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LOUIS XIV (1638-1715) roi de France (1643-1715)

Trente années difficiles (1684-1715)

De part et d'autre de 1700

On établit parfois une opposition entre une période de succès (1661-1684) et un long déclin, de 1685 à la mort du roi, le temps des deux grandes guerres de coalition : celles de la ligue d'Augsbourg (la guerre de Neuf Ans des historiens anglais, 1688-1697) et de la Succession d'Espagne. Deux guerres très longues, en effet, coïncidant avec des pointes de détresse économique (famines de 1693 et 1709) et comportant des revers militaires encore jamais vus. La politique extérieure a suscité des complications immenses et vraiment superflues pour un pays dont la vie générale était difficile, mais les deux guerres ont trop accaparé l'attention et fait oublier qu'on ne peut interpréter par un constant déclin la vie de la nation pendant ces trente ans que divise en parts égales la date charnière de 1700, passage du xviie au xviiie siècle.

La vie privée de Louis XIV avait été longtemps scandaleuse. S'il n'accordait à ses maîtresses aucun rôle politique, il les laissait paraître à la cour plus reines que la reine, surtout Mme de Montespan, et, après avoir dissimulé quelques années ses bâtards, il les fit légitimer par le parlement de Paris, dota les fils de titres princiers et maria les filles avec des princes de sang. À la mort de la reine (1683), il contracta un mariage secret avec la marquise de Maintenon, qu'il laissa prendre sur les affaires générales une influence discrète, mais efficace, de conseillère. La cour parut plus grave, malgré les contradictions entre la dévotion et le dérèglement des mœurs. Contemporains et historiens on fait porter à Mme de Maintenon la responsabilité de toutes les mesures fâcheuses : c'est exagérer de beaucoup son rôle. Si les plaisirs de Versailles ne furent plus ceux du début du règne, on ne peut parler d'un déclin de la civilisation française. Le roi continue à embellir et transformer Versailles, Trianon, Marly ; on joue les opéras de Lulli, les œuvres de musique religieuse et profane se multiplient. L'art décoratif évolue avec Bérain, la sculpture se renouvelle avec Coysevox, la peinture avec Largillière et les débats de l'Académie sur le coloris et le dessin ; l'urbanisme accomplit des réussites à Paris et en province ; on ne saurait oublier l'essor des arts provinciaux et populaires, le grand nombre de retables qui ornent les églises, mêmes les paroissiales de campagne, l'imagerie et la faïencerie. La littérature produit des chefs-d'œuvre, des Caractères de La Bruyère à l'Athalie de Racine. Mais un nouvel esprit, plus critique, apparaît. Un plus grand nombre de gens savent lire et écrire, prennent goût aux ouvrages de religion, de jurisprudence et d'histoire. C'est le temps du Dictionnaire de Bayle, du Détail de la France de Boisguillebert, du Projet d'une dîme royale de Vauban. L'intérêt augmente pour les sciences, les voyages, les peuples étrangers. À un rythme lent, mais soutenu, les promotions sociales s'accomplissent dans les familles du peuple et de bourgeoisie. L'élite s'est élargie et nuancée. Enfin, les signes ne manquent pas, à Paris et dans plusieurs provinces, d'un progrès économique, mais fragile et qui retombe, très vite, sous l'influence des guerres et des charges fiscales.

<it>Louis XIV</it>, A. Coysevox - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Louis XIV, A. Coysevox

Tombeau de Mazarin, A. Coysevox - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Tombeau de Mazarin, A. Coysevox

Louis XIV n'est pas vraiment populaire, à la manière des enthousiasmes modernes, mais il demeure le roi et, en dehors des polémistes, l'opinion l'identifie toujours à la France.

La guerre de la ligue d'Augsbourg

La guerre de la ligue d'Augsbourg est sortie de l'impatience de Louis XIV à transformer en paix définitive les trèves de Ratisbonne et de sa crainte de voir l'empereur et l'Empire se retourner contre la France dès que serait terminée la guerre contre les Turcs (reprise de Bude en 1686, de Belgrade en 1688).[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Victor-Lucien TAPIÉ. LOUIS XIV (1638-1715) roi de France (1643-1715) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1600 à 1700. Les nouveaux conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

1600 à 1700. Les nouveaux conquérants

Louis XIV, roi de France, H. Rigaud - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Louis XIV, roi de France, H. Rigaud

Anne d'Autriche (1601-1666) - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Anne d'Autriche (1601-1666)

Autres références

  • FRANCE : LA POLITIQUE D'EXPANSION SOUS LOUIS XIV - (repères chronologiques)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 267 mots

    1643 Louis XIV, âgé de quatre ans, succède à son père, Louis XIII

    1648 Traités de Westphalie. La France, garante de la paix, obtient la Haute-Alsace et les Trois-Évêchés (Toul, Metz et Verdun).

    1659 Paix des Pyrénées avec l'Espagne, qui cède l'Artois et le Roussillon.

    1661 ...

  • ABSOLUTISME

    • Écrit par Jacques ELLUL
    • 4 286 mots
    La conception de Louis XIV est tout à fait inspirée de celle de Richelieu ; toutefois, dans l'application pratique, elle s'en distingue par une assez grande différence : Richelieu met au point un absolutisme du ministériat, Louis XIV un absolutisme personnel du roi. Richelieu pense que le roi, incarnation...
  • ACADÉMIES

    • Écrit par Nathalie HEINICH
    • 5 952 mots
    ...1635, marque dans le domaine littéraire le départ d'une série d'académies royales créées sur ce même modèle dans les dix premières années du siècle de Louis XIV : l'Académie royale de peinture et de sculpture, fondée sous Mazarin en 1648 mais officiellement protégée et pensionnée à partir de 1661 ; l'Académie...
  • ARTILLERIE (HISTOIRE DE L')

    • Écrit par M. SCHMAUTZ
    • 6 783 mots
    • 6 médias
    En 1679, Louis XIV, colonel honoraire du régiment royal de l'artillerie, fait à nouveau ramener les calibres à 6 :
  • ANNEXION DE STRASBOURG PAR LOUIS XIV

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 215 mots
    • 1 média

    L'annexion de Strasbourg, le 30 septembre 1681, suivie de l'entrée solennelle de Louis XIV et de Marie-Thérèse dans la ville soumise, le 23 octobre, marque l'apogée de la puissance du Roi-Soleil en Europe. Elle s'inscrit dans la politique des réunions (1679-1684), inaugurée à la suite de...

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Voir aussi