Née à Uhoršká Veš, près de Bratislava (Slovaquie), elle entreprend des études médicales tout en travaillant le chant avec Anna Prosenč-Hřusková à l'Académie de musique de la capitale slovaque (1959-1963). Elle débute en 1963 à l'Opéra de Bratislava dans la Reine de la nuit. La même année, elle quitte son pays natal et s'installe à Vienne, où elle débute au théâtre An der Wien dans Barberine (Les Noces de Figaro). Elle est aussitôt engagée à l'Opéra de Vienne, où elle chante Papagena (La Flûte enchantée). Puis elle incarne la Première Dame avant de triompher dans la Reine de la nuit ; on lui confie ensuite les rôles de Constance (L'Enlèvement au sérail) et de Zerbinette (Ariane à Naxos). Elle est invitée au Covent Garden de Londres (Oscar dans Un bal masqué, 1966), à l'Opéra de Cologne (1967), à celui de Prague... En 1967, elle débute au Metropolitan Opera de New York dans la Reine de la nuit. Puis elle aborde des rôles lyriques : Sophie (Le Chevalier à la rose), Pamina au festival de Salzbourg et Suzanne, qu'elle chante dans la production des Noces de Figaro pour les débuts du règne de Rolf Liebermann à l'Opéra de Paris (1973). En 1977-1978, elle est l'une des principales protagonistes du fameux cycle Mozart de l'Opéra de Cologne. En 1978, l'Opéra de Vienne lui décerne le titre de Kammersängerin. L'évolution de sa voix la mène vers des rôles straussiens plus dramatiques comme la Maréchale, Arabella (Covent Garden, 1986) ou Daphné, tout en continuant à chanter le répertoire mozartien ; à partir de 1980, elle abandonne les soubrettes pour incarner la Comtesse des Noces de Figaro, qu'elle chante à l'Opéra de Paris en 1990. L'un de ses derniers triomphes à la scène est Eva des Maîtres chanteurs (Mai musical florentin, 1986, Châtelet et Munich, 1990). Elle chante également l'opérette viennoise (Adèle et Rosalinde dans La Chauve-Souris de Johann Strauss) et fait quelques incursions dans le répertoire italien (Rigoletto, La Bohème). Atteinte d'un cancer, elle meurt à Vienne, le 16 novembre 1993.

La souplesse de sa voix, la pureté de son timbre, qu'elle avait conservé dans la dernière partie de sa carrière lorsqu'elle chantait des rôles dramatiques, en avaient fait l'une des chanteuses que réclamaient le plus volontiers les grands chefs viennois, de Böhm à Karajan, de Krips à Carlos Kleiber. Son aigu, exceptionnellement facile, n'était pas celui de certains « rossignols » généralement tournés vers la virtuosité. Elle possédait un velouté qui explique l'évolution d'une voix qu'elle avait su ménager, et nombreux sont les ouvrages dont elle a chanté plusieurs rôles à diverses époques de sa vie (Les Noces de Figaro, La Flûte enchantée, Le Chevalier à la rose). Parallèlement, son approche dramatique connaissait une évolution analogue. Elle a également mené une importante carrière de concertiste, notamment dans le domaine du lied. Elle reste l'un des exemples parfaits, au même titre que Rita Streich, du grand art vocal viennois.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. POPP LUCIA (1939-1993) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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